Lozère : Territoire de Vélo, un si précieux label de slow tourisme

La Lozère, ses milliers de kilomètres de chemins... Photo : DR.

La Lozère poursuit sa stratégie de mise en valeur des sports de plein air. La Fédération de cyclotourisme n’a décerné ce label qu’à un seul autre département en France. Un vrai atout.

La géographie ne s’apprend pas seulement sur les bancs de l’école. Les durs chemins caillouteux sont riches d’enseignement. Avec le vélo, on découvre ce qui nous entoure ; on fait même partie du paysage que l’on conptemple. Sans son cheval de fer, que ressentirait-on ? Rien, ou presque. Aucune poussière dans les yeux, de vent dans les cheveux, de sueur sur les joues ou de fatigue assommante, la nuit tombée. Pas de peur de se perdre non plus quand on tente, sacoches accrochées, de partir à l’aventure sur les chemins de randonnées, avec un seul sens : la vue qui nous guide…

Récompenser les meilleurs élèves

La pratique colle parfaitement avec les nouvelles envies de tourisme loin de la foule. Ph. Jean-Luc Armand.

Le milliard de pratiquants du vélo, selon l’Union cycliste internationale, le savent bien : le vélo c’est une épreuve de soi, une épreuve pour soi. Une tentative d’apprivoiser sa géographie, intime celle-là. Avec, espérons-le pour tous, une dose de plaisir, voire d’ivresse que délivre cette liberté. Le slow tourisme trace sa voie, le bataillon des pratiquants de la petite reine enfle inexorablement. C’est dans ce contexte que la fédération française de cyclotourisme (120 000 adhérents, 3 000 clubs) a créé un label : Territoire vélo. Histoire de récompenser les meilleurs élèves en la matière. La Lozère est l’un des tout premiers départements de France à décrocher ce sésame.

Le développement de l’itinérance va de pair avec le développement d’infrastructures adaptées, telles des aires de stationnement et de lavage des vélos et nous souhaitons densifier la présence de ce type d’infrastructures”

Sophie Pantel, présidente du département de la Lozère

Un label d’excellence que l’on ne donne pas facilement. “Nous avons répondu à un cahier des charges très stricts”, commente Jérôme Legrand, DGA du service solidarité territoriale au département de Lozère. Une vingtaine de critères bien précis sur différentes thématiques : accueil cyclo, infrastructures, animations, services… Le comité de sélection a été séduit par le balisage des sentiers, la qualité et l’entretien des routes, le dynamisme des prestataires privés, les actions menées par les collectivités locales et les projets en cours”, indique-t-on au département.

Le cyclotourisme a le vent en poupe. Photo : Jean-Luc Armand.

Cette distinction s’inscrit pleinement dans la volonté de la Lozère d’être identifiée comme un territoire de sports de plein air pour familles et pour le loisir. Davantage que réservé aux sportifs purs et durs. Sophie Pantel, présidente du département s’en félicite en expliquant au passage se positionner en faveur du slow tourisme, l’anti-tourisme de masse.

Le département mène une politique active de soutien aux activités de pleine nature et sur le développement de l’itinérance. En plus du Tour de Lozère, trois itinéraires plus courts sont à l’étude, afin de permettre une aventure sur un week end prolongé et pour être accessible à une plus grande clientèle. Nous avons la chance d’avoir un cadre idéal pour les vacanciers, qu’il s’agisse de séjours sportifs ou de détente. Nous sommes conscients que le développement de l’itinérance va de pair avec le développement d’infrastructures adaptées, telles des aires de stationnement et de lavage des vélos et nous souhaitons donc densifier la présence de ce type d’infrastructures.”

Hausse de fréquentation cet été de 30 %

Sophie Pantel ajoute : “Pour cet été 2020 qui n’est pas encore terminé, la tendance est bonne et présage déjà d’une hausse de fréquentation de plus de 30 %. À nous de nous positionner comme une réponse au tourisme de masse, aux plages bondées et aux stations de ski hors de prix. Notre ambition est de fidéliser toujours plus de visiteurs, leur faire aimer ce département et pourquoi pas, leur donner à terme envie de s’y installer ».

Même les montées ouvre sur d’autres horizons… Photo : Jean-Luc Armand.

Dans ce département, on a balisé rien de moins que quatorze cols (en plus de la montée Jalabert déjà jalonnée) présentant un intérêt majeur pour les cyclistes, en 2019, avec un panneau en bas de la pente et un au sommet du col, où figurent les informations générales sur la montée, ainsi que des bornes tous les kilomètres indiquant la pente moyenne de la prochaine portion de route.

Dans la continuité du travail avec Lozère Tourisme

Cette réalisation se situe dans la continuité du travail mené avec Lozère Tourisme pour l’édition de la brochure Randonnée vélo en Lozère, naturellement !, ainsi que des actions mises en place en faveur de l’itinérance, comme la relance l’année dernière de la Grande traversée du Massif central en VTT, Tour de Lozère de 600 km réalisable en 7 étapes, 52 itinéraires cyclo répertoriés d’une longueur de 40 à 160 kilomètres) et plus généralement en faveur des activités de pleine nature (travaux sur la voie verte des Cévennes, 7 km de voie verte à la Garde Guérin, etc.

La prochaine étape, ce sera de créer des itinéraires, des partenariats avec les professionnels du tourisme, des menus dédiés chez des restaurateurs, des déjeuners avec des producteurs locaux à l’arrivée d’un col…”

Jérôme Legrand, du département de Lozère

Jérôme Legrand reprend : En Lozère, nous avons la chance d’avoir du dénivelé mais pas trop. C’est montagneux mais pas trop, non plus. C’est bosselé, juste ce qu’il faut. Nous avons aussi et surtout des milliers de kilomètres de routes et de chemins utilisables par les vélos. Il y a 20 ans, notre département était plutôt prisé par les cycliste version sportive. On se dirige vers davantage de pratique en famille ou de loisirs. La prochaine étape, ce sera de créer des itinéraires, sur brochure mais aussi sur des supports digitaux. Ce sont aussi peut-être des partenariats avec les professionnels du tourisme à inventer, des menus dédiés chez des restaurateurs ; des offres pour des activités, etc. On peut aussi imaginer des déjeuners avec des producteurs locaux à l’arrivée d’un col… De plus, pour décrocher ce label et équiper les sentiers, cela ne demande pas un gros budget, juste beaucoup de matière grise. La cotisation à la Fédé ? 3 000 euros… Le Graal serait d’obtenir une visibilité internationale…”

Depuis le 1er juillet, chaque jour, je loue l’ensemble de mes dix VTT ou VTC électriques de mon parc…”

Jean-Baptiste Trauchessec de Gévaudan Vélo, à Aumont-Aubrac

Il faut dire qu’avec ses petites routes peu fréquentées et ses panoramas somptueux, la Lozère constitue un paradis pour les amateurs de la petite reine. Jérôme Legrand va plus loin : “C’est la même méthode que nous avions employée pour le tourisme en moto. Nous avons créé un label Accueil moto Lozère pour le décerner à des maisons d’hôte, par exemple.” L’écosystème du deux-roues s’enrichit chaque jour. “Pour revenir au vélo, au moins douze loueurs proposent du VTT à assistance électrique.” L’un d’eux, Jean-Baptiste Trauchessec de Gévaudan Vélo, à Aumont-Aubrac, entre Margeride et Aubrac, confirme : “Depuis le 1er juillet, chaque jour, je loue l’ensemble de mes dix VTT ou VTC électriques de mon parc ; je loue aussi des vélos “musculaires” (classiques). Ce label va donner un vrai coup de projecteur sur la Lozère et continuer à nous faire beaucoup de bien. Et beaucoup de bien au département.”

Base VTT de rando, trentaine de boucles VTT prévues…

Sur le secteur du Mont Lozère, la création d’une base VTT de randonnée est en gestation ; elle devrait être proposée prochainement pour une labellisation FFCT. Cette création s’inscrit dans un projet global de restructuration de la station afin de créer une station quatre saisons offrant une diversité d’activités de pleine nature (Pôle pleine nature). Une trentaine de boucles VTT sont prévues, ainsi que plusieurs itinéraires de vélos route et quelques boucles gravel. Les itinéraires ont déjà été sécurisés foncièrement et testés par des pratiquants locaux. Seule la phase de balisage reste à faire. Cette base VTT devrait voir le jour à l’été 2021.

46 Territoires Vélo, dont trois en Occitanie

Côté plus sportif, six clubs FFCT sont répartis sur le territoire, regroupant quelque 250 licenciés. Les manifestations sportives autour du deux-roues ne manquent pas non plus. Le département accompagne chaque année, les grands rendez-vous organisés sur le territoire : épreuve de descente, vétathlon, enduro, cyclocross, Tour du Gévaudan, Granite du Mont Lozère, 100 Miles VTT, La Lozérienne VTT. De plus, cette année devait voir la première édition de la CycloMontagnarde Cévennes et Gorges du Tarn qui a été reportée en 2021 du fait de la pandémie de covid-19.

“Il n’y a que deux départements labellisés Territoire Vélo : Alpes-de-Haute-Provence et la Lozère, les deux fraîchement labellisés”, souligne Camille Leyssene
Chargée de mission Labels à la Fédération. “En tout nous avons 46 Territoire Vélo  dont trois en Occitanie” : trois communautés de communes, celle de la vallée du Lot et vignoble, des Causses à l’Aubrac et l’Aubrac et Carladez, ces deux dernières en Aveyron. Quatre ne sont pas encore référencés car ils viennent d’être labellisés. Les autres sont tous à retrouver ICI.

Olivier SCHLAMA

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