Pyrénées ariégeoises : Le parc naturel veut devenir réserve mondiale de biosphère

Lac et refuge du Pinet. Les Pyrénées ariégeoises rassemblent une faure et une flore remarquables. Photos : Parc naturel régional et Julien Canet.

Le PNR va déposer un dossier à l’Unesco. Dans un second temps, plusieurs autres parcs naturels partenaires en Espagne et Catalogne pourraient eux aussi être labellisés réserves de biosphère. L’ensemble serait la 5e réserve de biosphère sur trois pays au monde ! Un outil puissant de communication et pour le développement du tourisme et de filières locales. Ou comment allier écologie et développement économique.

Le bouquetin, la marmotte, le desman des Pyrénées en voie de disparition, l’ours, le gypaette, les lézards du Val d’Aran et d’Orelo, le percnoptère d’Egypte arborant un jaune improbable… Le parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises (PNRPA) réunit tout le bestiaire des Pyrénées et bien davantage ! On y trouve aussi les vernaculaires ramondies et lys des Pyrénées, etc. Ce coin d’Occitanie n’aura pas de mal à devenir une réserve mondiale de biosphère, une reconnaissance mondiale pour ce territoire qui y prétend, flanquée d’un label Unesco. Pour être labellisé, d’ici 2023, il faudra déposer un dossier en 2022 auprès du comité MAB (l’homme et la biosphère), qui représente sur ce dossier l’Unesco.

“C’est l’équivalent pour la nature du label Unesco pour le patrimoine mondial

Kamel Chibli, vice-président de la région Occitanie
Un isard des Pyrénées  Photo : Gérard Cézéra.

“C’est l’équivalent pour la nature du label Unesco pour le patrimoine mondial”, définit Kamel Chibli, vice-président de la Région Occitanie et président du PNRPA. Mais une désignation comme réserve de biosphère de l’Unesco c’est la reconnaissance internationale qu’un territoire d’une richesse exceptionnelle s’est aussi engagé à promouvoir son développement durable.

“Pas davantage de restrictions ou d’interdiction…”

“Quand on prononce le mot réserve, tout de suite cela fait penser à quelque chose de négatif. Or, ici, ce n’est pas le cas : il n’y aura pas davantage de restrictions ou d’interdiction que celles existantes aujourd’hui dans le PNR”, promet clairement Kamel Chibli. Ce label est immédiatement et mondialement compréhensible, c’est son atout principal pour communiquer voire créer une marque.

“C’est comprendre et faire comprendre la richesse qui nous entoure”, précise Kamel Chibli. “On peut très bien imaginer dans une telle réserve des projets de filière comme le bois de construction ; un développement des énergies renouvelables mais de façon raisonnée, etc.” C’est aussi une façon de déployer des “solutions de tourisme vert”, de “valoriser notre patrimoine historique, comme les lavoirs, châteaux et même les pratiques agricoles comme le pastoralisme. De s’inspirer de modèles et de réussites comme la Tome des Pyrénées qui vient de décrocher son IGP.”

Photos : Parc naturel régional et Julien Canet.

Et l’élu de rajouter : “Regardez l’impact qu’ont eu le delta de la Camargue ou les gorges du Verdon avec ce label ! Nous voulons préserver les richesses d’un territoire sans pour autant ne rien y faire économiquement. Ce label parle directement au grand public. C’est un outil. On peut faire les deux. On prépare d’ailleurs un plan de réintroduction du bouquetin et de la marmotte. Cette démarche permet de ne pas nous enfermer dans un sujet trop clivant.”

Ce label cimente tous les acteurs vers un but commun. C’est aussi une formidable valorisation pour tout le territoire”

Matthieu Cruège, directeur du PNR

Le directeur du parc naturel régional ne dit pas autre chose. Matthieu Cruège ajoute : “Ce label est un formidable levier de communication mais aussi de coopération renforcée. Pour les techniciens, bien sûr, mais aussi les élus… La feuille de route à respecter est exigeante. Ce label cimente tous les acteurs vers un but commun. C’est aussi une formidable valorisation pour tout le territoire.” Il ajoute : “Il y a beaucoup de modes de gestion de réserves de biosphères ; nous nous rapprochons davantage de celle du Queyras (mont Viso) et des Vosges du Nord qui sont des réserves elles aussi transfrontalières. Ce label leur a beaucoup apporté.”

Photos : Parc naturel régional et Julien Canet.

Dans un second temps, l’objectif est de s’associer avec les autres parcs pyrénéens, des deux côtés de la frontière espagnole pour constituer une réserve de biosphère transfrontalière, ce qui serait la première dans les Pyrénées et la cinquième dans le monde à s’étendre sur trois pays limitrophes. Car le parc pyrénéen des trois nations rassemble le Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises, le Parc naturel de l’Alt Pirineu en Catalogne et les parcs naturels de la vallée de Sorteny (commune d’Ordino), déjà labellisée réserve de biosphère en septembre 2020, et des vallées de Comapedrosa (commune de La Massana). Superficie totale de l’ensemble : 330 000 hectares.

Conservation, recherche, éducation

Dans une “lettre aux partenaires”, le PNR explique que les premières réserves de biosphère ont vu le jour en 1976. “Elles s‘appuient sur les lois nationales et n’induisent aucune réglementation supplémentaire.” Ce n’est pas une mise sous cloche. Elles favorisent l’implication et la participation des populations, la recherche de solutions modèles et encouragent l’innovation. Le but théorique d’une telle réserve ? De trois ordres : contribuer à la conservation des paysages, des écosystèmes et des espèces ; encourager un développement économique et humain durable et appuyer la recherche, le suivi scientifique et l’éducation.

Il existe 714 réserves de biosphère de par le monde dans 129 pays dont seulement 21 réserves transfrontalières à majorité entre deux pays. La France compte 14 réserves de biosphère (dont deux transfrontalière avec l’Italie et l’Allemagne), dont 4 en Occitanie : Les Gorges du Gardon, les Cévennes, le bassin de la Dordogne, la Camargue.

Olivier SCHLAMA

Pyrénées, Ariège : c’est dans Dis-Leur !