Un film d’une pure poésie : À l’aimante lumière de Collioure

Le port de Collioures et la Côte Vermeille, l'atout-mer des P.-O. ! Photo D.-R.

Remarquable pour sa lumière dans laquelle se sont baignés de grands noms de la peinture, dont Henri Matisse et Pablo Picasso, le petit port catalan attire toujours les peintres. Une société de production entame avec À la Lumière de Collioure une série de films documentaires gratuits. À voir absolument.

À l’heure du déconfinement limité à 100 km, on peut redécouvir nos sites remarquables en Occitanie. Aller à Collioure, par exemple, c’est la certitude de prendre deux doses d’air pur. Une dose pour soi. Une seconde pour… le restant de ses jours. C’est se laisser imprégner par ce charme indéfinissable. Brut. Une poésie bienveillante. Dans cette anse où les Pyrénées rencontrent la mer ; où la France se marie avec l’Espagne, le réel est une oeuvre d’art. C’est là que Henri Matisse, qui s’y établit en 1905, a ressenti cette vibration, cette énergie. Depuis, nombre d’artistes n’ont eu de cesse de se confronter à ces paysages à l’intensité lumineuse à nulle autre pareille. La plupart, d’une manière ou d’une autre peignent la lumière où plane encore l’ombre tutélaire d’un autre immense de la peinture, Picasso, qui fut, lui aussi, aimanté par ces lieux.

Le lieu d’une révolution picturale, celle du fauvisme

Annick Llory. DR.

Dans les pas de la comédienne Ilana Waysberg, on part à la découverte de l’histoire de ce petit port de pêche catalan qui attira à lui, au début du XXe siècle Henri Matisse et André Derain. Il fut le lieu d’une révolution picturale, celle du Fauvisme. La couleur, automne, jouit d’une liberté encore inédite. Cet été 1905 sera décrit comme “l’épreuve du feu”. Fondée par les Grecs, occupée par les Romains, ce port catalan a été l’objet de toutes les attentions : l’empereur Charles Quint y a constrtuit le fort, que Vauban a consolidé.

“C’est tout le temps beau à voir !”

Guylaine Legentil

Ce petit port catalan ouvre le champ des possibles artistiques. Il occupe géographiquement une place stratégique. Ce n’est pas pour rien qu’un fort, baptisé Saint-Elme, y a été bâti qui permit de bouter les Espagnols au 17e siècle hors de France. Collioure c’est aussi l’huile. Le vin. Les bateaux de pêche. Les anchois ! Les scènes et les motifs y sont inépuisables. Une place stratégique aussi dans la peinture. Cette description de la lumière s’y perpétue. Des galeries y sont toujours vivaces. Dans cet entrelacs de ruelles s’est glissée une caméra immersive, jamais dérangeante qui donne la parole à des peintres émergents, tous différents. Toutes sont des femmes : Marie-Christine Boisserie, Danièle Canellas, Guylaine Legentil et Annick Llory. C’est celle de la société de production Mazart. Sensible. Délicate. Joyeuse. Éclairée. Le documentaire porte le joli nom de À la lumière de Collioure.

Le lien entre peinture et psychanalyse ? Le lâcher prise…”

Annick LLory

Le récit y est fluide. Les images sont d’une pure poésie. Délicates. Guylaine Legentil en prend conscience devant l’objectif : “C’est tout le temps beau à voir !” Psychanalyste et peintre, Annick Llory qui travaille sur acrylique fluide tend de plus en plus vers l’abstrait, l’épuré. Une peinture qui aimante là aussi : “Il y a quelque chose de très dynamique, onirique, organique, végétal”, explique-t-elle. Elle fait le lien avec la psychanalyse : “Parfois, un patient se laisse surprendre par quelque chose qui sort de sa propre bouche. C’est pareil pour la peinture : il fait se laisser surprendre. Il est important de ne pas gâcher cette surprise. De ne pas effacer ce qui vient d’apparaître. Le lien entre peinture et psychanalyse ? Le lâcher prise…”

Romain Arazm. DR.

“C’est le premier film documentaire d’une série que l’on peut regarder de façon totalement gratuite sur You Tube”, explique Romain Arazm, producteur et historien de l’art et “amoureux de la région”. Le créateur de Mazart Production le dit : “Et il marche déjà bien. Depuis sa première diffusion le 9 mai, on compte déjà 10 000 visionnages !” Une réussite. La série s’attardera ensuite sur d’autres lieux mythiques où des artistes perpétuent une histoire : Giverny, Pont-Aven, Etretat, Barbizon… “A raison de deux ou trois films documentaires par an…”, précise-t-il.

Pourquoi avoir suivi exclusivement des femmes peintres à Collioure inspirées de couleurs pures ? “Je ne l’ai pas voulu ; j’ai aussi fait une expo à Montreuil et ce sont la aussi des femmes sculptrices”, dit-il. Ce film sur Collioure se veut une vision indépendante, avec une liberté de ton. Sans carcan. Libre. Maintenant si je trouve un diffuseur, je suis preneur”, avoue simplement Romain Arazm qui prépare d’autres sujets indépendamment de cette série qui débute, notamment sur les arbres. Parallèlement à ces films documentaires gratuits, Romain Arazm propose aux artistes des contenus filmés payants pour leurs sites internet, notamment.

Olivier SCHLAMA

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