Rentrée littéraire : Défilé de nouveautés, défilé de coups de coeur

Marie-Cécile Faret, libraire à l'Échappée belle à Sète. "Nous avons lu beaucoup de premiers romans par intérêt pour les nouvelles plumes. On nous attend là-dessus, sur le conseil..." Photo : Olivier SCHLAMA

Des livres à tire-d’aile ! Ce sont 567 nouveautés – dont 381 d’auteurs Français et 94 premiers romans – qui sortent entre fin août et début novembre en librairie. Une sortie très étudiée pour permettre aux acheteurs-lecteurs de faire leurs emplettes au moment de Noël. Ce grand nombre de parutions est plutôt stable, et heureusement, loin du record de 2007 qui avait atteint 727 titres ! Panorama, en Occitanie, de ce phénomène littéraire et commercial très français.

Que ce soit le toujours très discuté et clivant dernier ouvrage de Christine Angot (Un Tournant de la Vie) ou d’autres valeurs sûres comme Un monde à portée de main de Maylis de Kerangal ; à Emmanuelle Bayamack-Tam (Arcadie) jusqu’à Jérôme Ferrari (A son image), prix Goncourt 2012, la rentrée littéraire est à chaque fois un rendez-vous fort avec les lecteurs.

Selon les derniers chiffres du Centre national du livre, 28 % des Français achètent au moins 20 ouvrages chaque année, ce qui place l’Hexagone à la 9e place dans le monde, derrière la Suède et devant la Hongrie. L’Inde, La Thaïlande et la Chine trustant les trois premières places.

En cette rentrée, pas moins de 180 titres d’auteurs régionaux sont publiés au catalogue de Occitanie Livre et Lecture”

Marie-Christine Chaze, vice-présidente de l’association

Et en Occitanie ? C’est le même engouement. “En cette rentrée, pas moins de 180 titres d’auteurs régionaux sont publiés au catalogue de Occitanie Livre et Lecture”, explique Marie-Christine Chaze, qui est la vice-présidente de cette structure de promotion émanant du conseil régional d’Occitanie. Attention, cela ne signifie pas que l’Occitanie compte pour plus  de 20 % des sorties littéraires en France. Certains auteurs sortent plusieurs ouvrages à cette occasion-là et certains ne sont pas publiés par une maison d’édition basée en Occitanie. Particularité régionale, Livre et Lecture organise deux “rentrées officielles” archaïsme des deux anciennes régions d’avant la fusion, l’une les 17 et 18 septembre à Toulouse ; la seconde à Montpellier en mars prochain.

J’ai été surprise du nombre de livres autour du père, de la place du père et du rapport au père sont présents à l’instar de Oublie mon père de l’Aveyronnais Manu Causse, installé à Toulouse ; Le Nom du père de Michèle Gazier ou encore Je voudrais que la nuit me prenne d’Isabelle Desesquelle.”

Cécile Jodlowski-Perrot, directrice de Livre et Lecture.

L’Occitanie peut s’enorgueillir d’avoir dans ses rayons ses propres auteurs qui comptent. On pense à l’Héraultaise Isabelle Wlodarczyk (Argos, le Compagnon d’Ulysse) ; mais aussi à la Montpelliéraine Natyot (le Nord du monde), etc. On trouve cette année une belle collection littérature jeunesse. Et cette remarque de la directrice de Occitanie Livre et Lecture, Cécile Jodlowski-Perrot : “J’ai été surprise du nombre de livres autour du père, de la place du père et du rapport au père sont présents à l’instar de Oublie mon père de l’Aveyronnais Manu Causse, installé à Toulouse ; Le Nom du père de Michèle Gazier ou encore Je voudrais que la nuit me prenne d’Isabelle Desesquelle.”

Vingt-cinq auteurs invités les 17 et 18 septembre à Toulouse

Il y a aussi Une Jeune femme perdue dans le siècle à la recherche de son père, de Dominique Nedellec, qui vit à Figeac, traducteur du Portugais Tavarès ; ou encore le Nord du monde, de la Montpelliéraine Nathalie Yot. “Lors de la présentation de cette rentrée littéraire, nous avons invité pas moins de 25 auteurs à Toulouse”, précise Cécile Jodlowski-Perrot.

Conseils et bonne humeur à l’Échappée belle, à Sète

Dans la librairie l’Échappée belle, à Sète, Marie-Cécile Faret, libraire, distille conseils et bonne humeur. “Nous avons lu beaucoup de premiers romans par intérêt pour les nouvelles plumes, dit-elle. On nous attend là-dessus, sur le conseil…”

Mais, pour cette librairie qui loue le professionnalisme de l’équipe de Occitanie Livre et Lecture, “on ne conseille pas en fonction de la géographie mais de la qualité d’écriture. Ainsi, en cette rentrée, Marie-Cécile Faret a ses chouchous qui publient pour la toute première fois un roman, à l’image de Inès Bayard (Le Malheur du bas) qui a une “maîtrise de la langue impressionnante” ; Estelle Sarah-Bulle qui vient d’obtenir le prix Stanilas du premier roman pour Là où les chiens aboient par la queue ou encore David Diop pour Frère d’âme, sur la vie des tirailleurs sénégalais lors de la Première guerre mondiale, une guerre “usinière”, comme dit Blaise Cendars. Un roman d’amitié où l’un des protagonistes perd la raison. Une autre guerre…

Cette rentrée est un bon cru. On n’est pas tout à fait d’accord avec la listes des auteurs qui pourraient être récompensés par des prix…”

Librairie au Fil des Mots de Blagnac

Quant au livre numérique, il ne viendra pas vider les rayons de si tôt : même si les grands classiques peuvent se télécharger gratuitement, les éditeurs proposent des prix d’achat quasi-similaires aux livres de papier, voire à des prix très haut comparativement au coût d’un livre de poche. Dissuasif. Et puis, explique Marie-Cécile Faret, “la liseuse, c’est un complément idéal pour le voyage ou les déplacements. Et ceux qui utilisent des sur liseuses lisent aussi des livres classiques en papier…”

A Blagnac, en Haute-Garonne, à l’autre bout de la région, proche de Toulouse, à la librairie Au fil des mots, “on a beaucoup lu et conseillé beaucoup de coups de coeur, explique-t-on. Cette rentrée est un bon cru. On n’est pas tout à fait d’accord avec la listes des auteurs qui pourraient être récompensés par des prix…” Et de citer un auteur à la fois régional et local (il est de Blagnac), Gautier Battistella qui publie chez Grasset Ce que l’homme a cru voir.

Le dernier Joncour, Chien-Loup, les Fureurs invisibles du coeur de John Boyne qui nous plonge dans l’Irlande des années 1940 par l’entremise d’une fille-mère, bouleversant…”

Librairie Rouge et Noir, Saint-Chély-d’Apcher

Dernier avis avec le libraire du Rouge et Noir, de Saint-Chély-d’Apcher (Lozère) : “Nous avons été marqués par quelques livres, dont le dernier Joncour, Chien-Loup, les Fureurs invisibles du coeur de John Boyne qui nous plonge dans l’Irlande des années 1940 par l’entremise d’une fille-mère, bouleversant…” Comme auteurs régionaux, il cite “Sylvie Baron pour le Cercle des derniers libraires, ou Guy Pajot et son le Lardas de Thoras : dans le 19e siècle puritain, l’histoire d’un criminel au coeur de la Margeride…

Au coeur d’un écosystème relativement important puisqu’on y trouve 3 759 opérateurs et 11 400 emplois. Et la filière tout entière est dynamique : elle génère 137 millions d’euros de chiffre d’affaires.”

Marie-Christine Chaze, vice-présidente de Livre et Lecture

L’association Occitanie Livre et Lecture, qui dispose d’un budget de plus de deux millions d’euros par an, organise la promotion de la production littéraire d’auteurs régionaux. Au programme, rencontres et promotions diverses autours de rencontres d’auteurs, éditeurs, libraires… “Nous avons un éventail de dispositifs d’aides aux auteurs et aux éditeurs qui passe par des bourses, notamment, mais aussi on essaie de promouvoir des auteurs en leur offrant, des possibilités d’être en résidence ; c’est une sorte de prise en charge qui leur libère l’esprit pour qu’ils se consacrent à l’écriture”, explique Marie-Christine Chaze vice-présidente de Occitanie Livre et Lecture

Cette dernière, qui en fut la présidente par le passé, ajoute : “Dans la région, nous sommes au coeur d’un écosystème relativement important puisqu’on y trouve 3 759 opérateurs et 11 400 emplois. Et la filière tout entière est dynamique : elle génère 137 millions d’euros de chiffre d’affaires.”

Olivier SCHLAMA

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