Tourisme : Malgré la canicule, “excellente fréquentation” en Occitanie cet été

Argelès. Photo : Stephane Ferrer, office du tourisme d'Argeles-sur-Mer

La région Occitanie devrait atteindre 215 millions de nuitées en 2022 (208 millions en 2019) avec une hausse de 2,6 millions de la clientèle étrangère cet été (+ 46 %). Campagne (+ 27 %) et littoral (+ 26 %) sont les grands gagnants. Pyrénées et Massif central sont en léger retrait. Comme le thermalisme, les tourismes d’affaire et spirituel. Le tourisme, pan économique majeur, représente 100 000 emplois et un chiffre d’affaires de 15,6 milliards d’euros.

Malgré le manque de main d’oeuvre chronique et la canicule, l’été 2022 atteint des records. Sur le littoral comme dans les campagnes, “grands gagnants” de la saison touristique en Occitanie. “L’hôtellerie-restauration a, je crois, réalisé de bons résultats, confie Vincent Garel, président du CRT, comité régional du tourisme d’Occitanie. Quant aux restaurants, certains ont dû, parfois, supprimer un service, c’est vrai, reconnaît-il ; la création d’un groupement d’employeurs par la Région sera une bonne réponse.”

Train à 1 € a généré 16 M€ dans les territoires

Vice-présidente de la Région chargée du tourisme, Muriel Abadie a aussi évoqué une “excellente saison”, ajoutant que la collectivité a “la volonté de développer un tourisme pour tous et plus durable et plus vertueux”. L’élue a pointé les “31 000 demandes de la Carte Oxygène à fin août” qui a apporté de la clientèle ; le dispositif du train à 1 € qui, selon Vincent Garel “a déjà généré 16 M€ de retombées économiques dans les territoires”.

“Besoin d’une vraie refondation de l’économie touristique”

Saint-Guilhem-le-Désert, Occitanie, Hérault, août 2022. Abbaye de Gellone. Photo : Olivier SCHLAMA

Vincent Garel a ajouté : “Il faudra encore attendre chiffres de l’Insee pour connaître les retombées économiques mais, déjà, nos chiffres sont très bons, a encore résumé Vincent Garel. Il y a maintenant, enclenche-t-il, besoin d’une vraie refondation de notre économie touristique, les “externalités”, en fait ce qui provoque la création de CO2 à travers les activités. Notre action, ce n’est pas du one shot mais du tourisme au long cours, un tourisme de proximité qui soit aussi acceptable pour les habitants, avec le moins de dégâts pour l’environnement.”

Le nouveau gri-gri intello disant qu’il y a un sur-tourisme et que la clientèle modeste si elle n’a pas les moyens de se payer un écolodge doit rester chez elle à regarder Netflix, m’exaspère !”

Vincent Garel, président du CRT

À propos de l’avenir du “tourisme de masse”, Vincent Garel a fustigé “le nouveau gri-gri intello de nouveaux penseurs consistant à dire qu’il y a un sur-tourisme et que la clientèle modeste, si elle n’a pas les moyens de se payer un écolodge, eh bien elle doit rester chez elle à regarder Netflix ! Cette façon de penser m’exaspère. Cela va à l’encontre des enjeux politiques. Nous voulons justement que tout le monde accède à ces vacances qui sont des moments privilégiés et de rencontres… Et nous avons des outils pour cela, notamment les ailes de saison sur lesquelles nous travaillons. Il y a de vraies perspectives”.

Les mois de mai, juin, septembre et octobre en réunissent presque autant que l’été, environ 30 %. Ainsi, on peut avoir un regard erroné sur la fréquentation touristique…”

Jean Pinard, directeur du CRT

Directeur du CRT, Jean Pinard a apporté son éclairage, précisant, en substance, qu’en effet, “il y a eu sur-tourisme dans des espaces jusque-là épargnés mais par manque d’équipements d’accueil. Certaines stations comme la Grande-Motte sont totalement calibrées pour accueillir leurs 100 000 visiteurs prévus. Ce n’est pas le cas de toutes les stations… Et puis il faut être prudent : certes, les mois de juillet et d’août représentent 34,8 % du total des nuitées de l’année mais les mois de mai, juin, septembre et octobre en réunissent presque autant, environ 30 %. Ainsi, on peut avoir un regard erroné sur la fréquentation touristique…”

Retour des clientèle étrangères

La Grande-Motte. Office du tourisme de la Grande-Motte

Pour autant, l’été 2022 est en passe de battre tous les records. Déjà 2021 avait engrangé de bons résultats. “L’enjeu était de parvenir à fidéliser ces nouvelles clientèles françaises en 2022”, souligne le CRT. Les nuitées françaises hors Occitanie sont quasi stables (-2 %) par rapport à 2021, saison record de référence. La très bonne nouvelle concerne le retour des clientèles étrangères et plus précisément européennes qui, pour cet été 2022, augmentent de 46 % par rapport à l’été dernier (plus de 2,6 millions de nuitées étrangères). Mieux, ces clientèles étrangères sont en hausse de 12 % par rapport à 2019. Enfin, le quasi-maintien de la fréquentation française extra-régionale record de 2021.

L’Occitanie fait un travail de marketing très en amont dans une région où tout existe : le littoral, la montagne, la campagne”

Vincent Garel et Muriel Abadie. dR

“Ces bons chiffres ne se limitent pas à la seule saison estivale puisque depuis le début de l’année le nombre de nuitées a augmenté de 19 % par rapport à l’année 2019 qui reste l’année de référence d’avant crise”. Président du CRT, Vincent Garel rappelle que “l’Occitanie fait un travail de marketing très en amont dans une région où tout existe : le littoral, la montagne, la campagne. On y arrive aussi parce que l’on a des lieux et des marques fortes de destination… Nous travaillons aussi avec Atout France pour accueillir des clientèles européennes. Et on s’appuie également sur des grands événements. Et que, par exemple, l’Occitanie devienne base arrière pour la Coupe du monde de Rugby.” 

71 % des habitants d’Occitanie déclarent accueillir parents ou amis chez eux pendant l’été

Il précise : “Nous avons retenu la notion de nuitées globales incluant hôtels, campings villages vacances et autres hébergements payants et aussi pour tenir compte des nuitées non marchandes : nous sommes la région qui détient le plus de résidences secondaires en France, 550 000 (chiffres Insee, Ndlr) ; 71 % des habitants d’Occitanie déclarent accueillir des parents ou des amis chez eux pendant l’été au moins 25 nuits par an.” Avec Jean Pinard, il a complété : “La région Occitanie devrait atteindre 215 millions de nuitées en 2022 (208 millions en 2019) ; nous aurons bientôt les résultats consolidés. On enregistre aussi une hausse de 2,6 millions de la clientèle étrangère cet été.” Plus que jamais, le tourisme est un pan économique majeur avec 100 000 emplois et un chiffre d’affaires de 15,6 milliards d’euros.

Montagne, thermalisme et tourisme d’affaires en retrait

En résumé, si campagne et littoral sont les grands gagnants, la montagne se situe un peu en retrait. Comme le thermalisme, les tourismes d’affaire et spirituel. “La campagne (+ 27 % par rapport à 2019) et le littoral (+ 26 %) sont les grands gagnants de l’été ; même si les Pyrénées et le Massif central – qui sortent de deux années de progression exceptionnelle – sont en léger retrait par rapport à 2021”. Tous les univers de destinations progressent avec des performances remarquables dans les campagnes et le littoral par rapport à l’année de référence 2019 (avec respectivement + 27 % et + 26%) !

La Comédie, à Montpellier. DR

Les métropoles, elles, retrouvent des couleurs ; “la fréquentation étant notamment tirée par les villes où il y a un label Unesco (Albi, Carcassonne…)” La métropole de Montpellier (c’est la destination qui a le plus progressé pour les clientèles étrangères avec un + 31 %) qui a vu affluer les Espagnols, en particulier. La campagne et l’urbain (+ 49 %) et le littoral (+ 45 %) sont les destinations qui ont le plus progressé pour les étrangers par rapport à 2021.

56 % des habitants passent leurs vacances en… Occitanie

À noter également, que 56 % d’habitants d’Occitanie ont déclaré avoir l’habitude de passer leurs vacances principales dans la région. Chez les vacanciers étrangers, les plus fortes augmentations par rapport à 2021 : les Irlandais (+ 276 % !), les Anglais (+ 115 %) ; les Canadiens (+ 138 %) ; les Italiens (+ 115 %) et les Américains (+ 91 %). “On remarque aussi un marché qui s’ouvre à nous : les Suisse, par exemple, ( + 75 % par rapport à 2019 ; les Canadiens (+ 54 %) ; les Espagnols (+ 23 %) ; Belges (+ 22 %) et les Néerlandais (+ 21%).”

Olivier SCHLAMA