Urbanisme : Revitaliser les villes moyennes, un défi et une urgence

La proximité, un atout majeur des centres-villes, dans le Tarn comme ailleurs. Photo Pascale Walter.

Etienne Guyot, préfet de la région Occitanie, a réuni plus de 250 élus, techniciens et partenaires de toute la région lors d’un séminaire au Centre des congrès de Carcassonne (Aude), sur le sujet de la revitalisation des centres-villes… Et l’Insee revient en chiffres sur les 25 communes d’Occitanie retenues au titre du programme Action Coeur de Ville…

“Les villes moyennes constituent un maillon territorial fondamental à l’équilibre de la région Occitanie”, souligne-t-on à la préfecture de Région, précisant qu’“elles sont un relais indispensable entre les territoires ruraux et les métropoles.” La région Occitanie est caractérisée à la fois par la présence de deux métropoles très dynamiques (Toulouse et Montpellier) et par l’importance d’espaces ruraux de faible densité, notamment en zone de montagne (Massif central, Pyrénées).

25 communes d’Occitanie, si différentes !

Source INSEE

La forte croissance démographique (50 000 habitants de plus par an en moyenne) est essentiellement concentrée sur les aires métropolitaines, le cordon littoral et la vallée de la Garonne. Dans ce contexte les villes moyennes constituent un niveau intermédiaire, pôle-relais indispensable pour leurs territoires de référence respectifs, mais aussi pour un développement équilibré de la région.

Dans 25 villes de la région (sur un total de 222 en France), les projets de redynamisation sont accompagnés par le programme Action Cœur de Ville (*) initié fin 2017 par le Premier Ministre. Aujourd’hui, les premiers projets sont en cours de réalisation.

Mais, de fait ces 25 communes présentent, souligne l’Insee“des disparités importantes” et “ne sont pas confrontées aux mêmes problématiques.” A savoir que si “certaines sont en perte d’attractivité sur le plan démographique, alors que leur périphérie est dynamique”, quand d’autres “qui ont une démographie positive et où l’emploi progresse, sont néammoins marquées par une forte précarité…” Enfin, il en est aussi qui “bénéficient d’un réel dynamisme économique.”

La démographie ne fait pas tout

La douceur de vivre fait aussi partie des valeurs d’un centre-ville… Ici à Castres. Photo Gregory CASSIAU

C’est également ce qu’ont souligné les services de la préfecture lors du séminaire de Carcassonne : “Plusieurs profils se distinguent au sein de ces villes”, à commencer par leur poids démographique, entre Revel qui compte 9 600 habitants et Perpignan qui est avec près de 122 000 habitants est la deuxième ville la plus importante de France métropolitaine dans le dispositif (après Limoges).

Mais le poids de la démographie est relatif. Ainsi Revel (Haute-Garonne) compte (avec notamment Figeac dans le Lot et Villefranche-de-Rouergue, en Aveyron) parmi les communes où l’emploi augmente. ce dynamisme s’expliquant par “une forte présence de l’emploi productif”, précise l’Insee : aéronautique à Figeac, agro-alimentaire à Revel…

En regard, certaines communes attractives d’un point de vue démographique et où l’emploi augmente, restent pourtant marquées par un niveau de chômage et de pauvreté élevé. Cette contradiction entre un emploi en progression et un chômage élevé “n’est qu’apparente” souligne l’Insee qui explique : “Si les nouveaux arrivants sont souvent des actifs en emploi, à Montauban, Narbonne ou Lunel, ils sont nombreux à être au chômage à Béziers, Pamiers, Perpignan, ou encore Sète (…) l’emploi peut ainsi progresser (…) mais le chômage aussi. le marché du travail n’arrivant pas à absorber tous les nouveaux venus.”

Plusieurs des “villes-centres” choisies dans le projet se montrent actuellement moins dynamiques que leur périphérie. C’est à dire qu’elles perdent plus d’habitants qu’elles n’en accueillent, tandis que leur banlieue progresse. C’est le cas de Castres ou Rodez. Alors que Albi et Auch font exception grâce à leur dynamisme dans l’accueil des étudiants…

La vitalité commerciale, enjeu majeur

Photo D.-R.

Mais au-delà des données démographiques, c’est la vitalité commerciale des villes moyennes qui est l’un des enjeux majeurs du programme Action coeur de Ville. Les centres-villes qui accueillaient les commerces de proximité (boulangerie, supérette, café…) sont directement confrontés au bouleversement des habitudes de consommation.

Les commerces traditionnels sont souvent en perte de vitesse, durement concurrencés par les zones commerciales de périphérie. Au prix parfois d’un important coût social et humain. Et l’Insee constate que “dans la majorité des communes du programme Action Coeur de Ville en Occitanie, le nombre de commerces de proximité a diminué” entre 2009 et 2015. Avec une baisse importante en centre-ville notamment à Villefranche-de-Rouergue, Bagnols-sur-Cèze, Mazamet ou Tarbes. Cas particulier : Agde (Hérault) où le commerce de centre-ville progresse, par la vertu d’“une forte attractivité liée aussi au potentiel touristique.”

Habitat, commerce, création d’emplois, transports et mobilité, offre éducative,
culturelle et sportive, qualité des sites d’enseignement, développement des usages
des outils numériques… constituent le corps du programme. Dans ce contexte le plan Action cœur de Ville place donc les élus locaux au centre d’un très vaste projet et vise à permettre à chaque territoire d’élaborer un projet adapté à ses enjeux…

Philippe MOURET

(*) Élaboré en concertation avec l’association Villes de France, les élus locaux et les 3 partenaires financiers nationaux du programme, la Banque des territoires, Action logement et l’Agence nationale de l’habitat, le programme vise à faciliter et à soutenir le travail des collectivités locales, à inciter les acteurs du logement, du commerce et de l’urbanisme à réinvestir les centres-villes, à favoriser le maintien ou l’implantation d’activités en cœur de ville, afin d’améliorer les conditions de vie dans les villes moyennes. Cinq milliards d’euros ont été mobilisés à l’échelle nationale sur cinq ans.
Les 25 villes d’Occitanie retenues : Ariège : Foix, Pamiers; Aude : Carcassonne, Narbonne; Aveyron : Millau, Rodez, Villefranche-de-Rouergue; Gard : Alès, Bagnols-sur-Cèze; Haute-Garonne : Revel; Gers : Auch, Hérault : Agde, Béziers, Lunel, Sète; Lot : Cahors; Figeac; Lozère : Mende; Hautes-Pyrénées : Tarbes + Lourdes; Pyrénées-Orientales : Perpignan; Tarn : Albi, Castres + Mazamet; Tarn-et-Garonne : Montauban.

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