Solidarité – île Maurice : Capillum récolte les cheveux pour combattre la marée noire

Donner ses cheveux... un geste éco-responsable ! Photo D.-R.

Le naufrage du “Wakashio” (battant pavillon panaméen pour un armateur japonais) à proximité de l’île Maurice dans l’Océan Indien, a provoqué une marée noire aux conséquences désastreuses pour les écosystèmes. Et il est encore trop tôt pour mesurer les réelles conséquences de ce naufrage. Mais pas trop tard pour agir…

Et cette fois, couper les cheveux en quatre pourrait être une bonne idée. Des ONG se sont rapidement mobilisées. Conscientes de la nécessité d’une action urgente et concrètement réalisable, elles ont immédiatement lancé un appel mondial à la collecte… de cheveux !

Le cheveu “adsorbe” 8 fois son poids en hydrocarbures

En effet, le cheveu est un adsorbant (*) naturel d’hydrocarbures, pouvant adsorber jusqu’à 8 fois son poids en hydrocarbures du fait de ses propriétés, étant hydrophobe et oléophile. Après adsorption, ses déchets peuvent être acheminés vers des centres de traitement de déchets adaptés. Actuellement, ces ONG, en collaboration avec des scientifiques internationaux et l’aide du gouvernement français, analysent les écosystèmes les plus sensibles et spécifiques de l’île Maurice (mangroves, coraux, lagons) à préserver en priorité.

Alors que tout le fioul restant dans le bateau a été pompé, les autorités locales ont annoncé qu’environ 800 tonnes de fioul se sont déversées dans l’océan. L’urgence est maintenant de contenir la marée noire afin d’éviter autant que possible que des nappes d’hydrocarbures s’échouent sur les côtes.

Un appel auprès de tous les coiffeurs et des particuliers

James Taylor et Clément Baldellou. Photo Tous droits réservés

Face à ce désastre écologique sans précédent pour ce territoire, James Taylor et Clément Baldellou, co-fondateurs de Capillum, start-up française (à Clermont-Ferrand) spécialiste de la collecte et du recyclage du cheveu, ont décidé de s’investir, bénévolement, dans une opération exceptionnelle de collecte et d’acheminement de cheveux vers ces ONG.

Tous deux ont lancé un appel auprès de tous les coiffeurs français, européens et, même, mondiaux,… et le retour a été immédiat. Leur partenaire logistique Urby, filiale de La Poste et de la Banque des Territoires, contribue à l’opération avec ses entrepôts situés dans plusieurs villes de France afin que les coiffeurs y déposent leurs sacs de cheveux.

James Taylor, co-fondateur de Capillum, explique une démarche qui est une véritable philosophie pour la start-up : “Dans les déchets, on trouve plus de 4 000 tonnes de cheveux chaque année en France. Dans un souci environnemental, la démarche Capillum permet de collecter les cheveux et les recycler dans le but d’apporter des alternatives écologiques sur différents marchés. Capillum se positionne comme une startup engagée, un acteur de l’économie circulaire…” souligne-t-il.

Solidarité mondiale pour l’île Maurice

James Taylor lors d’une conférence de presse, le 13 août dernier. ici en compagnie de Marie-Luce Bozom. Photo Tous droits réservés.

Et à propos de l’opération en faveur de l’île Maurice, il souligne : “Devant le drame écologique à l’Ile Maurice, Capillum, sollicité par des locaux, a décidé d’agir en lançant une mobilisation qui fait appel au don de cheveux afin d’aider à l’adsorption des hydrocarbures. C’est une solidarité mondiale pour venir en aide à l’Ile Maurice. Capillum est pour cela en relation avec Projet Rescue Ocean, ONG présente mondialement et qui a une antenne à l’île Maurice, au plus près des locaux engagés pour sauvegarder leur écosystème.”

Au-delà de cette mobilisation pour aider l’Ile Maurice, “Capillum s’engage à constituer des stocks d’urgence pour pouvoir agir plus rapidement en cas de nouvelle catastrophe écologique.” La start-up clémontoise est partenaire d’Urby, filiale du Groupe la Poste et la Banque des Territoires, qui a ouvert tous ses points de collecte français pour que tous les coiffeurs, mais aussi les particuliers dans la mesure où ils peuvent collecter des sacs de 50 litres, puissent y déposer leurs dons gratuitement.

Tous les cheveux sont bons à prendre !

Une précision : “Tout cheveu (teinté, court, long, bouclé, raide, crépu, de toute couleur…) est un cheveu bienvenu ! A chacun de contribuer pour sauver l’île Maurice”, insiste James Taylor. En Occitanie, il existe plusieurs points de collecte de cheveux. Notamment l’association Project Rescue Ocean, à Béziers (386 Rue Augustin-Jean Fresnel), mais aussi Urby à Montpellier (900 rue de l’industrie, Du lundi au vendredi : 10h – 16h) et Urby Toulouse (8 avenue de Fondeyre Horaires : 8h – 13h / 14h – 17h).

Philippe MOURET

(*) Adsorber, selon Larousse : Phénomène par lequel des solides pulvérulents ou poreux, des solutions retiennent à leur surface des molécules, des ions en phase gazeuse ou liquide.
Capillum, l’engagement écologique : Saviez-vous que chaque jour en France, près d’un million de personnes se font couper les cheveux, ce qui représente des tonnes de déchets non recyclés. Notre territoire compte en effet deux fois plus de salons de coiffure que de boulangeries* ? L’impact de l’engagement citoyen par le recyclage des cheveux peut donc être conséquent. C’est cela la démarche Capillum : être convaincu que toute personne peut avoir un impact écologique réel avec quelque chose d’aussi simple qu’une coupe de cheveux. Site officiel https://www.capillum.fr/

Dis-Leur ! qu’il faut sauver les océans