Pollution : l’air d’Occitanie aux bons soins des enfants

 

Des ateliers sur la qualité de l’air ont été testés dans 119 classes de l’ex-Midi-Pyrénées. Après cette expérience concluante, ils vont être étendus à l’ensemble de la région principalement touchée par la pollution automobile et les particules fines pour sensibiliser 16 000 enfants du CE2 au CM2, comme annoncé ce mardi à Toulouse. C’est la mission dévolue à Atmo Occitanie, nouvel organisme de surveillance de l’air, né en janvier de la fusion d’Air LR et de Atmo Midi-Pyrénées.

Avec 50 000 nouveaux habitants qui déferlent chaque année en Occitanie, l’enjeu est phénoménal. Notamment le long des 220 km de littoral et dans les grandes agglomérations de cette région, la deuxième plus étendue de l’Hexagone, où ils s’installent majoritairement. Déjà, Nîmes, Montpellier, Perpignan ou encore Toulouse sont soumis plus spécifiquement à une pollution chronique à l’oxyde d’azote (issus du trafic automobile) et aux particules fines l’hiver. Les agglomérations de Tarbes, Lourdes ou encore Montauban, les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne le sont ponctuellement via des pics de ces mêmes polluants.

“La pollution aux particules a été déclarée cancérigène par l’OMS en 2012 seulement, explique Dominique Tilak. La directrice de Atmo Occitanie, issue de la fusion de Air-LR et de Atmo Midi-Pyrénées, C’est très récent.” C’est pour cela que l’organisme se lance dans un vaste plan de sensibilisation auprès des jeunes. Notamment au travers d’ateliers.

Avec le concours de l’ARS, un concours d’affiches a été organisée dans 120 classes de l’ex-Midi-Pyrénées. Enfants et enseignants sont très mobilisés sur le sujet. Photo : DR.

Six de ces villes – Toulouse, Montauban, Tarbes, Nîmes, Montpellier et Perpignan- ont été repérées comme territoires d’intérêt dans la sensibilisation en raison du nombre important d’écoles à sensibiliser et de la qualité de l’air. Toujours classée parmi la première préoccupation environnementale des français, désormais intégrée dans les programmes scolaires, la qualité de l’air est un sujet qui recueille l’intérêt – c’est la 3e cause de mortalité après le tabac et l’alcool- , mais qui mal connu et pour lequel il existe peu d’interventions pédagogiques spécifiques.  Ce n’est plus le cas en Occitanie.

“Les enfants, premier vecteur de changement…”

“Notre objectif, confie encore Dominique Tilak, c’est de sensibiliser, en cinq ans, 16 000 enfants du CE2 au CM2, aux enjeux de la qualité de l’air et à l’importance de respirer un air sain. Nous développerons notre réseau associatif dans le but de démultiplier le nombre d’interventions sur la région Occitanie.” Coût : 550 000 euros, financés par l’ARS. 

Et d’ajouter : “Les enfants, c’est le premier vecteur de changement d’état d’esprit dans les familles. ça marche pour l’alimentation et l’eau et ça marche aussi pour l’air : nous avons mené une expérience concluante de deux ans, avec un concours d’affiches, sur 119 classes en Midi-Pyrénées. La demande des enseignants est très forte et nous en avons eu de bons retours. On en était sûrs : les campagnes en faveur d’une meilleure qualité de l’eau ou une alimentation plus saine marchent.”

La prise de conscience attendue des élus

La directrice d’Atmo Occitanie, dont le budget de 4,2 millions d’euros, financé en partie par les collectivités, l’Etat et les principales entreprises de la région, va plus loin : “Les entreprises sont plutôt sensibilisées car taxées sur leurs rejets ; l’enjeu est en revanche très fort envers les collectivités. Les élus doivent prendre en compte la qualité de l’air dans leur façon d’aménager leur ville.” En substance, “ils doivent prendre conscience de l’importance de fluidifier le trafic automobile par exemple en faisant en sorte de ne pas créer des bouchons ou, en tout cas, faire attention de ne pas trop densifier certains quartiers”. Le doublement de l’A 9 sur 25 km au droit de Montpellier va visiblement dans le bon sens.

Bouchons : Toulouse et Montpellier mobilisées

Toulouse et Montpellier figurent régulièrement dans le top 10 des villes les plus embouteillées de France. La Ville Rose serait 9e si l’on en croit le bilan 2016 d’Inrix (spécialiste américain de l’info trafic et de l’aide connectée au guidage). Ce qui constitue une amélioration, puisque la métropole occupait la 5e place de ce même classement en 2015. Président du groupe EELV d’opposition en mairie de Toulouse rejointe par 15000 nouveau habitants chaque année, Antoine Maurice s’inquiète pour la qualité de l’air dans la 4e ville de l’Hexagone. La ville a décidé de s’attaquer aux trajets domicile-travail, avec un projet de création d’une 3e ligne de métro, un réseau de bus à haute qualité de service, etc. Et même un téléphérique…! L’enquête publique sur le PDU (plan de déplacement urbain), qui fixe les grands projets structurants et demande l’avis des habitants, s’ouvrira cet été.

Autre axe de travail dans cette vaste région pour Atmo Occitanie : “Redéployer le dispositif de surveillance avec, par exemple, une ou deux années de mesure en Lozère, territoire quelque peu délaissé jusque-là pour y mesurer le résultat de la combustion issue des moteurs de voitures, l’oxyde d’azote, et les particules fines. Le littoral est lui aussi touché par les poussières du désert nord-Africain Et demain, peut-être, il y a aura des mesures du déplacement des nuages de pollution. On savait déjà l’intensification du nombre de TGV en Barcelone et Toulouse. Sait-on que la capitale catalane empoisonne petit à petit la Ville Rose de ses particules en suspension ? Que vaut dans ces conditions la possible généralisation de la vignette auto, baptisée Crit’air à Paris ?C’est le 15 janvier 2017, que naquit cette pastille « crit’air » imaginée par Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie et des Transports. Ce système de classification à six niveaux des voitures selon leurs émissions polluantes est censé permettre aux élus locaux de “favoriser les véhicules les moins polluants”.

Un décret publié le 7 mai au Journal officiel renforce d’ailleurs, à partir du 1er juillet, les sanctions – des PV plus chers 45 euros version non majoré – pour non respect des zones réservées l’accès à des zones restreintes que les villes intéressées peuvent mettre en place. Les préfets ont également la possibilité aussi autoriser ou pas pour restreindre la circulation aux véhicules les moins polluants. Une idée de vignette que la Métropole de Montpellier et celle de Toulouse n’a toujours pas reprise.

Quant à la pollution à l’intérieur des logements, elle est souvent plus concentrée qu’à l’extérieur. Ouvrez donc les fenêtres, la pollution n’a pas de frontières…!

Olivier SCHLAMA