Thermes : Les bons comptes de la première station de France

"Soutenue financièrement par l’intercommunalité, la commune dispose maintenant d’équipements thermaux neufs d’envergure nationale", souligne le rapport de la chambre régionale des comptes d'Occitanie. Photo : Thermes de Balaruc-les-Bains.

Les thermes de Balaruc-les-Bains, qui remontent à l’antiquité, regardent positivement vers l’avenir : la chambre régionale des comptes a épluché les derniers exercices de la première station de France et l’a jugée première de la classe. Dis-Leur ! s’est plongé dans le rapport qui est celui d’une réussite qui n’a rien à voir avec la gestion des 29 autres stations thermales d’Occitanie, comme Dis-Leur ! vous l’avait révélé.

La chambre régionale des comptes Occitanie s’est plongée dans les comptes “des exercices 2012 et suivants” de la commune de Balaruc-les-Bains. Sise à 7 kilomètres de Sète, au bord de l’étang de Thau, Balaruc-les-Bains, compte près de 7 000 habitants. Elle a la particularité d’être devenue la première station thermale française, “avec 52 722 curistes assurés sociaux en 2016”. Une success story qui a peu à voir avec ses 29 autres stations thermales d’Occitanie dont le modèle est, lui, fragile, comme Dis-Leur ! vous le révélait ICI

Hausse continue de la fréquentation des cures

Toujours craint, le contrôle de la chambre a révélé une situation saine voire florissante de cette activité mais singulière dans la région. Le contrôle a porté sur “la stratégie de développement de l’activité thermale et son impact économique sur le territoire”. Afin de développer cette activité qu’elle espérait lucrative, la commune s’est engagée, à compter de 2010, “dans une stratégie de diversification et de renouvellement de ses équipements (…)  qui a nécessité la mobilisation de moyens financiers très importants. Reposant aussi sur l’octroi d’agréments thérapeutiques porteurs, elle s’est traduite par “une augmentation continue de la fréquentation des cures”. Elle se prolonge désormais par la réalisation de nouveaux équipements culturels, sportifs et administratifs, financés par les retombées positives de l’activité. “Soutenue financièrement par l’intercommunalité, la commune dispose maintenant d’équipements thermaux neufs d’envergure nationale.”

Photo : @Dacosta/Thermes de Balaruc

Mais les magistrats préviennent : “Le modèle de Balaruc-les-Bains (un chiffre d’affaires de 32 millions d’euros pour un résultat net de 2,4 millions d’euros en 2016 et 400 équivalents temps plein), qui s’appuie sur une ressource en eau abondante, un environnement géographique porteur, une fréquentation déjà élevée, ainsi que la mobilisation d’importantes ressources financières, n’apparaît toutefois pas transposable aux autres stations thermales de la région Occitanie, aux facteurs de développement plus contraints.” C’est pourquoi la Région Occitanie a un plan d’action sur la filière et le bien-être (Lire ICI). Car la station héraultaise concentre aujourd’hui 28 % de la fréquentation régionale des curistes et 9 % de la fréquentation nationale.

Le rapport poursuit : “Les produits de gestion sont portés à 43 % par les recettes issues du thermalisme et la présence du casino, ce qui confère à la commune une aisance financière certaine. Elle a toutefois dû verser d’importantes pénalités au titre des retards pris en matière de production de logements sociaux. Elle doit poursuivre l’effort de rattrapage qu’elle a entrepris en la matière. Les personnels communaux sont nombreux et disposent de conditions de rémunération qui, bien que peu dynamiques, demeurent très favorables et présentent des irrégularités. Les agents bénéficient d’un temps de travail inférieur à la durée légale. Cette situation devait être régularisée d’ici la fin 2018.”

Incidence forte sur le tourisme

Le thermalisme a une incidence forte sur le tourisme. L’office de tourisme accueille 122 000 visiteurs par an, emploie 11 personnes et est classé en catégorie 1 depuis 2013. Constitué sous forme d’EPIC, il dispose d’un budget, conséquent : 1,7 M€. Il se situe ainsi parmi les offices de tourisme les plus importants du territoire de l’ancienne région Languedoc-Roussillon. La chambre note  : “Le potentiel du produit de la taxe de séjour sur le territoire communal, évalué à 1,4 M€, est fort. Le montant perçu a doublé depuis 2008 (passé de 300 à 650 k€). “L’optimisation des produits nécessiterait le passage de la tarification au réel à une tarification au forfait, et l’imposition de l’ensemble des meublés touristiques.” Toutefois la commune, qui a mis en place, à l’office de tourisme, une centrale de réservation à disposition des propriétaires de meublés (pour informer sur les disponibilités) et qui est ainsi parvenue à référencer un nombre croissant de ceux-ci, souligne la difficulté de contrôler l’ensemble des 3 200 logements concernés. Sans parler du casino, à proximité des thermes, et qui génère 160 000 entrées par an.

Photo : @Dacosta/Thermes de Balaruc

Avec un bémol : “ Un nouvel établissement thermal (NET) a ouvert en octobre 2014, afin de se substituer aux deux anciens établissements Athéna et Hespérides, et poursuivre l’engagement en matière de diversification (cures courtes non médicalisées, politique de marques)”. Le conseil régional, dans son arrêté de subventionnement du NET, a souligné : “Cet équipement permettra à la commune (…) de répondre aux enjeux règlementaires, financiers (coûts d’exploitation) et stratégiques, notamment dans la perspective du déremboursement des cures par l’assurance maladie”. Une nouvelle blanchisserie et, en son sein, un nouveau laboratoire cosmétique, ainsi qu’une unité de traitement des boues ont également été réalisés par la commune sur son territoire ou à Gigean, sur le parc d’activité la Clau. L’ensemble de ces équipements a représenté un investissement de près de 60 M€.

Pour autant, “le chiffrage du coût d’ensemble de cette stratégie n’a pas été établi ni a fortiori présenté en conseil municipal. Et le coût patrimonial pour la commune de destruction des anciens bâtiments demeure à établir. “En l’état, et sous ces réserves, le coût global de cette stratégie peut être évalué à 99 M€ en investissement.”

Les ingrédients d’une réussite

“Les conclusions du rapport de la CRC sont bonnes”, réagit Gérard Canovas, le maire de Balaruc-les-Bains. Ce sont les fruits d’une bonne gestion, précise-t-il en substance. Peut-être avaient-ils connaissance également de notre projet Balaruc 2032 qui propose une vision stratégique dans tous les domaines, culture, sport, économie, jeunesse, environnement et surtout sur le plan budgétaire pour les 15 prochaines années.” Comment Balaruc a-t-elle pu bonifier ses thermes depuis dix ans ? “Avec une forte volonté politique”, avoue Gérard Canovas.

“Quand nous sommes arrivés aux affaires, retrace-t-il, le préfet était sur le point de fermer le site Athéna, vieillissant ; on n’aurait finalement pu fonctionner qu’avec le second site, celui des Hespérides avec sa capacité de 18 000 curistes annuels. Il aurait été confié à un privé. Nous, on a suivi une autre stratégie : on a réussi à obtenir l’autorisation, qui trainait depuis des années, pour traiter la phlébologie et, le 1er janvier 2009, on a lancé certes dans la douleur la création d’un nouvel établissement thermal.”

La réussite a été au rendez-vous : Balaruc passe alors rapidement de deuxième à première station thermale de France, avec 54 000 curistes. “On a aussi mis en route un nouveau process de boues. La qualité des soins et la qualité thérapeutique s’en sont trouvés améliorés, précise Gérard Canovas. Dans le même temps, on a décidé de ne plus gérer les thermes en régie municipale mais en société publique locale, ce qui a été rendu possible grâce à une loi de 2010. La commune possède 85 % des actions, l’agglomération de Thau 14 % et le département de l’Hérault 1 %. Et on gère l’ensemble comme une entreprise.” Tout en améliorant le sort des salariés : “On a pu leur donner une part d’intéressement, de la participation aux bénéfices, etc.” Du gagnant-gagnant.

Olivier SCHLAMA

  • Au sens du recensement de la population, le taux de chômage des 15-64 ans est plus faible à Balaruc-les-Bains que dans l’ensemble de l’aire urbaine de Sète : 15,7 % contre 18,6 %, en 2014. La commune se caractérise par un pourcentage particulièrement élevé de résidences secondaires (54 %) par rapport à la moyenne du département (18,7 %), et un taux faible de logements locatifs sociaux (9,48 % du parc de résidences principales) au regard de l’obligation légale de 25 %, àsatisfaire d’ici 2025. La part des ménages fiscaux imposés y est plus élevée que dans l’aire urbaine de rattachement (57,3 % contre 49,5 %), et le taux de pauvreté plus faible (12,10 % contre 19,70 %).