Tourisme : “L’expérience à vivre” de la grotte de la Salamandre

Photo : Grotte de la Salamandre.

L’Occitanie est terre de grottes. La petite dernière, ouverte il y a neuf ans, fait son trou à coup de visites classiques mais aussi originales : en rappel ; en ballon à hydrogène… Le 12 mars, pour sa réouverture, s’organise une sortie en garrigue en trottinettes électriques avant la visite proprement dite. Classé Natura 2000, le site s’inscrit dans de belles démarches écolos : le pain invendu sert à produire une bière locale ambrée ou à fabriquer des fromages locaux…

À mi-chemin entre les mythiques grotte Chauvet et le Pont du Gard, à Méjannes-le-Clap, se niche en pleine garrigue la dernière-née des nombreuses cavités d’Occitanie, l’esthétique grotte de la Salamandre, ouverte au public depuis 2013. Cet aven offre avant tout une “expérience à vivre”, selon le mot de sa directrice, Bérénice Berthelot, qui y met en oeuvre un tourisme dynamique, joueur, responsable. Une virée plus exploratoire et moderne qu’une visite ex cathedra. À même de faire passer un bon moment en famille. Les concrétions millénaires, dans leur écrin calcaire, sont magnifiques. Mais c’est l’ensemble de la visite qui est remarquable.

Natura 2 000, Famille Plus, Environnement sensible…

Photo : Grotte de la Salamandre

À l’heure des belliqueux, on peut avoir envie de s’immerger dans une grotte protectrice… En 2019, la Salamandre – qui porte ce nom parce que les inventeurs ont vu cet animal en posant le pied au fond de l’aven -, finalement peu connue, accueillait, peu ou prou, 45 000 visiteurs par an. Bérénice Berthelot explique : “Nous sommes classés Natura 2 000 et Environnement sensible accueil du public. Nous avons un site magnifique avec un très beau chemin d’accès, très zen… Nous sommes labellisés Famille plus ; on a l’habitude de recevoir du jeune public… On prête même des porte-bébés… Les enfants comme les parents sont fascinés. C’est une expérience nouvelle avec un son et lumières.” Pas de classement ministériel mais le guide Vert Michelin leur a déjà tressé des lauriers.

Exploré pour la première fois en 1965

Sur près de 120 mètres  de long, 80 mètres de large et 40 mètres de hauteur, la cavité gardoise en formation depuis plus de 20 millions d’années rassemble plusieurs milliers de concrétions allant de 3 millimètres à 4 mètres de diamètre et atteignant 30 mètres de haut. Connu de longue date par les bûcherons et les chasseurs de la région, l’aven de la Salamandre a été exploré pour la première fois en septembre 1965 par une équipe de spéléologues d’Uzès et de Nîmes.

Après l’installation d’un camp de base, ils passent huit jours à explorer la cavité en compagnie des reporters de l’ex-ORTF, les pionniers de la TV. Un projet d’aménagement est rapidement imaginé, mais vite abandonné en raison de sa trop grande complexité de mise en œuvre. Il faudra attendre plus de 40 ans pour que le projet soit relancé.

Le défi du Grand Rappel !

Photo : Grotte de la Salamandre

On peut donc visiter la grotte avec un guide. On peut aussi – et c’est assez unique – se lancer le défi du Grand Rappel dans cet aven naturel. “On y pénètre par l’entrée naturelle de la grotte, par là où les spéléos avaient découvert cette grotte en 1965.” Connue mais pas répertoriée officiellement. On dispose de cinq cordes, l’une pour le moniteur breveté d’Etat et on peut descendre à quatre maximum 30 mètres dans le vide ; c’est un bon moment de connivence qui s’adresse à tout le monde à partir de 12 ans. On n’a besoin d’aucune notion et la sécurité est garantie, assurer la directrice du lieu. La doyenne de cette activité a d’ailleurs 80 ans !” Dans la même veine, on peut aussi s’initier à la spéléo. Ça s’appelle les “coulisses de la Salamandre”. “Il y a donc la grande grotte aménagée pour accueillir le public et il y a aussi quatre autres salles qui ne sont pas accessibles à tous, précise Bérénice Berthelot. Il faut être un peu plus sportif et les concrétions y sont plus délicates. On ne les ouvre pas à tout le monde. On les ouvre pour cette initiation à la spéléo…”

Voler en ballon dans la grotte avec un Aéroplume !

Photo : Grotte de la Salamandre

Autre expérience, celle de… voler dans la grotte avec une drôle de machine, baptisée “aéroplume” ! Follement poétique ! C’est un gros ballon gonflé à l’hélium qui peut accueillir un passager, de 40 kg à 85 kg. On prend place allongé dans une sorte de cocon de accroché sous le ballon pour avoir une vision de la grotte à 360 degrés ! Pour se soulever, on dispose de grandes ailes ! Et on peut déambuler en l’air lentement au milieu des géants de cristal… “C’est la société Aérosculpture qui a inventé cette machine, confie encore la directrice, Bérénice Berthelot. Il en “vole” en Normandie dans le dernier hangar à Zeppelin. L’inventeur habite à côté de chez nous. On a tenté l’expérience. Au début, c’est lui qui faisait des vols de démonstration. Les filles de notre équipe lui demandaient sans cesse d’essayer. Finalement, on a testé et il nous a laissé un ballon à disposition.”

Fromage et bière locaux avec des invendus de pain

Photo : Grotte de la Salamandre

Ce n’est pas tout. Au titre des nouveautés, la grotte de la Salamandre travaille avec la micro-brasserie Beerock basée à Saint-Alexandre dans le Gard. On est donc en circuits courts. Par ailleurs, “on de gros soucis de pains au snack. Au lieu de jeter les invendus, cette brasserie les récupère et nous fait avec une bière ambrée avec ce pain torréfié dont la levure sert de ferment naturel, note Bérénice Berthelot. Par ailleurs, une boulangerie non loin de chez nous va nous fabriquer des crackers à manger pour l’apéro. Le pain restant va nourrir des animaux d’une fabrique de fromages de chèvre. Nous récupérons aussi des fromages”.

Excursion en trottinettes électriques

Pour ce premier jour de la saison 2022, le 12 mars, la direction organise une excursion en trottinette électrique de 3 h 30 intitulée Trottin’Karst. Un beau parcours dans la garrigue gardoise pour admirer le travail de l’eau peut travailler sur les roches et du vent sur les roches calcaires. Intéressant et ludique ! On peut aussi visiter d’autres cavités accessibles avant de finir par la visite de la grotte de la Salamandre. Au guidon de leur engin tout-terrain, ils commenceront par découvrir les sublimes falaises de la Cèze ainsi que de nombreuses cavités naturelles présentes dans les environs de Méjannes-le-Clap.

La grotte est détenue par une société dont l’actionnaire s’appelle Daniel Lelièvre. “Daniel vient du monde informatique et industriel, rapporte Bérénice Berthelot. C’est un passionné de spéléologie. Quand il a vendu sa boîte à Paris, il est venu en faire dans le coin avec de vieux amis, dont Pierre Benbengut, également associé. A la fin d’une sortie spéléo,  il ont feuilleté un magazine et Daniel Lelièvre a émis le souhait de découvrir une grotte encore inexplorée. Ils étaient en train de regarder une belle photo faussement légendée Aven d’Orgnac. C’était l’aven de la Salamandre. Daniel Lelièvre a réussi, au bout de trois ans, en 2011, à acheter le terrain. L’aventure de son aménagement était parti avec un investissement de 2 M€.”

Olivier SCHLAMA

L’Occitanie, terre de grottes :

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