Polémique : Les Déferlantes, un festival en quête d’hébergement

Il y a eu 100 000 festivaliers en 2022 ! Photo Orna Wachman de Pixabay

“Poussés vers la sortie à Céret, nous avons dû nous adapter très vite pour trouver en urgence un lieu capable d’accueillir le festival dès juillet prochain. Depuis l’annonce du déménagement forcé vendredi dernier, vous avez été nombreux à vous exprimer et nous avons entendu vos différentes réactions. Elles démontrent votre attachement au festival et nous y sommes très sensibles. D’autre part, plusieurs artistes programmés pour la prochaine édition se sont positionnés et ont annoncé l’annulation de leur venue si le festival se tenait à Perpignan”, expliquent les organisateurs du festival Les déferlantes…

A l’origine de la polémique, il y a le départ du festival de Céret, à peine un an après avoir quitté son site historique d’Argelès-sur-Mer (dix ans au Chateau Valmy). Le nouveau site, dans le parc du Chateau d’Aubiry : 5 hectares, susceptible d’accueillir jusqu’à 40 000 personnes.

Une idylle de courte durée entre Céret et Les Déferlantes

Avec la commune du Vallespir, l’idylle fut de courte durée. La mairie et les organisateurs se renvoyant la responsabilité du départ des déferlantes sous d’autres cieux. Le 7 janvier, dans un communiqué, le maire de Céret, Michel Coste (DVG), se disait “particulièrement surpris” et s’interroger sur “les errances de la société depuis 3 ans (…) En 2020, un accord a été signé pour 5 ans etre la Frontera, société organisatrice des Déferlantes, la commune de Céret et la communauté de communes, pour l’oganisation du festival…”

Et le maire de Céret d’enfoncer le clou en affirmant que “les organisateurs du festival n’ont pas su, ou voulu, prendre en compte les réalités d’un territoire, reniant leurs engagements…”

Photo DR

La réplique de La Frontera ne se faisait pas attendre, les organisateurs prenant “la lourde décision de se résigner à quitter ce site (…) prise à contre-cœur et dans l’urgence car depuis plusieurs mois, le maire ne répondait pas à nos sollicitations de rendez-vous, pourtant nécessaire au travail pour améliorer les conditions d’ accueil des festivaliers.”

A savoir que, selon les organisateurs des Déferlantes, la mairie et la communauté de communes auraient précisé dans un courrier du 30 octobre que ces colletivités “ne prendraient en charge ni la sécurité extérieure des festivaliers, ni la recherche de foncier nécessaire à une réorganisation des parkings et des mobilités, ni encore l’amélioration du parc du château pourtant de leur propriété (…) Il précisait également qu’il ne pouvait garantir durant le festival le ramassage quotidien des déchets ni même un tri sélectif d’envergure…”

Enfin, l’association soulignait que “au-delà de ces points, les collectivités engagées n’ont jamais versé la première subvention prévue dans le contrat pour la seconde édition (soit avant le 30 septembre 2022) alors que cette somme est indispensable à notre association pour assumer les charges considérables portées pour le festival !”

D’où la décision par laquelle le scandale arrive : le déménagement des Déferlantes sur le parking du parc des expositions de Perpignan, annoncé en ce mois de janvier 2023 par le maire RN de la ville, Louis Alliot.

Le choix de Perpignan fait grincer des dents

Un communiqué commun précisant : “Du 6 au 9 juillet 2023, Les Déferlantes vous donnent donc rendez-vous à Perpignan, en bord de têt, face au Canigou, devant un parc des expositions[ que les habitués ne reconnaîtront pas tant nos efforts de scénographie seront décuplés (…) Toute l’équipe du festival remercie la ville de Perpignan et ses services pour leur accueil et leur engagement aux côtés du festival afin que celui-ci puisse vivre et se développer au mieux et qu’il accueille les déferleurs dans des conditions optimales.” Une conférence de presse étant annoncée pour le 16 janvier…

Et là… patatras ! L’annonce de ce déménagement n’a pas plu à tout le monde. Immédiatement, le groupe Indochine menace d’annuler sa venue au festival s’il se déroule à Perpignan, précisant “nous avons été mis devant le fait accompli, que le festival Les Déferlantes où nous sommes programmés le 8 juillet, se déplaçait à Perpignan…” s’attirant une répolique du nouveau président du RN Jordan Bardella :

Puis c’était au tour de Louise Attaque de faire connaître sa volonté de ne pas se produire dans une ville gérée par le Rassemblement national. Sur Facebook, le groupe explique : “Nous avions prévu de jouer au festival Les Déferlantes le 9 juillet prochain. C’est un festival que nous connaissons bien et que nous aimons (…) ne souhaitant cautionner ni la méthode du fait accompli ni la possible récupération du festival par la airie, nous demandons à la direction des Déferlantes (…) de faire tout son possible afin de trouver un autre lieu…”

Et on peut supposer que parmi les artistes programmés (Sting, Bigflo & Oli, Damso, David Guetta, Lomepal, Izïa, Pomme, Rosalía, Soprano, Shakaponk…), d’autres auraient rejoint les rangs de ces réfractaires.

La Région Occitanie, semblait également envisager de réduire les subventions accordées au festival. Une réunion dans ce sens étant prévue avec le Conseil départemental des Pyrénées-Orientales.

“Comme vous le savez, sans artistes, pas de festival !”

Finalement, les organisateurs ont renoncé à s’installer dans la préfecture des Pyrénées-Orientales : “… Plusieurs artistes programmés pour la prochaine édition se sont positionnés et ont annoncé l’annulation de leur venue si le festival se tenait à Perpignan. Comme vous le savez : sans artiste, pas de festival ! Nous prenons en considération l’ensemble de ces réactions. Nous sommes donc contraints de renoncer à cette implantation et nous nous mettons dès à présent en quête d’un nouveau lieu pour que le festival puisse se tenir dans les Pyrénées Orientales aux dates prévues.”

Accéder au site du festival : https://www.festival-lesdeferlantes.com/

Dans un ultime communiqué (11 janvier) la mairie de Perpignan “prend acte de la décision des organisateurs des Déferlantes de renoncer à leur programmation à Perpignan prévue du 6 au 9 juillet 2023…”

Soulignant “… Le chantage et le sectarisme auront eu raison de l’intérêt culturel, économique et touristique de notre territoire. Cette belle manifestation méritait mieux que des pressions inqualifiables et antidémocratiques qui pénalisent en premier lieu les citoyens dans leur diversité et le public.”

Il reste pour les organisateurs à trouver un lieu qui permettra d’accueillir plus de 100 000 festivaliers (chiffre de l’édition 2022) et susceptible de plaire à tout le monde ! Car le plus triste serait que ce soit le public qui paye les pots cassés de cette polémique.

Philippe MOURET

BigFlo & Oli en 2019 :

Musique : Bigflo et Oli aux Déferlantes, avant un break