Portrait : Richard Britto, des étoiles plein les yeux

Richard Britto : Il n'y a pas de preuve mathématique. Mais je suis convaincu que dieu et la science se renforcent mutuellement sans s'opposer. Petit, je me disais il y a tellement de choses à découvrir..." Photo : Olivier SCHLAMA

A l’approche de Noël, Dis-Leur vous propose le portrait de l’astrophysicien, Richard Britto. Spécialiste de renom des rayons gamma, il n’oppose pas rigueur de la science et foi chrétienne. Pour le Sétois de 42 ans, qui scrute l’espace et les étoiles pour mieux comprendre l’univers, “les deux se complètent”. Une position originale alors que l’athéisme semble majoritaire et que des expressions comme “le pape du rock’n’roll” ou la “grand-messe du 20 heures” s’imposent dans le langage courant. Portrait.

Pour aller plus loin dans “des concepts complexes” liés à l’espace qu’il aime partager, il a besoin d’un cappuccino. Il mate la mousse comme s’il voulait lire dans le marc de café. Mais ce n’est pas style du bonhomme ! Richard Britto, 42 ans, n’a pas la tête dans les étoiles, ou plutôt si : au sens propre. Cet astrophysicien de renom a le physique d’un Bruce Banner, alias Hulk dans la fantasmagorie scienfictionnelle, à la force d’une supernova. Hormis rondeur et gentillesse, la même rayonnement a percuté leur vie : les rayons gamma. Pour le héros de BD, la peau a verdi sous le bombardement de ces rayons magiques, pour le rendre, à son corps défendant, indestructible. Richard Britto, c’est à la foi qu’il a été exposé, lui faisant garder une verdeur indéfectible. Rigueur mathématique et foi : les deux univers cohabitent, sur fond de physique et métaphysique, chez ce Sétois, fils de pêcheur qui déteste le péché.

Cliché pris depuis le mont Aigoual, dans les Cévennes : la voie lactée s’offre dans la direction du Sagittaire, au centre de notre galaxie. Photos : Richard Britto.

Pour le scientifique, “dieu existe”. Il ne se prouve pas, il s’éprouve. Richard Britto est dans l’astrophysique des rayons gamma. Une discipline implexe qui étudie les super-trous noirs et, au final, sert à mieux comprendre l’univers. Rien de moins. Il ausculte les explosions géantes dans le cosmos ou la libération de grandes quantités d’énergies. Très peu de gens peuvent comprendre ce tout petit monde de folles équations qui veut expliquer l’infiniment grand.

Richard nous montrait les fabuleux trésors du ciel et des étoiles ; on faisait même des soirées spéciales ensemble, parfois même sur le terrain, à la campagne, pour mieux voir les étoiles. Il est attaché à des valeurs, des principes et ne se donne pas à 100 %  mais à… 200 % Il aime transmettre son savoir…

Careen Chapeau, une amie montpelliéraine

Après une thèse de doctorat (à l’Université Montpellier 2) sur l’expérience CELESTE à la centrale solaire Thémis à Targassonne, en Cerdagne, près de Font-Romeu, dans les P.-O. (étude des rayons gamma depuis le sol, photo ci-dessous la Tour Thémis, avec la trace d’étoiles sur fond vert), Richard Britto est parti travailler en Inde durant cinq ans. Il oeuvre actuellement dans le département de physique de l’Université du Free State, à Bloemfontein, en Afrique du Sud. Il est membre actuellement postdoctoral de collaboration du Fermi-Large Area Telescope (Fermi-LAT). “C’est une collaboration internationale dirigée par la Nasa avec cinq pays : la France, certaines universités de part le monde, d’Afrique du Sud, de Suède, l’Italie, du Japon et des USA, explique-t-il. On travaille sur ce télescope, l’un des performants au monde, placé en orbite terrestre, qui détecte les rayons gamma dans l’espace.” Le scientifique est aussi passé par le laboratoire univers et particules de Montpellier  (LUPM) et intervenait à l’association Géospace, basée à l’époque Aniane puis à Prades-le-Lez (Hérault). “En 2018, je vais me consacrer à mes parents, en essayer de trouver un boulot dans ma région tout en continuant à voyager et faire des conférences”, confie-t-il.

Sans évoquer l’émotion de l’expérience enfantine, souvent marquante, il regarde attentivement une photo de classe. Il est sur la même ligne de départ dans la vie que ces garçons et filles alignés, hiératiques, presque surnaturels. L’image, magnifique, est prise devant le panneau des Ranguis, un hameau près de Pont-du-Fossé (Hautes-Alpes), où tous les jeunes Sétois s’initiaient jadis aux vacances collectives et à l’apprentissage du lien de camaraderie. Il dit : “Mon père était pêcheur ; ma mère travailleuse familiale. Ils ont divorcé un an après cette photo où j’avais 10 ans. Puis, avec ma mère et son compagnon, on a quitté Sète pour Clermont-l’Hérault.” Précision et concision du langage.

Gentillesse et qualité du temps passé ensemble

Les linéaments de l’astronomie s’imposent, petit à petit. “Richard a toujours été dans son monde”, dit avec bienveillance un ancien camarade de classe avec qui il a gardé contact. “C’est un passionné ! On s’est connus en 2002, raconte Careen Chapeau, une amie montpelliéraine. Déjà, il était apprécié pour sa pédagogie ; il nous montrait les fabuleux trésors du ciel ; on faisait même des soirées spéciales, parfois même sur le terrain, à la campagne pour mieux voir les étoiles. Il est attaché à des valeurs, des principes et se donne pas à 100 %  mais à… 200 % Il aime transmettre son savoir. Richard n’est pas fanfaron pour deux sous.” Un autre ne dira pas autre chose : “Richard ? On s’est rencontrés il y a 25 ans, se souvient le Sétois Jean-Pierre Caujolle. Je retiens sa gentillesse et la qualité du temps que nous avons passé ensemble. Il a même participé à une association que nous avions créée pour aider les plus pauvres…”

Petit, déjà, pas plus haut qu’une lunette d’astronome amateur, Richard Britto se questionne sur la richesse céleste : “Qu’est-ce que c’est que ces petits points lumineux dans le ciel…”  Premières observations du ciel. Bac C. “J’étais aussi fasciné par les métiers de journaliste et de cuisinier…” Mais la seule tambouille qui le tire par la manche, c’est la cosmologie. Les étoiles qui s’alignent merveilleusement. Les siennes s’alignent, elles, dès la fac. “C’était la période du CIP, sorte de Smic jeune que voulait imposer Balladur, le Premier ministre de l’époque. Comme beaucoup j’étais contre. J’avais envie de faire la révolution ! J’avais même édité un fanzine : Le Pavé dans la Gueule.” Tout un programme.

Il n’y a pas de preuve mathématique. Mais je suis convaincu que dieu et la science se renforcent mutuellement sans s’opposer.

Richard Britto

Richard Britto repique sa première année, et là, commence à vivre sa foi chrétienne qu’il a, depuis, chevillée au corps, à la suite d’une rencontre avec un ami, croyant. “J’avais fait mes deux communions mais c’était tout.” C’est le concept de justice” et sans doute de justice immanente qui le saisit.  “Ce qui m’a particulièrement interpellé, c’est un passage de la bible au niveau de la justice de l’homme comparée à la justice de dieu.” (Philippiens 3 : 4-11). Il vit foi et sciences en même temps. Sans contradiction apparente. Comme l’ont vécu nombre de scientifiques (Copernic, Kepler, Pasteur…) qui finissaient par dire en substance : l’univers est si bien construit qu’il n’y a qu’une entité supérieure qui peut l’avoir mis au point.

Foi et science : une position originale chez Richard Britto alors que l’athéisme semble majoritaire dans la société et que, paradoxalement, des expressions tirées de la religion catholique, comme “le pape du rock’n’roll” pour évoquer feu Johnny Hallyday, s’imposent dans le langage courant. Une sorte d’idolâtrie permanente. Ne dit-on pas dans la même journée : La Mecque du football ou la grand-messe du journal de 20 heures ? Des expressions galvaudées mais très présentes. Pour Richard Britto, les gens expriment “un besoin de spiritualité mais celui-ci s’exprime différemment”. Au point parfois pour certains de choisir une religion, en phase avec l’évolution plus “égoïste” de l’humanité, en tout cas, davantage centrée sur soi.

Albert Einstein aurait dit : “L’escalier de la science est l’échelle de Jacob, il ne s’achève qu’aux pieds de Dieu.” Sur son indépassable ainé, Richard Britto renchérit : “Je ne crois pas au hasard. Je regarde l’univers, ce qui m’amène à glorifier dieu et à être admiratif de sa création. Il n’y a pas de preuve mathématique. Mais je suis convaincu que dieu et la science se renforcent mutuellement sans s’opposer. Petit, je me disais il y a tellement de choses à découvrir…” Aujourd’hui encore, “c’est comme un tunnel sans fond. Mais la foi en dieu lève ce paradoxe.” Il précise que la foi n’est pas “une béquille” pour lui. Il peut citer une épître de Paul, parler évangiles et sourire quant aux hypothèses d’explication de l‘Etoile de Noël : “Est-ce Jupiter et Saturne qui brillaient ensemble côte à côte ? On n’arrive pas à expliquer le phénomène.”

Richard Britto au Boyden Observatorty, près de Bloemfontein, en Afrique du Sud, son poste actuel. Photo : DR.

Si on lui rétorque que le monde va si mal que l’on peut douter de l’existence d’un Tout-Puissant qui ne l’est donc pas tout à fait, il dit avec une sorte de besoin d’absolu : “Il faut croire à la justice ultime qui arrivera un jour”. Pentecôtiste, le scientifique se dit attaché aux fondements du christianisme, sans adoration des saints ni hiérarchie cléricale, donc.

C’est aussi pour cela qu’il a étudié l’hébreu ancien et l’araméen biblique pour l’étude au plus près de la foi. Il ne croit pas que l’univers ait été créé en six jours. “On sait désormais grâce à la science qu’il a 14 milliards d’années et la terre 4,5 milliards.” Mais pour lui la foi peut cohabiter avec la science. “C’est comme quelqu’un qui écrirait un poème disant que sa femme brille tout autant que la lune. C’est faux scientifiquement. Mais beau. En revanche, les premiers textes sur la genèse disent que la lumière est apparue au premier jour et les étoiles au 4e jour quand l’atmosphère est devenue transparente. L’allégorie semble coller à la science.”

On pense que l’univers est sans doute infini mais sinon il est illimité. De la même manière que l’on peut parcourir à l’infini la surface de la Terre sans s’arrêter

Il s’émerveille de la belle mécanique de l’univers et espère qu’un “jour l’Homme s’émerveillera, donnant tout le sens à la vie”, un peu comme dans le film Interstellar de Christopher Nolan quand la Terre se meurt et qu’une équipe d’astronautes franchit un méga trou noir, baptisé Gargantua, conduisant à une autre galaxie et qu’à la fin du film, comme si l’univers et l’espace-temps s’était recourbés, le héros, Cooper, se retrouve dans une nouvelle dimension, le tesseract (hypercube) d’où il voit la chambre de sa fille enfant en pleurs… Comme si des êtres surnaturels avaient mis ces instruments en place pour sauver l’humanité. Richard Britto promet de regarder le film bientôt.

On enchaîne : et la vie ailleurs que sur Terre ? “La probabilité est très faible. Je ne peux pas croire que des acides aminés puissent donner une cellule de vie sans intervention divine. On est à la frontière de l’infranchissable”, dit-il. “Il y a un nombre fini d’étoiles et de quantité de matière vu que l’univers a un âge et une évolution. On dit qu’il y a autant de galaxies que d’étoiles dans une galaxie. On pense que l’univers est sans doute infini mais sinon il est illimité. De la même manière que l’on peut parcourir à l’infini la surface de la Terre sans s’arrêter.” Il est temps d’engloutir un café-trou noir.

Olivier SCHLAMA

Le mystère de l’Étoile de Noël

“Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.” (Matthieu 2:2).C’est avec cette question que le mages venus d’Orient s’adressèrent au Roi Hérode. Un roi ? Des juifs ? Et ces mages étaient-ils rois eux-mêmes ? Voulaient-ils établir leur ambassade auprès des juifs à Jérusalem ? Et cette étoile, quelle était-elle ?

Association de “l’astre” de Noël à une comète ou un rapprochement entre deux planètes… ?

L’astronome vous dira que ce mot du Nouveau Testament que l’on traduit habituellement par “étoile” est en fait, dans l’original grec, le mot “aster”, qui signifie “astre”, c’est-à-dire “corps céleste”. Donc il s’agit soit d’une étoile, d’une planète, une comète, d’un astéroïde… Ainsi, plusieurs explications ont été proposées depuis ces 2 000 dernières années, tentant d’associer “l’astre” de Noël à une comète, ou un rapprochement entre deux planètes, ou entre une étoile et une planète, etc. Mais nul n’a pu conclure avec certitude sur le phénomène que les mages auraient réellement observé. Ne pourrait-il pas être aussi un signe miraculeux ? Le Dieu qui a ressucité ce roi trois jours après qu’il fut crucifié, était-il limité sur la nature du “faire-part” de naissance à donner à l’humanité ?
Quant aux mages, qui étaient-ils ? Si nous ne savons que peu de choses sur eux, nous savons qu’il ont compris l’essentiel : cet enfant qui venait de naître, c’est bien un roi, oui, un roi, né au sein du peuple juif, pour attirer tous les peuples vers la lumière divine.
Mais son royaume, où est-il ? Un des brigants près de lui crucifié lui a dit : “Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu seras dans ton règne” (Luc 23:42). Voulez-vous être de ce qui recevront, comme ce brigant repentant, ce message de Jésus : “Tu seras avec moi dans le paradis.” ? (Luc 23:43)
Alors, recevez ce message de Noël : pardon, délivrance et paix, que les anges annoncèrent aux berger dans les prés ! “Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. » (Luc 2/14).
 Joyeux Noël !
Richard BRITTO
Référence bibliques de la Bible Louis Segond révisée “à la Colombe”, Société Biblique Française, Paris, 1978.