Tourisme – Statues (2) : Une playlist en bronze, de Toulouse à Montpellier

Claude Nougaro, grandeur nature, pour démarrer cette balade en chansons... Photo ©OT Toulouse

“De toutes les routes de France, d’Europe / Celle que j’préfère est celle qui conduit / En auto ou en auto-stop / Vers les rivages du Midi…” en quelques mots, le narbonnais Charles Trenet a résumé l’ambiance des vacances d’été. Et même si, désormais, la “Nationale 7” (paroles et musique, 1955) n’est plus ce qu’elle était, on peut aussi découvrir l’Occitanie à travers les monuments dédiés à ceux qui l’ont chantée…

Et pour commencer rendez-vous à Toulouse, Haute-Garonne, au square Charles-de-Gaulle tout près du Capitole. Ici se dresse, du haut de ses 1m74 (et 120kg de bronze) une statue grandeur nature de Claude Nougaro. réalisée par le sculpteur toulousain Sébastien Langloÿs. Rares sont les artistes qui sont aussi imprégnés de leur terre natale et qui ont su la célébrer avec autant d’humour que d’émotion…

“Parfois au fond de moi se ranime L’eau verte du canal du Midi Et la brique rouge des Minimes”

Claude Nougaro est né à Toulouse le 9 septembre 1929, dans la maison de ses grands-parents de l’avenue Arnaud-Bernard, près des Minimes, un quartier populaire et animé qui borde le canal du Midi. La musique a toujours bercé le “petit taureau ”. Son père, Pierre, était baryton et chantait sur la scène du théâtre du Capitole. Liette, sa mère, était pianiste. Ils se sont rencontrés au Conservatoire.

C’est dans la “cité gasconne” qu’il reviendra vivre dans les années 1990 en bordure de Garonne, le fleuve “qui s’écoule comme un tapis roulant”. Il aimait “sa” ville, ses rues, ses marchés où il flânait parfois, l’accent de ses habitants, cette ville de rugby, où “même les mémés aiment la castagne…”, où “on se traite de cons à peine qu’on se traite…” (Toulouse, 1967).

Magyd Cherfi (chanteur, écrivain, l’un des membres du groupe toulousain Zebda) lui rend un bel hommage : “En chantant, je faisais rire à cause de mon accent toulousain. Longtemps j’ai pas osé la mélancolie de peur qu’on se moque de moi et quand j’ai écouté Toulouse, j’ai su qu’on pouvait émouvoir, oui d’où qu’on vienne et avec quelque accent qui soit . Depuis j’ose être moi-même et en entier.” Découvrir aussi La Maison Nougaro, à Toulouse.

La statue de Carlos Gardel par Sébastien Langloÿs. Photo © Meritxell BALDELLO – Agence d’attractivité TOULOUSE

La “Voix du Tango” est née à Toulouse

Toulouse encore, Toulouse toujours… avec Carlos Gardel, de son vrai nom Charles Romuald Gardes, né le 11 décembre 1890 à Toulouse, avant que sa mère émigre avec lui en Argentine, dès 1893… Tout jeune homme, il connaîtra quelques déboires avec la justice. Mais la musique lui offrira un autre destin : Il a enregistré près de 900 chansons et tourné dans de nombreux films jusqu’à son décès, en 1935.

Selon sa biographie sur le site d’Universal Music : “Institution de son vivant, le chanteur Carlos Gardela donné ses lettres de noblesse au tango, genre musical alors décrié par la critique bien-pensante. Bien que sa musique soit dans l’ensemble assez peu dansable et peu utilisée dans les milongas, il est de loin le chanteur de tango le plus célèbre. Il a ouvert la voie à son successeur, Astor Piazzolla.”

Sa statue, qui est également l’oeuvre de Sébastien Langloÿs, a été inaugurée le 30 juin 2018 à Compans-Caffarelli à deux pas de sa maison natale…

Sur l’A9, d’abord Boby Lapointe et sa sirène

Pour rejoindre Montpellier et une autre statue (dont nous parlerons plus loin), l’idéal est d’emprunter l’autoroute. Par l’A61 puis l’A9, il y en a pour 2 heures trente. A moins… à moins que vous n’éprouviez l’envie de faire halte sur quelques aires de repos… Car la société Vinci a eu l’idée de consacrer certaines aires aux plus célèbres chanteurs de la région. La plus récente se trouve à Béziers-Montblanc Nord, on y rencontre Boby Lapointe (1922-1972).

Boby Lapointe et la sirène, sur l’aire de Béziers-Montblanc Nord (A9). Photo © VINCI

L’enfant de Pèzenas est mis à l’honneur depuis 2019, à travers une statue et un parcours œuvres de Pascale et Thierry Delorme. D’Aragon et Castille à L’hélicon en passant par Ta Katie t’a quitté  ou Le papa du papa, ce site invite à plonger avec délices dans l’univers unique de cet auteur, compositeur, interprète et acteur français.  Atypique, unique même, il se produira au-cours de sa carrière en première partie de Johnny Halliday, de Barbara, des Rolling Stones – en 1965 dans le cadre des Musicorama – ou encore de Jean Ferrat…

La double statue signée Thierry Delorme accueille les visiteurs : Boby Lapointe de plain-pied, est en compagnie d’une sirène, un clin d’œil à sa passion pour la mer, à sa carrière de scaphandrier à la Ciotat pendant la seconde guerre mondiale mais surtout à sa chanson La fille du pêcheur écrite en 1960. Puis, un parcours en forme de labyrinthe permet de découvrir toutes les facettes du personnage : “Surnommé le
Douanier Rousseau de la chanson française, Boby Lapointe, sous des airs de Monsieur Tout-le-monde, présente un personnage dont la cocasserie semble à la portée de tous”, écrivait Philippe Weil, directeur artistique des disques Fontana.

Mauvaise réputation et Trompettes de la renommée

Celui qui a toujours soutenu Boby Lapointe, c’est le sétois Georges Brassens… Justement à quelques kilomètres de là, sur l’aire de Loupian, un espace complet  rend hommage à Brassens (1921-1981), qui a marqué de son empreinte la chanson et la culture populaire françaises en interprétant ses poèmes à la guitare.

Que dire de plus ? Brassens est de ces rares personnages que tout le monde connaît (ou presque) même si ce n’est que très superficiellement. A moins d’avoir vécu plusieurs décennies sur une lointaine île déserte, impossible de ne pas connaître L’Auvergnat ou Les copains d’abord

Et pour le touriste de passage à Sète, difficile d’y échapper, Brassens ça rapporte, un peu comme Mozart à Vienne. Les locaux ayant tendance à oublier que pour leurs aïeux pas si lointains, La Mauvaise réputation de la future vedette était bien établie et que c’est bien pour ça qu’il a pu convaincre ses parents de le laisser “monter à Paris”. Ouf ! Pour tout savoir et mieux comprendre, une escapade s’impose à L’Espace Brassens, à Sète

Aujourd’hui ne subsistent donc que les Trompettes de la Renommée et c’est bien mérité ! On a tout dit de lui, tout écrit. Alors pour faire simple, autant laisser la parole à l’Encyclopédia universalis : “Il existe peu de révolutions dans l’histoire de la chanson française mais, indiscutablement, la survenue de Brassens constitue l’une d’elles. Dès ses premières apparitions, il parvient à diviser le public et à créer le scandale : les uns condamnent son anarchisme et son vocabulaire cru, les autres louent son style et son audace. Ne se réclamant d’aucune chapelle, il détaille sa vision de l’humanité en mettant en scène des personnages souvent caricaturaux mais toujours porteurs de faiblesses, d’angoisses, de cruauté, de bêtise, d’illusions et d’espoirs. Tout au long de son œuvre il explorera son petit théâtre personnel..”

De la Nationale 7 à l’Autoroute A9 !

S’il est une référence systématique pur Brassens, c’est Charles Trenet. Or, la géographie fait bien les choses, C’est justement sur l’aire de Narbonne-Vinassan Sud de l’A9 (mais attention, vers l’Espagne ou Toulouse) que Vinci a érigé l’aire “chantante” dédiée à l’artiste narbonnais.

Charles Trenet le Narbonnais Chantant, est aussi sur l’A9. Photo © VINCI

Un parcours artistique et une statue gigantesque dédiés à Charles Trenet (1913-2001), le “Fou chantant” originaire de Narbonne. L’occasion rêvée de se reposer tout en se promenant sur ce parcours réalisé par le couple d’artistes Pascale et Thierry Delorme et (re)découvrir la vie et l’œuvre de Trenet et ses chansons : La Mer, Route Nationale 7, Boum

Dès le début du parcours, des plaques sculptées retracent la vie de l’artiste et livrent des anecdotes sur ses chansons. Saviez-vous que Trenet avait écrit La Mer en seulement 20 minutes en contemplant l’étang de Thau, dans un train qui reliait Montpellier à Perpignan ? La balade invite aussi à une courte pause dans le Jardin extraordinaire inspiré de la chanson du poète chantant. Quelques mètres plus loin, voici l’œuvre phare du parcours : une statue de bronze représentant le visage de Charles Trenet souriant, avec son célèbre chapeau mou et son doigt levé.

L’endroit est idéal pour faire un selfie ! Et si vous souhaitez prolonger l’aventure après avoir quitté l’aire, il faut aller visiter sa maison natale à Narbonne pour plonger dans l’intimité de cette légende du music-hall.

L’hommage de Montpellier à un Gitan aux doigts d’or

Manitas de Plata, à Montpellier… Photo Ph.-M.

Allez, dernière étape ! Voilà Montpellier et sur le parvis de la nouvelle mairie, la statue de Manitas de Plata, signée par l’atelier Jean-Loup Bouvier. Gitan né à Séte, en 1921, élevé dans une roulotte, Manitas de Plata a commencé sa carrière à Montpellier à l’âge de 12 ans. Il s’est ensuite produit avec les siens, sur les plus grandes scènes internationales.

De son vrai nom Ricardo Baliardo, c’est par sa dextérité qu’il a gagné ce surnom de Manitas de Plata, soit “petites mains d’argent”… Bien que ne sachant pas lire et n’ayant jamais étudié la musique, le talent de l’artiste est si éblouissant qu’il enregistre son premier disque en 1957… Il ne cessera jamais d’enregistrer (plus de 80 albums !) et de parcourir le monde, sans cependant jamais se départir du mode de vie des gens du voyage. Il a vendu plus de 93 millions de disques.

Après avoir gagné des fortunes et vécu sa passion pour la guitare et les femmes (la légende lui attribue entre 24 et 28 enfants !) Manitas de Plata a fini sa vie dans le plus grand dénument, ruiné, malade et cloué dans un fauteuil roulant. Il est décédé à l’âge de 93 ans, le 5 novembre 2014 et ses funérailles ont réuni une foule de plus d’un millier de personnes…

Et voilà ! Deux villes et quelques aires d’autoroute plus loin, une nouvelle série de statues que Dis-Leur ! vous a proposé de découvrir pur mieux connaître l’Occitanie et ceux qui y ont laissé leur trace, leur talent… et l’éternelle mélodie de leurs chansons. Une compil’ de l’été en Occitanie…

Philippe MOURET

Planifier votre séjour en Occitanie Pyrénées-Mésiterranée tout est sur le site du CRT Occitanie www.tourisme-occitanie.fr
L’Office de Tourisme de Toulouse propose tout au long de l’année un programme de près de 100 visites accompagnées par des guides conférenciers agréés. En journée ou en soirée, en semaine et le week-end, elles sont consacrées à l’histoire, aux monuments et au patrimoine, mais aussi à des aspects plus insolites de la ville. Les détails sur le site de l’OT : https://www.toulouse-tourisme.com/visites-guidees

Retrouvez notre série estivale sur les statues d’Occitanie (à suivre)

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