Polémique : Excédés, les Grands Buffets veulent partir de Narbonne, Perpignan sur les rangs !

Louis Privat, le patron des Grands Buffets de Narbonne, devant le buffet aux fromages, le plus grand du monde...

Un séisme. Louis Privat, fondateur du plus grand restaurant de France, en fin de bail, révèle qu’une partie de son établissement appartenant au Grand Narbonne est “insalubre”. Face au refus des travaux, sa décision de partir est actée mais le lieu qui accueillera tout un pôle touristique en plus de sa table, n’est pas encore choisi. Le “centre du monde” lui tend les bras. Didier Mouly, président du Grand Narbonne, comme son vice-président, se refusent à tout commentaire.

Louis Privat en a marre de la soupe à la grimace que le Grand Narbonne, la collectivité propriétaire de son restaurant, lui sert en laissant, selon lui, pourrir les choses depuis des années. “En certains endroits du restaurant, c’est carrément insalubre…” Louis Privat, fondateur des Grands Buffets de Narbonne (363 000 couverts par an, 210 salariés), fait tout pour que l’expérience vécue dans son restaurant, le plus grand de France, soit inoubliable. Et pour certains, elle l’est mais pas dans le bon sens… “C’est une histoire ancienne. Je m’attends à une riposte mais j’ai fait mon choix de partir. Et pour tout dire, je m’en sens libéré. On a rien à craindre dès lors que l’on accepte l’affrontement. J’avais des inquiétudes importantes ; des insomnies… Et puis un bon jour, je me suis dit : “Didier, si tu veux ce genre de relation, tu va l’avoir…”

Toutes les initiatives que je peux avoir ; toutes les demandes que je peux faire sont traitées avec un mépris et une indifférence…”

Les deux hommes, Louis Privat et Didier Mouly, se sont connus en culottes courtes. “On se tutoie et en apparence, nos relations ont toujours été cordiales. Mais en coulisses, ce n’est pas la même histoire. Je ne m’explique d’ailleurs pas sa psychologie. Je ne suis pas le seul acteur. Depuis déjà très longtemps, toutes les initiatives que je peux avoir ; toutes les demandes que je peux faire sont traitées avec un mépris et une indifférence… Il ne répond ni à mes courriers ni à mes textos ; une réunion d’apparence très conviviale se conclut par une mise en demeure dix jours plus tard… Au bout d’un moment, vous acceptez l’idée que la réalité de la relation est pourrie. C’est de la maltraitance.”

Hall d’accueil du restaurant “à l’abandon”

Salon Doré Jean de La Fontaine des Grands Buffets. DR.

Dans le détail, Louis Privat explique que “l’Espace de Liberté, le hall d’accueil où sont logés les Grands Buffets, est carrément à l’abandon. Il est en partie insalubre. Notre restaurant s’inscrit dans un complexe qui fut flamboyant à l’origine, avec piscine, bowling et patinoire. L’ensemble a eu un tel succès a mis en lumière ma formule de restauration buffets à volonté ; on fut le premier restaurant en France indépendant de ce type” et proposant de la haute cuisine française, comme Dis-Leur vous l’a expliqué ICI. C’était la “fierté” d’Hubert Mouly, l’ancien maire et père de l’actuel. “On avait même avec lui des réunion hebdomadaires…” Selon Louis Privat, la dégradation des relations a commencé “quelques mois après l’élection de Didier Mouly”. Sans raison connue.

400 000 € de loyer par an avec une clim en panne

“Nous sommes locataires. Il y a un profond entretien qui est absolument nécessaire de faire de la part du propriétaire, le Grand Narbonne. La climatisation du restaurant est en panne depuis trois ans. On me fait payer 400 000 € de loyer chaque année, y compris pour la climatisation et le chauffage mais la clim’ est en panne : on a jusqu’à 54 degrés sous la pyramide ; 30 degrés dans les salles de restaurants ; à la plonge, on a des cataractes comme s’il y avait trois tuyaux d’arrosage qui dégoulinent. C’est de l’insalubrité. Qui, en théorie, doit être normée entre 20 degrés et 26 degrés quand il fait chaud. On arrive à 30 degrés : le public, parfois, suffoque. On a des malaises…”

Et d’ajouter : “Le public ne sait pas que je n’y suis pour rien ; certains nous assassinent sur les réseaux sociaux. Mon personnel le subit aussi… J’ai écrit je ne sais pas combien de courriers ; j’en suis arrivé à faire une mise en demeure. Je n’ai même pas de réponse… La seule chose qu’il nous a répondu c’est de faire enlever l’enseigne sur-le-champ en nous menaçant de le faire à notre place et à nos dépends, alors que l’on a cinq ans pour le faire…”

“On a des gouttières incroyables : on pose entre 15 et 20 sceaux d’eau dans la pyramide quand il pleut !”

Grands Buffets de Narbonne. Les 11 fromages…

Ce n’est pas tout. “Les brise-soleil en toile ont bien été déposés mais jamais remplacés dans le hall d’accueil, qui est une grande pyramide avec un énorme rayonnement solaire. Au fur et à mesure de la dégradation de l’équipement et qu’aucun entretien n’était fait on a commencé à alerter. Tenez, on a des gouttières incroyables : on pose entre 15 et 20 sceaux d’eau dans la pyramide quand il pleut ! Vous imaginez la surprise devant le public qui entre…? Le parking est dans un état pitoyable… Pendant des années, j’ai accepté la situation sans rien dire publiquement pour ne braquer personne. Là c’est du mépris affiché. Le monte handicapés ? En panne depuis trois ans !” Louis Privat est donc loin de réaliser d’autres rêves comme l’installation d’une boutique de produits régionaux et “un ou deux hôtels à proximité… Je ne vais pas déposer des permis de construire…”

Derrière moi, intéressés, j’ai un groupe financier et même deux, pour qu’on s’associe, que l’on déménage et que l’on duplique les Grands Buffets ailleurs. Faire un effet de chaîne…”

Louis Privat poursuit : “Derrière moi, intéressés, j’ai un groupe financier et même deux, pour qu’on s’associe, que l’on déménage et que l’on duplique les Grands Buffets ailleurs. Faire un effet de chaîne. Cela ne m’avait jamais intéressé mais l’idée a fini, devant les difficultés, à germer d’aller sur un autre territoire, y bâtir un pôle touristique avec son hôtellerie, etc. Et celui que l’on va imaginer deviendra duplicable ailleurs encore. Jamais je n’aurais imaginer partir… Ce sera économiquement très favorable d’aller ailleurs. On y a travailler. J’ai voulu rendre cette situation publique. Et ce n’est pas un chantage : la décision est prise et que l’on arrête de m’emmerder. Nous partons dans la mesure où nos partenaires ont envie de faire ce projet ; que l’on trouve un site d’accueil favorable.”

Perpignan, Béziers, Carcassonne, Sigean, Sète…

Louis Aliot, maire de Perpignan Photo D.-R.

Louis Privat, dit à propos de la ville de Perpignan qui lui a tendu les bras avec les présidents de l’UMIH et de la CCI : “Je suis très flatté de leur proposition. Même si ce n’est pas une piste que j’avais commencé à explorer. C’est encore un peu tôt mais l’idéal c’est que ce soit à proximité. Vous avez Perpignan, bien sûr ; Béziers Carcassonne, Sigean, Lézignan… Des zones avec une possibilité de foncier et proches de l’autoroute. Ça peut-être aussi Sète…” La mairie de Perpignan faisant savoir que “nous sommes toujours prêts à accueillir et à faciliter l’installation des entreprises dynamiques sur notre territoire et d’autant plus qu’elles relèvent de la restauration.”

Les Grands Buffets pèsent 363 000 clients par an dans un complexe qui en reçoit entre 700 000 et 800 000 clients chaque année. “Il n’y a rien de comparable dans la région ; le Palais des Papes, à Avignon, c’est 600 000 visiteurs payants ; la réserve africaine de Sigean, c’est entre 300 000 et 400 000 visiteurs…”

Didier Mouly “hors Narbonne actuellement”… Henri Martin : “Nous sommes samedi, je me repose”

Didier Mouly, le maire de Narbonne à droite. Photo : DR.

Contacté, le maire de Narbonne et président du Grand Narbonne Didier Mouly, “hors Narbonne actuellement” nous a renvoyé vers Henri Martin. Ce dernier, maire de Port-la-Nouvelle et vice-président du Grand Narbonne en charge des bâtiments, dont celui qui abrite les Grands Buffets, nous a répondu : “Je n’ai rien à dire sur les Grands Buffets… Je n’ai pas envie de parler… Nous sommes samedi et je me repose…”, avant de nous raccrocher au nez.

Le bail des Grands Buffets arrive à son terme

Louis Privat confie encore que ces derniers mois, un nouvel écueil s’est ajouté à ses avanies : “J’ai participé à une réunion en février où Henri Martin était totalement impliqué. Le Grand Narbonne veut revoir le bail et l’établir sur la base de notre chiffre d’affaires… Pourquoi pas mais il faut que cela se fasse dans les règles. Cette réunion était faite pour m’obliger à remettre mon bail, qui arrive à son terme, à plat. Je peux estimer aussi que 400 000 € de loyer par an, énergie comprise, c’est suffisant, non ? C’est peut-être fait pour me tordre le bras mais c’est surtout une situation de plus, malsaine, dont je veux sortir…”

 Olivier SCHLAMA

☎️ Soutenez Dis-Leur en faisant un don ICI.

À lire également sur Dis-Leur !

Insolite : Les Grands Buffets de Narbonne au menu d’une étude d’anthropologie !

Narbonne / Emploi : Les Grands Buffets, modèle unique de la gastronomie en illimitée

Vin, cidre, vergers anciens : En Cerdagne, Wilfried Garcia symbolise un renouveau agricole