Récit : “Judith et Olopherne”, un Caravage de Toulouse à New York

"Judith et Olopherne", découvert à Toulouse et attribué au Caravage

C’est le récit d’une enquête passionnante, mêlant art, mystère et histoire mais aussi convoitises ; la saga romanesque d’un chef d’oeuvre, aux multiples rebondissements et combats pour la faire authentifier. Si son attibution au Caravage a beaucoup fait débat, on sait qu’il a finalement été acheté en juin dernier. Peut-être par un milliardaire américain…

Un jour d’avril 2014, en Haute-Garonne, maître Labarbe, commissaire-priseur, est appelé pour estimer une immense toile découverte dans le grenier d’une maison bourgeoise. Frappé par les formes et les couleurs qu’il discerne sous la poussière, il a aussitôt l’intuition qu’il ne s’agit pas d’une toile quelconque.

Pour confirmer son pressentiment, il envoie une photo à Eric Turquin, grand expert parisien. Ainsi commence l’incroyable affaire Caravage, l’histoire du Judith et Holopherne attribué au Caravage. C’est à Naples, en 1607, que cet artiste de génie au destin sulfureux aurait peint cette scène dramatique, puissante et violente, tirée de la Bible.

Un acheteur américain et une “piste” flamande

Devant d’abord être vendu aux enchères, le tableau sera finalement vendu de gré à gré en juin 2019 à un mystérieux collectionneur étranger pour un prix astronomique. Coupant court ainsi à la vente aux enchères attendue mondialement. Selon diverses sources (New York Times et Gazette Drouot), l’acheteur serait le milliardaire américain James Tomilson Hill, qui a notamment ouvert son propre musée dans le quartier de Chelsea, à New York.

Certains experts n’en démordent pas, le tableau serait plutôt l’oeuvre de Louis Finson, un peintre flamand né entre 1574 et 1580 à Bruges et mort à Amsterdam en 1617 qui aurait partagé un atelier avec le Caravage, à Naples. On sait par ailleurs que Finson a passé du temps à Toulouse vers 1615… Pour les tenants de cette version, le tableau est “La Judith de Toulouse“… Il faut lire “L’incroyable affaire Caravage” pour apprécier toutes les péripéties de cette foridable dcouverte.

Philippe MOURET

L’incroyable affaire Caravage, de Patrick Bonazza, 240 pages – Format : 15 x 22 cm. Prix public TTC : 18,90 euros.
Patrick Bonazza habite à Toulouse. Après des études à Sciences-Po et Science-Eco à Grenoble, il a été amené à travailler pour L’Espress et Le Nouvel Observateur. Journaliste spécialisé en économie et auteur de nombreux ouvrages, il a travaillé pendant 20 ans comme rédacteur en chef de la section économie du Point avant de venir s’installer à Toulouse en 2015. Aujourd’hui encore, il collabore avec Le Point dans la rédaction d’articles économiques de portée nationale qu’il signe sous le nom d’André Trentin.

Caravage, plus loin avec Dis-Leur !

Le Caravage, peintre et assassin… Dans la belle collection Découvertes Gallimard, José Frèches (qui fut un temps à la tête du quotidien Midi-Libre) a fait le récit haletant de la légende du peintre voyou et maudit qui s’attache au Caravage. Une réputation qui trouve ses origines dans la vie tumultueuse de cet homme, prompt à dégainer l’épée, jusqu’à l’assassinat qui fera de lui un fugitif. Mais il est également habile courtisan dans la Rome des années 1600, très vite peintre adulé des prélats et des princes. Il est enfin, en contraste avec la Renaissance, finissante et maniériste, le précurseur du réalisme en peinture, premier d’une famille d’artistes qui, même si elle n’a pas été une école, a pris le nom de caravagisme. C’est ce Caravage-là, peintre avant tout, que José Frèches suit dans les ruelles obscures de Rome, de Naples, de Malte ou de Syracuse…

Le Caravage : La paltette et l’épée (T1), La Grâce (T2) : qui mieux que Milo Manara pouvait traduire en bande dessinée la vie sulfureuse du grand peintre ? Susceptible, impétueux, hédoniste et bagarreur, le Caravage n’est pas seulement le maître du clair-obscur et l’un des plus grands peintres de l’histoire de l’Art, c’est aussi l’auteur d’une vie d’aventure au moins aussi incroyable que son œuvre. Avec ces deux volumes, Milo Manara livre son chef-d’œuvre : rendre hommage au plus grand artiste de son temps dans une ode à l’art et à la beauté (éd. Glénat).