Parité : Les élections sénatoriales ne devraient pas trop bouleverser ces messieurs

Des femmes aux manettes du Sénat... On en est loin ! Photo d'illustration D.-R.

Combien l’Occitanie comptera-t-elle de sénatrices, après le scrutin du 27 septembre ? “A en juger par le nombre de candidates, pour les progrès de la parité au sein de la Haute Assemblée, ça s’annonce mal”, indique Geneviève Tapié, présidente de l’Observatoire régional de la parité d’Occitanie

Actuellement, l’Occitanie ne brille pas au Sénat par la place que les femmes y ont. Dans les neuf départements d’Occitanie soumis à renouvellement, sur 23 sièges, six sont occupés par des femmes, soit 26 % : six points en dessous de la moyenne nationale (32 %). “La proportion de candidates permet de penser que le résultat des élections ne sera pas sensiblement différent”, s’inquiète Geneviève Tapié.

La représentation féminine en berne

L’Observatoire s’est livré à l’analyse scrupuleuse des candidatures dans les neuf des treize départements de l’Occitanie concernés par le renouvellement du Sénat. Il faut distinguer deux types de départements : ceux avec un ou deux sénateurs, avec un scrutin majoritaire (Ariège, Aude, Aveyron, Gers, Tarn et Tarn-et-Garonne) et ceux avec au moins trois sénateurs, avec un scrutin de liste à la proportionnelle (Gard,
Haute-Garonne, Hérault).

Et on constate que la proportion de femmes candidates par mode de scrutin (18,97 % et 32,14 %) ne traduit pas une évolution positive par rapport aux précédentes élections sénatoriales. En effet, en 2017, dans les quatre départements uniquement concernés par le scrutin majoritaire (Lot, Lozère, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Orientales) la moyenne était de 26,1 %.

Le palmarès va de 40 % (Aude) à 8,33 % (Tarn) pour les départements avec un ou deux sénateurs. Dans les autres départements, la Haute-Garonne (37,5 %) et l’Hérault (35,71 %) sont au coude à coude et le Gard (16,67 %) en queue.

Pas assez de femmes dans les conseils municipaux

L’Observatoire note toutefois les effets de la législation, qui prescrit que l’alternance femme-homme ou homme femme doit être respectée dans les départements qui élisent au moins trois sénateurs : en Occitanie, il y a 32,14 % de candidates, au lieu de 18,97 % dans les autres départements. Commentaire de Geneviève Tapié : “Ca permet de mesurer les conséquences effectives de la Loi et le comportement des décideurs et décideuses politiques sur la féminisation du Sénat…”

Autre phénomène notable dans la composition du corps électoral : la liste des délégués des conseils municipaux dans les communes de 1000 habitants et plus devait être paritaire. Au bout du compte, il y a seulement 45 % de femmes parmi les 12 878 grands électeurs…

Faites ce que je dis, mais…

On peut souligner l’ironie qu’il y a à relire la “question écrite” du sénateur centriste de la Marne, Yves Détraigue, publiée dans le Journal officiel du Sénat le 25 juin dernier et constatant que “faute de contraintes législatives fortes sur la composition des exécutifs et en dépit de l’alternance de sexe sur les listes électorales des communes de plus de 1 000 habitants, cette instance constate que l’exercice du pouvoir reste aux mains des hommes.”

Et soulignant que en l’absence de contraintes, la parité n’advient pas spontanément. Le haut conseil rappelle donc ses propositions : généralisation du scrutin de liste paritaire par alternance aux communes de moins de 1 000 habitants, instauration d’un « tandem paritaire » à la tête de toutes les communes, élection de l’exécutif des EPCI (établissements publics de coopération intercommunale, NDLR) au scrutin de liste paritaire par alternance, etc.”

Un constat tout à fait exact. Ne reste plus qu’à appliquer les beaux principes… au Sénat lui-même ! Peut mieux faire, donc !

Philippe MOURET

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