Politique / Foix : Huit recommandations pour faire avancer la parité

Faire progresser la parité en Europe... Photo DR

Précédés d’un premier temps, la veille à Carcassonne (Aude), les travaux menés le 26 mars dernier à Foix (Ariège) entre élues et élus, femmes et hommes engagés dans la vie publique ont conduit à l’élaboration de “huit recommandations pour faire avancer la parité en Europe.”

“Cette rencontre constitue une date importante dans le long combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans les responsabilités politiques”, se réjouissait Geneviève Tapié, la présidente de l’Observatoire régional de la parité d’Occitanie, à l’issue d’un séminaire marqué par la contribution de la délégation allemande, conduite par Helga Lukoschat (*), présidente de l’Académie européenne des femmes en politique et dans l’économie (EAF, Berlin).

Rendez-vous était donc fixé à Foix (après une étape à Carcassonne) à la plus grande satisfaction de Christine Téqui, présidente du Conseil départemental de l’Ariège : “Je participe aux travaux de l’Observatoire depuis qu’il s’est étendu du Languedoc-Roussillon à l’ensemble de l’Occitanie. Il reste beaucoup à faire pour que l’égalité entre les femmes et les hommes soit effective et complète. Ce séminaire va contribuer aux futurs progrès. Le Conseil départemental est donc fier et heureux d’accueillir cette rencontre en terre d’Ariège”, soulignait-elle.

Inscrire la parité dans la Constitution des Etats

Ce partenariat entre l’Observatoire et EAF avait été engagé en 2019, lors d’un premier séminaire, à l’ambassade de France. Les témoignages des femmes maires
allemandes ont frappé par leur densité et par la convergence avec ceux des femmes maires françaises. Si les systèmes institutionnels sont différents, l’inégalité est similaire : ainsi, on compte 19 % de femmes maires en France et 9 % en Allemagne.

Les femmes prennent les choses en mains en politique… Photo DR

La fécondité des échanges s’est traduite par l’élaboration d’une “Déclaration du Château des comtes de Foix”, où le document a été signé par Geneviève Tapié, Helga Lukoschat, ainsi que Christine Téqui, présidente du Conseil départemental de l’Ariège, et Norbert Méler, maire de Foix (lire la déclaration complète en bas de page).

Mesures “à engager” et réformes “à pousser”

Les recommandations portent d’abord sur “les mesures institutionnelles à engager”, notamment “l’inscription de la parité, de manière impérative, dans la Constitution des Etats.”

La réflexion a permis aussi de dresser la liste des “réformes à pousser” (non-cumul des mandats et des fonctions, scrutin en binôme femme-homme, comme dans les
départements français). les participantes ont aussi choisi de pointer les “actions positives à amplifier”, en particulier l’accès aux statistiques sexuées sur le résultat de chaque élection, données qui permettent d’établir un diagnostic incontestable et d’élaborer des propositions pertinentes.

Plaçant ces recommandations en perspective, Geneviève Tapié souligne deux points : “Notre engagement prend tout son sens et toute sa portée dans une époque marquée par la montée des extrémismes et les menaces sur les droits acquis des femmes. Les résultats du séminaire proviennent de la coopération franco-allemande, à l’exemple de celle qui a joué un rôle décisif dans la construction de l’Europe. Nous avons donc interpellé l’Union européenne et exprimé notre solidarité à l’égard de l’Ukraine.”

Ph.-M.

(*) La docteur Helga Lukoschat est présidente du conseil d’administration et co-fondatrice d’EAF Berlin. Elle a étudié les sciences politiques et l’histoire à Erlangen et à Berlin. Elle a ensuite travaillé pendant de nombreuses années comme journaliste et publiciste, notamment comme rédactrice en chef d’un quotidien.

Dans un article elle soulignait : “Inspirée de l’expérience française, une loi sur la parité en politique est également discutée en Allemagne depuis une dizaine d’années : mais ce n’est que maintenant qu’une fenêtre d’opportunité s’ouvre pour s’attaquer réellement à ce problème au niveau fédéral et des États…”

Et de conclure : “… En fin de compte, les partis eux-mêmes doivent être prêts à changer de culture et reconnaître à quel point il est important pour leur légitimité et pour l’acceptation de la démocratie parlementaire de briser les barrières existantes à la participation et à l’avancement. Incidemment, ces obstacles n’affectent pas seulement les citoyens, mais aussi la jeune génération, ainsi que les personnes issues de l’immigration ou issues de professions non universitaires. Le débat sur la parité n’est donc pas le moindre à ouvrir les yeux et les portes : les partis seraient tenus par des obligations légales de mieux refléter enfin la diversité existante dans la société dans leur composition ainsi que dans les parlements.”

Lire l’article complet : https://www.frauen-macht-politik.de/themendossiers/paritaet/dr-helga-lukoschat-paritaet-in-der-politik/

Déclaration franco-allemande
du Château des Comtes de Foix

Huit recommandations pour faire avancer la parité en Europe

Réunis à Foix, le 26 mars 2022, des élues et des élus d’Allemagne et de France, des femmes et des hommes engagés dans la vie publique ont travaillé de concert lors du séminaire « Etre femme maire en France et en Allemagne – Freins et poussées pour faire avancer la parité ». Conjointement, ils ont analysé la situation dans les deux pays. Engagés dans ce combat pour l’égalité en politique entre les femmes et les hommes, ils adressent les recommandations qu’ils ont élaborées aux autorités françaises et allemandes et aux institutions européennes.

LA TRES FAIBLE PLACE DES FEMMES A LA TETE DES COMMUNES

En Allemagne et en France, les institutions sont différentes et l’histoire des lents progrès de la place des femmes dans les lieux de pouvoir politique sont distinctes. Toutefois, nous dressons un constat identique dans les deux pays, notamment sur la base du système démocratique : les communes. 19,8 % de femmes maires en France et 9 % en Allemagne : ces deux chiffres illustrent, de manière flagrante, l’inacceptable inégalité qui perdure. Elle se manifeste aussi dans les autres niveaux de pouvoir, au plan régional comme au plan national.

Les réponses effectives à la résorption des inégalités se situent dans chaque pays. Cependant, pour assurer l’égale représentation des femmes et des hommes dans la sphère politique, le combat doit être conduit au sein de l’Union européenne. Elle est un rempart de la démocratie et un espace de son épanouissement. La guerre en Ukraine le confirme.

A partir de cette situation, nous formulons unanimement un ensemble de recommandations.

DES MESURES INSTITUTIONNELLES A ENGAGER

  • Les avancées réelles résultent du cadre législatif et des contraintes qui en résultent. Nous demandons l’inscription de la parité, de manière impérative, dans la Constitution des Etats.
  • La mise en place d’un statut de l’élue permettra de revaloriser les mandats et d’améliorer l’exercice des responsabilités politiques
  • Une campagne de l’Union européenne en faveur d’un plus grand nombre de femmes dans les communes doit venir en appui.

DES REFORMES A POUSSER

  • La réflexion sur le principe de non-cumul des mandats et des fonctions doit être poursuivie. Cette meilleure répartition des responsabilités libère des places pour les femmes, ainsi que pour d’autres hommes.
  • L’application à l’élection des membres des parlements nationaux d’un mode de scrutin analogue à celui des départements français (scrutin binominal mixte majoritaire à deux tours) doit être encouragée. Ce système garantit la représentativité des territoires, tout en assurant une parité réelle.

DES ACTIONS POSITIVES A AMPLIFIER

  • Demande à l’Union européenne et aux Etats membres la production et la communication de statistiques sexuées des résultats de chaque élection et le financement de recherches sur la représentation des femmes. Ces données sont déterminantes pour analyser solidement la progression ou la stagnation des femmes élues aux plus hauts postes de décision et de responsabilité.
  • Renforcement de la visibilité de ces travaux pour prendre l’opinion publique à témoin et avancer des propositions étayées, comme le font, en France, les études de l’Observatoire régional de la parité d’Occitanie.
  • Activation du soutien mutuel des femmes entre elles, par le réseau qu’elles constituent et les initiatives qu’il engendre, ainsi que le concrétisent, en Allemagne, la plateforme multipartite Helene Weber Kolleg et le Prix Helene Weber en Allemagne.

LES FRUITS DE LA DEMARCHE FRANCO-ALLEMANDE

Les travaux du séminaire de Foix et les perspectives qu’ils ont tracées confirment combien sont fructueux les échanges engagés en 2019 à Berlin, poursuivis depuis, sous diverses formes, malgré la pandémie, notamment lors de la conférence internationale Mayoress ! (Femmes maires), qui a rassemblé élu-e-s et expert-e-s d’Allemagne, Autriche, France et Pologne. Cette collaboration va se prolonger dès cette année, en Allemagne. La Saxe a été pressentie, en raison des relations nouées avec la Région Occitanie.

Nous nous engageons à œuvrer au développement du réseau des femmes maires et à renforcer ensemble notre triple positionnement :

  • Accélérateurs et accélératrices du changement, pour porter des positions courageuses en faisant évoluer et la loi et les mentalités ;
  • Innovateurs et innovatrices, pour faire émerger des actions inédites de progrès pour les femmes ;
  • Observateurs et observatrices, acteurs et actrices des politiques publiques, pour en souligner les avancées, ainsi que les faiblesses, les résistances et les renoncements.
    Cet engagement prend tout son sens et toute sa portée dans une époque marquée par la montée des extrémismes et les menaces sur les droits acquis des femmes.

A Foix, le 26 mars 2022.

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