Résidences secondaires : L’Occitanie en tête des régions françaises

Un logement sur sept est une résidence secondaire en Occitanie qui compte 551 000 pieds-à-terre, dont 113 000 dans l’Hérault. Le phénomène s’accélère avec la crise qui a débuté il y a deux ans. Avec un effet pervers : une tension induite sur le marché du logement. Pour tenter de contrer une spéculation foncière sans précédent, et aider les locaux à se loger, de plus en plus de villes ont décidé de majorer leur taxe d’habitation, à l’image de Sète ou Montpellier.

Vacances, week-ends, volonté de se constituer un patrimoine ou préparer sa retraite au soleil : les raisons qui président à l’achat d’une résidence secondaire sont multiples. Avec la crise, la tendance s’accélère, constate l’Insee. Avoir un chez soi en dehors des grandes métropoles apporte une vraie bouffée d’oxygène, y compris dans l’optique de télétravailler dans un cadre plus agréable, voire bucolique. “Avec 501 000 résidences secondaires, l’Occitanie est la région la mieux dotée de France devant Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes : elle concentre 16 % des résidences secondaires de métropole”, indique l’Insee Occitanie.

Région très attractive depuis la mission Racine

“L’ambiance à la Grande-Motte a bien changé mais elle a gardé un charme intact !” s’exclame une sexagénaire parisienne qui a ses habitudes le midi au snack chez Popeye. Photo : Olivier SCHLAMA

Climat doux, paysages très variés, allant de la campagne, à la montagne et bien sûr un littoral de 220 km (qui concentre 41 % des résidences secondaires, soit presque le double des zones de montagne à 22 %). Les 37 % restantes sont dispersées sur les autres espaces du territoire régional : l’Occitanie reste une région reste très attractive, surtout depuis le lancement de la mission Racine, dans les années 1970-1980. Plus précisément, “l’Hérault et les Pyrénées-Orientales concentrent à eux seuls deux résidences secondaires d’Occitanie sur cinq. Avec 113 000 pied-à-terre, l’Hérault arrive en 4e position des départements français derrière les Alpes-Maritimes, le Var et Paris ; les Pyrénées-Orientales en 8e position avec 86 000 résidences secondaires.” Dans la région, il a été multiplié par 4,5 depuis 1968 contre 2,3 pour les résidences principales.

Les 47 communes du littoral concentrent plus du tiers des résidences secondaires

À noter que les communautés d’agglomération du Grand Narbonne, de Hérault Méditerranée et la communauté urbaine Perpignan Méditerranée Métropole sont les EPCI qui abritent le plus de résidences secondaires. Les 47 communes du littoral concentrent même, à elles seules, plus d’un tiers des résidences secondaires de la région.

Dans la région, c’est en Lozère que les résidences secondaires pèsent le plus dans l’ensemble des logements : 28,6 %, ce qui place le département en 4e position derrière les Hautes-Alpes, la Corse-du-Sud et la Haute-Corse. Les Pyrénées-Orientales se distinguent également avec près d’un quart des logements en résidences secondaires. À l’inverse, en Haute-Garonne, elles ne représentent que 4 % de l’ensemble des logements. Et moins de 10 % dans le Gers, le Tarn et le Tarn-et-Garonne.

Pyrénées-Cerdagne, Haute-Ariège, Pyrénées-Catalanes

Dans certaines communautés de communes pyrénéennes, “en partie du fait de la présence de stations de sports d’hiver, plus de la moitié des logements sont des résidences secondaires (celles de Aure-Louron, de la Haute-Ariège et des Pyrénées-Cerdagne). C’est même près des trois quarts des habitations de la CC Pyrénées Catalanes”.

Et même dans les Cévennes

De même, dans les Cévennes, près de la moitié des logements des communautés de communes des Causses Aigoual Cévennes et des Cévennes au Mont Lozère sont des résidences secondaires. Le poids des résidences secondaires est également important (supérieur à 30 %) au nord de Cahors (communauté de communes du Causse de Labastide-Murat) et dans trois intercommunalités du sud de l’Aveyron.

Spéculation immobilière

“La France est le dernier pays de notre projet d’expansion internationale pour 2020”, déclare Michael Valdes, président d’eXp Global, société immobilière. Photo de l’Arbre Blanc, à Montpellier. Olivier SCHLAMA

Effet pervers de cet essor fulgurant, les prix flambent dans les communes prisées, accentuant un peu plus les tensions sur le marché du logement locatif et, par incidence, sur les ventes de logements et de maisons. Le phénomène est particulièrement aigu sur le littoral, les grandes villes et, géographiquement, dans notre région Occitanie. Comment lutter face à cette spéculation foncière sans précédent ?

Hausse de la taxe d’habitation

Pour contrecarrer également la hausse parallèle du nombre de résidences secondaires, non louées ou réservées pour des locations de courte durée par l’intermédiaire de plates-formes comme Airbnb, de plus en plus de communes ont décidé d’augmenter lourdement la majoration sur la taxe d’habitation des résidences secondaires qui s’allonge de semaine en semaine. De quoi espérer inciter une partie des propriétaires à remettre leur bien dans le circuit en les vendant ou les louant.

Montpellier, Sète, Marseille, Biarritz…

Le coeur de ville de Montpellier. Photo : Olivier SCHLAMA

Montpellier, Sète, Marseille, Biarritz, La Rochelle… Dans les villes où le pourcentage de résidences secondaires devient insupportable, certaines municipalités jouent sur l’un des rares leviers à leur disposition : la majoration de la taxe d’habitation – supprimée pour 80 % des propriétaires de résidences principales, pas pour les 3,2 millions de propriétaires de résidences secondaires en France – parfois jusqu’à 60 % -le maximum légal -, comme à Marseille, qui a ainsi voté cette mesure exceptionnelle en septembre, contre 20 % jusque-là. copiant ainsi d’autres métropoles attractives comme Montpellier ou Bordeaux cet été. Paris et Nice les avaient précédé il y a des années.

 + 40 % à Sète qui compte 18 % de logements vacants

Sète, très à la mode, a décidé, elle, d’une majoration de 40 %. Ainsi huit autres communes héraultaises ont décidé une hausse identique. Quelque 1 151 communes où il y aurait un déséquilibre flagrant entre offre et demande de logements, auraient potentiellement la possibilité de surtaxer la taxe d’habitation. Sète, par exemple, n’a pas hésité. Dans cette ville, très courue pour ses nombreux tournages de films et séries fictionnelles, où l’on vient de clore le Centenaire Brassens, la part de logements vacants est énorme : 18 % ! De quoi tenter de faire baisser la pression sur le marché de l’immobilier proche du blocage. Il faudra cependant , aux yeux de nombre d’observateurs, bien davantage pour que les locaux des villes immobilièrement déséquilibrées arrivent à se loger dans leur ville.

Olivier SCHLAMA