Rectrice d’académie : “Nous déconseillons de maintenir les classes de neige”

Même si les sorties avec nuitées, dont les classes de neige, sont déconseillées, elles ne sont pas interdites. Photo : Olivier SCHLAMA

C’est dans le primaire qu’il y a le plus de classes fermées. Sophie Béjean déconseille de maintenir les sorties avec nuitées, dont les classes de neige. Par ailleurs, 68 médiateurs ont été recrutés pour faire du contact tracing auprès des élèves et les communes peuvent se faire aider pour acheter des capteurs de CO2. après quatre jours de reprise, 112 classes ont été fermées.

Comment s’est passée cette reprise qui, finalement, n’a pas été reculée ?

Elle s’est passée du mieux possible : certes, avec des personnes absentes pour des raisons sanitaires. Et, quelque part, tant mieux, parce qu’il s’agit quand même de limiter les contaminations. Nous mobilisons et nous mobiliserons toutes nos forces de remplacement pour que les élèves soient accompagnés. Ce que nous avons pris comme mesure c’est de reporter certaines formations ou des activités moins urgentes pour concentrer nos moyens de remplacement sur le mois de janvier qui va sans doute être le mois crucial avec Omicron. On est organisés pour ça. Pour être plus réactif et plus fluide.

Y a-t-il eu davantage de cas et de classes fermées en cette reprise ?

Nous le saurons en fin de semaine, le temps de consolider tous les résultats. (NDLR : Jeudi 6 janvier 2022, à 13 heures, aucune structure n’avait fermé, le rectorat comptabilise 112 classes fermées et 1 464 cas de covid confirmés ainsi que 390 cas de personnels confirmés)

Sophie Béjean, rectrice de l’académie de Montpellier. Ph. Olivier SCHLAMA

Pas d’inquiétude particulière sur des fermetures d’écoles et de classes ?

On n’a pas d’inquiétude. La mobilisation a été forte pour anticiper la reprise. Nous avons une attention particulière pour les personnels de vie scolaire. Pour faire fonctionner les restaurations scolaires ou les internats il faut suffisamment de personnels, y compris de remplacement.

Ce nouveau protocole donne-t-il beaucoup plus d’autonomie de décision aux chefs d’établissements ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’on s’inscrit dans un processus qui est quand même dans une forme de continuité. Depuis cet été, il y a un protocole en quatre niveaux. Il y a une évolution à partir de cette rentrée de janvier. Avec un contact tracing qui existe depuis le 1er novembre pour le premier degré (le primaire) : dès lors qu’un enfant est testé positif alors les autres enfants de la classe, avec un test négatif, peuvent, eux, revenir en classe. La nouveauté, c’est que à J+2 et à J+4, les familles vont pouvoir faire des auto-tests gratuits à leurs enfants revenus en classe avec une attestation sur l’honneur. On est sur une relation de confiance.

Cette évolution est importante car on va tester plus souvent. On a déployé des moyens importants pour ce suivi. On a recruté 68 médiateurs dans l’académie de Montpellier. Ils sont déployés sur le terrain au plus près des établissements scolaires. Second point important, la poursuite des gestes barrière avec les masques pour les enfants en primaire.

Il y aussi des consignes d’aération ?

Par rapport à cela, le ministre a décidé d’étendre la possibilité de cofinancer les capteurs de CO2 qui sont de la responsabilité des collectivités. Il y a une enveloppe de 20 M€ au niveau national qui a été dégagée. Ce que nous avons dit à la Région Occitanie et aux conseils départementaux et aux communes qu’elles peuvent bénéficier de ce cofinancement pour acheter ces capteurs. Nous étendons cette période jusqu’au mois d’avril. Les collectivités, les communes qui ne l’ont pas encore fait peuvent nous solliciter.

Un capteur ne coûte pas trop cher, de l’ordre de 50 €, mais tout dépend de la commune, de sa taille, de ses moyens, de ses besoins… On a un très bon taux de déploiement de ces capteurs, grâce à la région dans les lycées. Pareil dans les collèges, mais encore en cours de déploiement. Collèges et lycées ont frôle les 100 %. C’est surtout le primaire que nous visons : on est environ à 20 %. Et donc les communes que nous invitons à demander ce cofinancement. Il y a un effort à faire.

Quelle est la situation dans l’académie ?

Jusqu’en décembre et avec la hausse du taux d’incidence, on a constaté qu’il y a peu de contamination dans le second degré, les collèges et lycées. C’est conforme à l’idée que l’on a de l’efficacité de la vaccination puisque les 12 ans – 18 ans sont largement vaccinés. Là où nous avons le plus de classes fermées c’est dans le primaire.

Les classes de neiges, les sorties sont-elles possibles ?

La recommandation, c’est que l’on décourage les sorties scolaires avec nuitées. Mais il n’y a pas d’interdiction. Si l’on est dans une zone où le virus circule moins où les conditions sont telles que le protocole sanitaire est respectée… Si les parents son attentifs et testent bien leurs enfants, ils devraient passer de très bons séjours.

On est passés d’une philosophie où le protocole est le même pour tous à une autre où l’on peut décider au niveau d’une école, d’un chef d’établissement…

Ce n’est pas complètement à l’appréciation des chefs d’établissement. Ceux-ci sont responsables des bonnes conditions et de la capacité à respecter un protocole sanitaire rigoureux. Nous leur déconseillons de maintenir des sorties scolaires avec nuités. La philosophie n’a pas changé ; elle a évolué avec la crise sanitaire. Tout le monde, tous pareil, c’est quand en mars 2020 on ne savait rien du covid ; qu’il y avait nécessité de prendre une décision nationale et de l’imposer à tout le monde. Aujourd’hui, non seulement on connait mieux la situation mais on est capable de la suivre sur le terrain de manière très fine. On a un protocole de contact tracing. Dans notre région les adultes sont massivement vaccinés. On voit l’augmentation partout dans toutes les classes d’âge mais on la voit monter plus vite chez les non vaccinés.

La gestion des cas ne va-t-elle pas être un casse-tête parmi les classes de neige qui partent en ce moment ?

J’imagine qu’il y a eu une recommandation de faire un test avant de partir. S’il y a un cas positif, les parents sont appelés ; l’enfant est pris en charge. Dans ce cas-là, l’ensemble des enfants seront testés avec des auto-tests dans un premier temps. On a eu l’expérience à d’autres périodes avec quelques cas positifs : le jeune était alors mis à l’isolement et raccompagné dans sa famille. Les autres étaient testés.

C’est quand même une situation compliquée…

Oui, personne n’est à l’abri. Même les personnes vaccinées peuvent attraper le covid, heureusement, sans gravité s’ils n’ont pas de problèmes de santé et/ou de co-morbidité. C’est pour cela que l’idée de tester tous les deux jours est un moyen de suivre l’évolution sans attendre que tout le monde soit contaminé.

Vous allez bien ? Vous n’avez pas contracté le covid ?

Non ! (rire). J’ai été cas contact durant la semaine de Noël…!

Olivier SCHLAMA