Société : Les signalements pour violences conjugales en hausse de 16 %

Photo : Olivier SCHLAMA

Ces violences conjugales sont peu fréquemment suivies de plaintes, en particulier lorsqu’il s’agit d’agressions à caractère sexuel. Pour 2020, la crainte est de voir le confinement aggraver la situation.

En 2019, au niveau France entière (y compris les collectivités d’outre-mer), les services de police et de gendarmerie ont enregistré un peu plus de 142 000 victimes de violences commises par leur partenaire (soit une hausse de 16 % sur un an), dont près de 126 000 femmes, annonce le service de la statistique du ministère de l’Intérieur (enquête complète à lire ici). Selon l’étude de la Délégation aux victimes, les morts violentes au sein du couple ont concerné 173 victimes en 2019 (contre 149 en 2018), majoritairement des femmes (146 contre 121 en 2018). Quelque 88 % des victimes de violences conjugales sont des femmes, soit 125 840, un chiffre stable.

“Cette hausse conforte un possible effet positif du Grenelle des violences conjugales…”

Parmi les signalements relevés, 3 % concernent des plaintes pour viol ou agression sexuelle, quais-exclusivement déposées par des femmes (4 320 sur 4 400). Les plus forts taux de signalement se retrouvent dans le Doubs, suivi de la Côte d’Or, Côtes-d’Armor et la Seine-Saint-Denis. Corse et Creuse ont des taux les plus faibles. Tentative d’explication de la part de ce service ministériel : “Cette hausse conforte un possible effet positif du Grenelle des violences conjugales qui s’est déroulé du 3 septembre au 25 novembre 2019, lequel a pu inciter les victimes à davantage déposer plainte et favoriser un meilleur accueil par les services de sécurité.” Pas sûr, selon un rapport sénatorial publié cet été.Celui-ci pointait un éparpillement des crédits alloués à la lutte contre les violences faites aux femmes.

Doubs, Côte-d’Or, Côtes-d’Armor Seine-Saint-Denis

Nombre de victimes de violences conjugales enregistrées par les services de police et de gendarmerie en 2019. Source : ministère de l’Intérieur.

Selon Beauvau, qui publie une carte, “le Doubs se distingue particulièrement pour le niveau des violences conjugales enregistrées (comme en 2018). Il est suivi, mais à un niveau moindre, par la Côte-d’Or, les Côtes-d’Armor et la Seine-Saint-Denis. En revanche la Corse et la Creuse enregistrent les plus faibles taux de violences conjugales enregistrées”. Selon Marlène Schiappa,“le confinement est devenu un instrument supplémentaire pour les agresseurs”,disait-elle en avril dernier. Du 16 mars au 12 avril, le ministère de l’Intérieur avait noté une hausse de 48 % des interventions à domicile par rapport à 2019. Ce n’est pas tout.

Selon l’Insee, qui réalise des enquêtes de victimisation Cadre de vie et sécurité, deux ans après la promulgation d’une loi créant des infractions spécifiques, 1 746 infractions d’outrages sexistes ont été enregistrées en France par les forces de sécurité : 1 004 entre le 1er août 2019 et le 31 juillet 2020 et 742 sur la même période un an plus tôt. Il s’agit le plus souvent “d’outrages sexistes portant atteinte à la dignité ou créant une situation intimidante, hostile ou offensante imposée à une personne” : ils représentent 65 % des outrages sexistes depuis la promulgation de la loi. Les régions qui enregistrent le plus d’infractions d’outrages sexistes sont les Hauts-de-France, l’Île-de-France et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, comme l’année précédente.

Olivier SCHLAMA

À lire aussi sur Dis-Leur !