Régionales, départementales : La petite reine a déjà remporté la course

L'Ariège à vélo, Voie verte familiale en Ariège. Photo : Raphaël Kann

“Tout le monde est pour le vélo !” dit Henri Nayrou, ancien président du département de l’Ariège et ex-rédacteur en chef de Midi Olympique qui a vu naître cette “mode”. À Toulouse et Montpellier, c’est la course aux armements à l’heure où le mot coronapiste entre dans le dictionnaire ! L’opération nationale Mai à vélo ne fait que confirmer l’engouement pour le deux-roues. Dans les grandes villes comme dans les départements ruraux, la petite… reine.

La convergence des luttes, version écolo. Alors que la loi climat vient d’être solennellement approuvée à l’Assemblée nationale, Olivier Schneider pousse un tonitruant cocorico. Le président de la Fub, Fédération des usagers de la bicyclette, ne manque jamais de faire la promotion du vélo. “Parmi les choses remarquables on retiendra la place grandissante du vélo…”, fait-il accroire. Ce n’est pas tout à fait vrai.

Sont, par exemple, gravées dans le marbre une prime à la conversion élargie “aux personnes souhaitant remplacer un vieux véhicule” polluant par un vélo à assistance électrique ou encore un “bonus vélo” pour l’acquisition de vélos cargos pour des usages variés. Mais cette place du vélo fut acquise à la longue. Du lobby intensif des associations locales qui mordirent le mollet de leurs maires respectifs à moins qu’ils ne fussent tout acquis à la cause, comme Mickaël Delafosse.

Montpellier consacre une enveloppe de 150 M€

vélo

Liberté, santé, ponctualité, économie, anti-stress… En quelques années, la petite reine s’est en tout cas bien campée sur son trône avec ses qualités indéniables. Elle a même gagné la course avant de l’avoir disputée. Partout, les projets fleurissent. Montpellier ? Toulouse ? Convertis ou avertis, leurs maires ont des dépenses d’évergétistes !, comme Dis-Leur vous l’a expliqué (et lire ci-après). Au Clapas, “les moyens sont à la hauteur de l’ambition avec une enveloppe dédiée de 150 M€. Les aménagements de voirie faisant la part belle aux vélos sont déjà bien engagés, et ils se poursuivront tout au long de cette année 2021.”

Ce n’est pas tout. “En complément, la métropole de Montpellier a mis en place une aide de 500 € pour l’achat d’un vélo à assistance électrique (VAE) neuf et de 200 € pour un VAE d’occasion, aide proposée jusqu’à fin août 2021”, en plus de l’aide de 200 € de la Région Occitanie. “À compter de septembre prochain, la collectivité proposera un dispositif de location longue durée avec option d’achat de 3 000 vélos électriques.” On en fait même la promotion, avec clip sur YouTube !

Le marché du vélo a bondi de 25 % en un an

Le marché français du vélo a bondi de 25 % en un an. Comme Dis-Leur vous l’a expliqué, poussé par le smeusres gouvernementales et la crise du covid, ses affidés ont réussi à faire construire pendant les confinements des coronapistes, mot entré récemment dans le Larousse ! Et à élaborer de véritable schémas de développement. Selon l’Union Sport & cycle, qui représente la filière, le nombre de vélos est resté stable à 2,6 millions d’unités vendues mais le chiffre d’affaires a atteint 3 trois milliards d’euros, dopé par les ventes de vélos électriques (500 000 en 2020, soit un vélo sur cinq vendu en France et + 29 % de croissance), dont le prix moyen n’est pas roupie de sansonnet : 2 079 €.

Au coeur des élections régionales et départementales

Entre 400 000 et 500 000 vélos sont volés chaque année… Ph. DR.

C’est dans ce contexte que la puissante Fub place le vélo au coeur des élections départementales et régionales. “Les élections de juin 2021 peuvent marquer un tournant tout aussi majeur, pour couvrir petit à petit la France entière de systèmes vélo structurants durant les six prochaines années”, dit-elle. Déjà, à l’occasion des municipales 2020, la plateforme Parlons vélo avait enregistré un millier de contributions de candidats. Un an plus tard, rebelote.

Les candidats interpellés sur leurs programmes

C’est au tour des candidats aux départements – compétents dans l’aménagement des collèges et la réfection des voiries, par exemple et aussi de voies vertes – et des régions – compétentes dans celui des lycées, entre autres – de montrer qu’ils ont intégré le vélo dans leurs préoccupations générales. Sur Parlons vélo, les candidats sont mis à l’épreuve : avez-vous prévu de créer un poste de vice-président aux mobilités douces, leur est-il demandé ; lancerez-vous un plan vélo ambitieux ; avez-vous prévu, est-il écrit à destination des futurs exécutifs, un budget dédié à la bicyclette ? ; au soutien des associations de cyclistes ? Jusqu’aux racks – rayons de rangement – dans les bus. Tout y passe jusque et y compris les efforts, parcours de formation autour de la filière…

Nous établirons même un comparatif des différents engagements de programme”

Olivier Schneider, président de la Fub
CD09 Voie verte AP Roumengoux en Ariège

“Dans la foulée, nous établirons même un comparatif des différents engagements de programme”, confie Olivier Schneider qui vole de réunion en rendez-vous avec, un jour, Roxana Marcinéanu, ministre des Sports ; un autre avec Barbara Pompili, titulaire du maroquin de la Transition écologique. “Vous avez raison, quelque part le vélo a gagné… Il est entré dans les moeurs. Mais, il y a eu tout un travail préliminaire auprès des élus pour leur donner envie et leur dire qu’on va les suivre de près”, acquiesce le président de la Fub. “Notre souhait c’est que le vélo soit considéré comme un sujet citoyen “normal” au même titre que la sécurité…”

Les bouchées doubles dans le Toulousain

Dans le toulousain, on a depuis un moment aussi mis les bouchées doubles. Le comparatif fera parler. Là, c’est le département de Haute-Garonne qui enclenche le starter. Réalisation de pistes dédiées aux cyclistes, notamment pour les trajets domicile-travail, création de nouvelles aires de covoiturage et incitation au télétravail avec le soutien à la création de tiers-lieux.

Après la création d’une première voie cyclable provisoire fin avril 2020 à Toulouse avenue Etienne Billières, Toulouse avait créé en 15 jours de nouveaux aménagements en faveur du vélo… Photo : Patrice Nin.

Projets structurants dans l’ouest, le sud-est et le sud-ouest de Toulouse, les REVe (Réseau express vélo) vont proposer 42 kilomètres d’autoroutes cyclables aménagées, totalement sécurisées pour les cyclistes et dédiées aux déplacements du quotidien. À terme, ces cinq équipements qui mobilisent 53 M€ d’investissements du conseil départemental, permettant de relier Toulouse aux principales villes de l’agglomération, Muret, Labège, Escalquens ou Colomiers.

Toulouse va investir 350 M€ en treize sites propres

Toulouse porte elle aussi une grande ambition : 350 M€ investis dans les prochaines années (25 M€ par an,) en treize sites propres, dont deux entrantes et deux circulaires. Ce plan directeur est cofinancé par la Métropole, la Région Occitanie, le département de la Haute-Garonne et les intercommunalités autour de Toulouse, l’Etat et même l’Europe. Et, selon Olivier Schneider, ils ont “su retiré pas mal d’argent du plan de relance pour le deux roues. “Tout le monde est pour le vélo !”

La prochaine étape ? “Le vélomobile !” répond Olivier Schneider. Un engin capable de concurrencer pas mal de moyens de locomotion. “C’est un vélo couché, caréné, à assistance électrique. Son aérodynamique et son équipement permettent d’atteindre facilement les 45 km/h à 50 km/h, d’être à l’abri du vent et de la pluie, les ennemis jurés du forçat du bitume. De quoi faire 25 kilomètres en 35 minutes. Mieux que le bus ou le tram… Le jour où l’on met les mêmes aides des collectivités et les coups de pouce financiers de l’Etat…”

Olivier SCHLAMA

Département de l’Ariège : “Sur les voies vertes, il y a un monde fou !”

Ex-président du département de l’Ariège, Henri Nayrou est incollable sur la petite reine. Cet ancien journaliste qui dirigea la rédaction de Midi Olympique, dit : “Sur les voies vertes, il y a un monde fou. C’est à la mode. C’est une bonne solution pour les mobilités.” Le vélo trimbale une image saine face à “la nocivité de la voiture”. Des preuves ? ‘La course-balade l’Ariègeoise a démarré avec 455 inscrits en 1995 qui sont devenus 5 246 en 2019, dernière édition organisée, covid oblige. Dix fois plus.

“Le vélo n’était pas en odeur de sainteté…”

Henri Nayrou, ex-président du conseil départemental de l’Ariège. Photo D.-R.

Pour Henri Nayrou, les mentalités ont évolué au gré du passage du Tour de France qui repasse par ce magnifique coin les 10 et 13 juillet. “Au départ, pour les montagnards d’Ariégeois, le vélo n’était pas en odeur de sainteté”, dit-il avec franchise. “Dès 2001, avec certaines arrivées et départs du Tour au Plateau de Beille, à Guizet, etc., l’état d’esprit a commencé à évoluer ; il y aussi eu le monde des intrépides qui se sont mis à traverser les Pyrénées ; la Handaye-Cerbère…”

Mai à Vélo donne envie de découvrir les 100 km de voies vertes financées par la conseil départemental

Aujourd’hui, l’engouement est populaire. Le département de l’Ariège participe évidemment à Mai à Vélo, une démarche nationale, pour donner envie de pédaler en famille ; de découvrir les 100 km de voies vertes financées par la conseil départemental qui investit massivement, de l’ordre de 500 000 € chaque année depuis 2003 !

CD09 Théma Voie verte Ariège

Du côté de la collectivité, on détaille :Nous avons réalisé plusieurs tronçons de voies vertes, notamment entre Saint-Girons et Foix (45 km) qui est complète depuis cet hiver ; une autre en Pyrénées-Cathares de 40 km entre Lavelanet et Moulin-Neuf qui court jusqu’à la frontière avec l’Aude et qui passe au pied du château de Montségur et jusqu’au Canal du Midi ; une troisième voie verte de 15 km part de Saint-Girons jusqu’à Lacave, à la frontière avec la Haute-Garonne… Enfin, en 2022,Enfin, en 2022, le Département de l’Ariège aménagera un nouveau tronçon de voie verte entre Mirepoix et Pamiers, et soutiendra également le projet de voie à mobilités douces porté par la Communauté de communes de Haute Ariège, en direction d’Ax-les-Thermes.

L’Ariégeoise, la Route d’Occitanie, le Tour de France…

Pour parfaire cette culture cycliste ariégeoise, il existe des courses vernaculaires qui vont rythmer les prochains mois : l’Ariégeoise, donc, le 26 juin, la Route d’Occitanie qui passe par l’Ariège le 13 juin, le Tour d’Occitanie (une course féminine professionnelle) les 6 et 7 août… La Route d’Occitanie (départ de la 4e étape, le 13 juin), la Casartelli (4 et 5 septembre) et encore la Ronde de l’Isard (du 29 septembre au 3 octobre).

L’Ariège participe donc pleinement à ce mois Mai à Vélo. Vous pouvez vous associer à ce défi national très simple : téléchargez gratuitement l’application Géovélo sur votre smartphone, rejoignez une communauté, comme le département de l’Ariège. Chaque kilomètre parcouru sera enregistré par l’application et additionné aux distances réalisées par les autres cyclistes, cyclos et vététistes inscrits. Les départements de l’Orne, du Val de Marne, du Loiret, du Nord sont déjà en selle. Et si, au cumul, l’Ariège devenait le territoire le plus vélo de France ?

O.SC.

Dis-Leur ! vous transporte !