Voeux de Carole Delga : “Notre priorité, la souveraineté régionale face à la crise…”

Photo : Arthur Perset.

De nombreux projets pour cette année 2022 et un coup de gueule à propos du “niveau lamentable des débats de la présidentielle” et la division dans son camp qui “désespère toute la gauche”… Un manque de… souveraineté…

“La question de la souveraineté est notre priorité pour retrouver de la liberté  ; pour de la puissance, du pouvoir d’achat ; pour être maître de son destin ; être moins dépendant (…) Pour une chance de mieux vivre. Pour l’emploi et le travail. Quand je vais sur le terrain, ce que j’entends parmi les préoccupations, ce n’est pas la présidentielle, c’est la volonté d’avoir un revenu digne, un meilleur pouvoir d’achat et un pouvoir de vivre ; et aussi un meilleur accès à la santé…”

Pouvoir d’achat, santé, alimentation, souveraineté économique, lutte contre le réchauffement climatique… Lors de ses voeux à la presse, ce mardi 11 janvier, Carole Delga, présidente PS de la Région Occitanie a décliné cette question centrale en fil rouge de l’action de la Région Occitanie pour 2022 à travers de grands projets.

Des fonds régionaux pour relocaliser l’économie

Carole Delga. Ph : O.SC.

Souveraineté économique. “Il y a deux ans, nous avions constitué un fonds de 150 M€ qui a eu beaucoup de succès.” Il a servi à cofinancer une usine d’hydrogène décarbonné, Genvia, à Béziers (un enjeu de 500 emplois locaux et une “gigafactory” d’ici 2025) ; le projet Phénix de batteries de stockage d’électricité, y compris solaire ou issue d’éoliennes la SNAM à Decazeville (Aveyron) ; un abattoir aidé en Aveyron, là aussi comme la vélo factory à l’Isle Jourdain (Gers).

“À Nîmes, nous avons aussi participé au cofinancement d’une plate-forme de financement à hauteur de 1 M€ pour 30 emplois créés ; au final, nous avons soutenu 14 projets, comme également les espadrilles Payotes dans les P.-O.”, a résumé Carole Delga. “Nous avons décidé de créer une autre “brique” de 50 M€ pour atteindre 200 M€ et être pleinement opérationnel.” 40 à 50 projets pourraient être ainsi accompagnés et voir le jour permettant de créer ou de sauvegarder jusqu’à 4 000 emplois. La présidente a complété par l’annonce d’un “fonds de transition énergétique en cours de création, de 200 M€ également, qui attend les autorisations de l’AMF, pour courant 2022, d’ici trois à quatre mois sans doute.”

Lutter contre les déserts médicaux

La santé pour tous. D’ici le mois de juillet, sera concrétisé, espère la présidente de région 14 projets d’installation pour 19 communes de recrutement de 40 médecins et infirmières ; 220 médecins, sage-femmes et infirmiers sont promis sur le mandat.

Réchauffement climatique

D. Alary, C. Delga et J.-L. Blanchet lors de l’inauguration d’une station d’Aqua Domitia. Photo BRL-G. LAMORTE

Energie. “Nous étions la région pilote pour l’hydrogène il y a cinq ans, nous voulons l’être pour l’éco-construction.” Tout un travail s’effectue avec les fédérations du bâtiment et des travaux publics pour utiliser des nouvelles technologies ; des matériels produits localement. “Je pense à la filière bois, bien sûr, mais aussi à la terre cuite ; au chanvre ou la réutilisation de la laine qui ne peut pas l’être pour l’habillement et qui pourrait par exemple servir d’isolant.” Dans ce contexte, Carole Delga a évoqué le projet de fabrication d’un géotextile en Ariège où 14 M€ seraient investis prochainement par la Région et des acteurs industriels pour réaménager une vaste friche industrielle en Pays d’Olmes et y créer 40 emplois. Là aussi la région se veut “pionnière”. La Région Occitanie avait déjà lancé en fin d’année 2021 son “Fabriqué en Occitanie” pour valoriser les circuits courts en facilitant le repérage par les consommateurs”, dont Dis-Leur vous a déjà parlé ICI.

Économiser l’eau. “Côté ex-Languedoc-Roussillon il y a depuis longtemps un bras armé qui s’appelle BRL qui rayonne sur le Gard, l’Aude, l’Hérault et les PO. Côté ex-Midi-Pyrénées, non. Pour mieux traiter les fuites et les approvisionnement en eau de la région, y compris dans un contexte de réchauffement climatique, la Région Occitanie est candidate à la reprise des concessions hydrauliques appartement à l’Etat et gérées par la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne ; c’est un réseau important pour les Hautes-Pyrénées, le Gers et le Tarn-et-Garonne.”

Aider à l’installation des nouveaux agriculteurs

La région Occitanie lance un dispositif innovant. Photo : DR.

Développer l’agro-écologie. Il y avait déjà le Pacte vert régional (soutien à la transition écologique, limitation du gaspillage, valorisation des produits locaux dans les cantines) ; le tout, avec une rémunération voulue plus juste pour les producteurs. La Région ajoute un dispositif de contrats d’agriculture durable.

“Le principe est simple : pour faciliter l’installation de nouveaux agriculteurs, la Région va acheter, à travers une Foncière, des terres et les leur louer pendant sept à dix ans ; puis, elle les revendra, au prix où elle les a achetés au bout de cette période, déduction faite des loyers. C’est donc une opération très intéressante. Cela s’adresse aux moins de 40 ans et aux nouveaux installés. Parallèlement, nous allons enrichir la plate-forme avec des références de produits régionaux, où les restaurants scolaires s’approvisionnent pour améliorer le niveau d’approvisionnement qui, par exemple, en hiver entre le littoral de la Méditerranée et les sommets pyrénéens où les températures ne sont pas les mêmes.”

Enrichir la citoyenneté

Citoyenneté. Budgets participatifs, Parlement de la Mer, Assemblée des Territoires, convention citoyenne… La Région Occitanie fait déjà la part belle aux outils qui font intervenir les habitants d’Occitanie, en allouant un budget de 30,6 M€ aux projets associatifs. Mesure issue de la Convention citoyenne, un événement va être créé autour de l’engagement et de la citoyenneté mai/juin. Il est intitulé le Printemps citoyen. “Nous avons lancé un appel à candidatures pour créer une fondation des bénévoles pour lutter contre le manque d’engagement et redonner de la valeur au bénévolat, qui a un rôle essentiel. En contre-partie, ils auront notamment accès à des manifestations sportives et culturelles, liées à l’éducation, notamment.”

Une seule autorité de gestion pour les mobilités

Politique. En tant que présidente des Régions de France, et proche de Anne Hidalgo dont elle est porte-parole, Carole Delga a aussi expliqué que cette instance délivrerait un livre blanc qui sera, auparavant alimenté par les départements français consultés puis remis aux candidats engagés dans la présidentielle. Parmi les grands thèmes abordés, on y retrouvera l’économie “où les citoyens demandent beaucoup plus de lisibilité” ; “Mieux faire connaître nos forces de proposition” ; simplifier le mille-feuille administratif : à part les aires de Paris et Lyon, il n’y a pas de structure efficace qui s’occupe par exemple des mobilités, des routes, métros, voies douces d’un même territoire (…) Il y a une expérimentation, unique en France, à Toulouse, qui va débuter grâce à la mission confiée au préfet Guyot.”

Présidentielle : “Atterrée !”

Emmanuel Macron en Polynésie cet été. Photo : Olivier SCHLAMA

Présidentielle. Un vrai coup de sang. “Quand je vois le niveau des débats et leur contenu, je suis atterrée ; quand je vois les réactions de ce niveau envers Fabien Roussel, candidat PCF,  parce qu’il défend juste la gastronomie, le fromage, la bonne viande taxé de RN, on se demande si les gens vivent dans le monde réel ? Je n’ai pas l’impression de faire partie de ce monde-là !” Allusion faite à la polémique suscitée sur les réseaux sociaux à la suite d’une intervention dimanche sur France 3 sur sa volonté de démocratiser les produits de qualité aux gens modestes.

“Niveau lamentable de cette campagne”

Carole Delga, dans la foulée, a visé Emmanuel Macron pour qui le terme “emmerder ne devrait pas sortir de la bouche d’un président de la République ; il ne doit pas dire comme certains le font croire qu’il dit tout haut ce que la France dirait tout bas. Il représente la France. Il ne doit pas exciter les bas instincts. Je suis complètement étrangère à ce monde-là”, qualifiant de “niveau lamentable cette campagne”. Et : Les préoccupations des gens ce sont les problèmes de fins de mois ; ils sont confrontés aux augmentations pour faire le plein de la voiture et remplir le frigo. Ils ont de moins en moins de pouvoir de vivre ; ils demandent davantage d’accès au système de santé et de services publics.”

Si les Françaises et les Français ne trouvent pas d’exutoire par la voie démocratique, ils le trouveront dans la rue…”

Division de la gauche. “La division de la gauche désespère tout le peuple de gauche”, se désespérant elle-même que tout le camp de gauche représente moins de 25 % des intentions de vote, alors que les élections précédentes Régionales, les départementales et les municipales ont été “bonnes”. Déjà, pas une seule élection n’a dépassé les 50 % de votants depuis 2017.” Carole Delga se dit aussi inquiète c’est que “si personne n’apporte de solution, on va dégoûter les gens d’aller voter et on le verra avec une abstention massive. On aura une vraie désaffection pour la présidentielle. Or, si les Françaises et les Français ne trouvent pas d’exutoire par la voie démocratique, ils le trouveront dans la rue. La primaire de gauche ? C’était une bonne idée à condition que tous les candidats de gauche s’y alignent. Dès lors qu’il n’y a ni Roussel ni Jadot, ça n’a pas de sens…”

Olivier SCHLAMA