Sète : “Le concours de chansons Georges-Brassens gagne en qualité…”

Présidé par l’artiste Marie Brune, le tremplin sétois est de plus en plus réputé. Comme le traduisent avec talent le groupe La Déryves, de Rodez, et la Sétoise La Piétà. Il reste jusqu’au 15 janvier pour candidater sous l’oeil bienveillant du grand Georges !

Le “sweet power”, de Squid Game et autres avatars sud-coréens comme le groupe BTS, c’est cette culture mondialisée qui a supplanté la culture étasunienne et qui a conquis jusqu’à la jeunesse française… ! Et pourtant la chanson française ne perd pas un pouce de terrain ! Un exemple ? Les tremplins de chansons françaises conquièrent, eux, toutes les générations. Grâce à leur univers pop-rock épuré et, c’est une condition sine qua non, des textes exclusivement en français, le groupe ruthénois La Déryves qui se produit beaucoup en Occitanie (1), a remporté la 7e édition du Trophée Georges-Brassens. C’est un concours de chansons qui s’adresse aux auteurs, compositeurs et interprètes en langue française et qui est organisé en hommage à Brassens, à l’écriture, aux beaux textes, par le Club du même nom créé en 2015 par Jeanne Corporon, devenue entre-temps élue à Sète.

Les artistes ont jusqu’au 15 janvier pour concourir

La Déryves, juste après leur couronnement au Georges-Brassens, l’an dernier. Ph. DR
Avec Gaëtan Roussel…

Alors qu’il ne reste que jusqu’au 15 janvier aux artistes pour concourir, l’un des deux cofondateurs, Yves Bertrand, a un message : “C’est un très beau concours. On l’a sans doute emporté grâce à notre univers. Et cette participation nous a apporté de la notoriété…! C’est bon pour notre image et rien que le nom de Brassens, c’est porteur…” Cette 8e édition du trophée Georges-Brassens se déroulera le vendredi 3 mars 2023 au conservatoire Manitas de Plata à Sète. L’entrée y est libre mais il faut réserver sa place dès maintenant, en ligne ICI.

Fondé en 2007, le groupe de Rodez (Aveyron), aux déjà 1 400 concerts donnés dans toute la France devait se produire cet été – comme tous les gagnants du trophée – au mythique Théâtre de la Mer, en première partie de Christophe Maé, dans le cadre du Festival Quand Je Pense à Fernande. À cause de la pluie, la soirée a malheureusement dû être annulée.

Yves Bertrand n’en a pas gardé la moindre amertume. Ses chansons à textes n’ont-elles pas déjà été saluées, couronnées qu’elles furent par deux albums en 2011 et 2012 et un nouveau single en 2021 Ceux qui restent Debout de l’album À L’Ombre du Temps, privilégiant une ambiance intimiste. Toujours. “À la Brassens, donc !”, surligne Yves Bertrand qui est en lien avec de nombreux groupes et chanteurs dont les talentueux Thomas Dutronc et Gaëtan Roussel.Nous avons suivi Thomas Dutronc à Nantes, Lille et Niort (Zénith) avec qui nous nous sommes produits sur scène en première partie. Et nous avons aussi fait trois premières partie de Gaëtan Roussel que nous connaissons puisqu’il est de Rodez également et je l’ai même accompagné au violon sur Je t’Emmène au Vent…”, confie Yves Bertrand.

“Le trophée Georges-Brassens est reconnu en France…”

Marie Brune, DR.

Pour l’artiste sétoise bien connue et présidente du Club Brassens, Marie Brune, le concours de chansons française “gagne année après année en qualité”. La raison ? Elle est double : “Premièrement, le trophée Georges-Brassens est reconnu en France ; nous nous inscrivons d’ailleurs dans la même veine que d’autres concours de chants en langue française, comme le trophée Moustaki”. Justement, La Piétà, qui a remporté le trophée georges-Brassens, en 2020, a aussi décroché le tremplin Georges-Moustaki.

J’étais malade, sous antibiotiques, il a fallu que je prenne des billets d’avion pour venir chanter en première partie de Catherine Ringer à Sète…!”

La Piétà

Dans une pointe de cynisme amusant, La Piétà (c’est, à l’origine, le nom d’une statue de marbre de la basilique Saint-Pierre, au Vatican, représentant la Vierge Marie, douloureuse, portant le corps du Christ), de son vrai nom Virginie Nourry, avait présenté le concours Brassens aussi pour pouvoir se produire sur la scène magique du Théâtre de la Mer, à Sète. Elle a donc choisi comme nom de scène La Piétà, précise-t-elle, “comme celle de Michel-Ange que j’aimais dessiner quand je faisais des études d’art et qui pose des questions sur la place de la femme au monde…”

Elle dit : “Moi qui ne gagne aucun concours, c’était un rêve de toujours ! J’ai été surprise et contente d’avoir été sélectionnée et, bien sûr, d’avoir gagné. C’est mille fois mieux que n’importe quel Zénith ! Je viens à Sète, où je suis désormais installée, depuis toute petite… Et je n’ai pas pu me produire au Théâtre de la Mer ; la soirée ayant été annulée à cause de la crise du covid…” 

Pour l’anecdote, elle confie qu’elle était, au moment de l’annonce de sa victoire, en Italie, malade, sous antibiotiques, il a fallu que je prenne des billets d’avion pour venir chanter en première partie de Catherine Ringer à Sète ; Catherine Ringer des Rita Mitsouko, en plus, c’était totalement cohérent avec ce que je fais…! Je suis passée d’une grande joie à une grande déception…”

Et même le fameux prix Charles-Cros…

La poésie de La Piétà, en réalité, commence à sérieusement compter : n’a-t-elle pas, entre autres, reçu le fameux prix Charles-Cros – comme Brassens, en son temps ! – ; remporté le Pic d’Or ; arrivée en finale du Georges-Moustaki et qui a été sélectionnée au Printemps de Bourges en 2018. Celle qui explose aux quatre coins du pays depuis son album La Moyenne, en 2020, compose musiques et paroles “entre violence et douceur, punck-rock et slam, hurlement et murmures”, souligne Radio France qui en avait fait son coup de coeur ICI.

Qualité grandissante des artistes au Georges-Brassens

La seconde raison selon Marie Brune (elle chante aussi Barbara sur scène, lire ci-dessous) pour expliquer la qualité grandissante des artistes qui concourent au Georges-Brassens, a trait à l’époque où les talents se font davantage connaître “via les réseaux sociaux et la communication”. Alors, si vous êtes intéressés, vous pouvez encore vous inscrire ICI ! “Bon an mal an, nous enregistrons à chaque édition, confie Marie Brune,la présidente du club Brassens, une centaine de groupes ou artistes inscrits ; nous en sommes à 70 validés. La moitié environ sont originaires d’Occitanie ; les autres d’un peu partout en France. Voire de Belgique ou d’Allemagne cette annéeMais tous se produisent toujours en français ! Certains ont ainsi eux-mêmes gagné en notoriété comme La Déryves ou la Piéta qui avait gagné le trophée et qui sort pas mal d’albums ; Mehdi Krüger qui tourne beaucoup sur Lyon et Paris ou encore Marie Cheyenne qui fait sa carrière”.

Brassens nourrit des répertoires de plus en plus beaux

Entré au Panthéon de la chanson française, Georges Brassens est un monolithe, un style si affirmé, si évident, qu’il aurait pu paralyser le talent de ses descendants. Dix ans après sa mort, seuls des artistes renommés, à commencer par Maxime le Forestier, ou encore dix-huit artistes, dont Françoise Hardy, Francis Cabrel, ont tenté dans un disque collectif de montrer la voie : non seulement Brassens est immarcescible mais que son oeuvre, son état d’esprit, son envie de partage et même de morale pouvaient se transmettre, et depuis longtemps dès l’école primaire. Quarante et un ans après sa disparition, le poète, le “Grand Chêne”, nous poursuit de son zèle imbécile. Et nourrit des répertoires de plus en plus beaux.

Olivier SCHLAMA
  • (1) La Déryves : “Lors d’un premier concert, où nous n’avions pas encore de nom, un spectateur à crié allez encore une dernière chanson ! Une der’ Yves … d’où la déryves car on se prénomme tous les deux Yves.” Yves Bertrand et Yves Fabre.

Quand Marie Brune chante Barbara

Quant à l’autrice, compositrice, interprète, Marie Brune, elle, amorce une nouvelle facette de sa carrière, en se produisant sur scène en chantant… Barbara. Un autre mythe cont le nom commence par un B. “Après quelques années d’absence de scène, dit-elle simplement, j’ai rencontré une pianiste, Morisse (Lison Mezzina), elle-même, autrice, compositrice et interprête.” Toutes deux ont déjà donné un premier tour de chant à la salle Tarbouriech abritée au coeur du Théâtre de la Mer, à Sète, le 24 septembre. D’autres dates et d’autres lieux sont en pourparlers.