Occitanie : Votez pour leurs projets écolos et solidaires

Frigos solidaires, pâtisseries bio, écolo-truck, recyclerie… Accompagnant la lutte contre le gaspillage alimentaire et pour le développement de l’économie circulaire, la région Occitanie a lancé un appel à projets. Entreprises, associations, établissements scolaires, citoyens, start-ups et mutuelles ont été sollicités. Une centaine de propositions ont émergé. Vous pouvez voter jusqu’au 10 octobre 2019 et faire gagner 40 000 euros à ces projets plébiscités. Voici sept idées originales.

Lutter contre le gaspillage alimentaire et permettre aux sans-abris, étudiants ou retraités aux petits revenus de se nourrir. Voilà le défi relevé depuis 2017 par l’association Les Frigos Solidaires. D’ailleurs, l’association Autres regards sur l’environnement piémont-Biterrois (Hérault) s’y intéresse de près. Le principe est simple : un frigo est installé dans un lieu public, avant d’être alimenté en produits frais (dons, invendus ou produits en date limite de conversation) par les commerçants, les riverains ou les restaurateurs. 

Ce concept existait déjà en Angleterre, en Allemagne et en Argentine. En France, tout a débuté à Paris, grâce à la jeune restauratrice Dounia Mebtoul. Le premier Frigo Solidaire a été inauguré devant son établissement. “Elle a découvert les frigos en libre-service après une année passée à Londres, et elle a eu envie de l’adapter à la France”, explique Véronique Micard, employée dIdentités Mutuelles, une mutuelle partenaire de cette initiative. Aujourd’hui, 37 frigos ont été implantés en France. L’Occitanie n’en compte pour le moment qu’un seul, à Montpellier (6, rue du Bras de fer, devant l’épicerie Le Marché local).

Particulierscommecommerçantspeuvent ouvrir un Frigo Solidaire. Il suffit de confier ou de remplir une promesse de réception du frigo, et de s’engager à en être responsable (veiller à sa propreté et le rentrer le soir pour éviter le vol). Son achat est généralement estimé à 1 300 euros. Une somme récupérée grâce à des cagnottes collectives, lancées sur le site internet HelloAsso.

Ce système repose sur l’économie sociale et solidaire. Alimenter le réseau des Frigos est indispensable pour lutter contre ce décalage entre ce qui manque et ce qui est jeté”

Véronique Micard

Mettre un Frigo Solidaire à Béziers. Voilà ce qu’espère l’association Autres regards sur l’environnement piémont-Biterrois en participant à cet appel à projets. “Nous souhaitons installer un Frigo Solidaire sur le pas de porte de notre local, situé place Pierre Sémard et entouré d’une dizaine de restaurateurs et de commerçants. Nous n’excluons pas d’aller démarcher régulièrement des enseignes de grande surface. Nous contacterons également des collectifs d’habitants et associations de quartier afin de faire connaître le frigo au grand public”, expliquent les bénévoles. 

Le coût de ce projet est estimé par l’association à 5 000 euros dont 3 500 euros sont espérés de la Région. S’il est retenu par les internautes, le premier Frigo Solidaire biterrois devrait être inauguré en mars 2020. 

Une initiative saluée par Véronique Micard. “Ce système repose sur l’économie sociale et solidaire. Alimenter le réseau des Frigos est indispensable pour lutter contre ce décalage entre ce qui manque et ce qui est jeté.” Combattre le gaspillage alimentaire est aussi l’un des objectifs d’un autre projet, Cak’enPot, présenté cette fois-ci depuis l’Aude. L’astuce : faire en sorte que les produits se conservent longtemps. La pâtissière Alicia Zuchetto et le boulanger Kévin Durand, tous deux Compagnons du Devoir, ont créé ces desserts innovants. 

Il n’y a pas d’offre de desserts un peu élaborés dans les magasins bio. On a tous les deux terminé notre Tour de France du compagnonnage en août, alors on a décidé de se lancer”

Alicia Zuchetto, compagnonne du devoir

 

 

La start-up Cak’enPot entend donner une note plus originale aux desserts bio. Photo : Cak’enPot.

Cak’enPot est une start-up proposant différentes pâtisseries biologiques (tarte au citron, crumble aux fruits de saison, cheese-cake) dans des bocaux en verres consignés. La pasteurisation sous vide permet une plus longue conservation des aliments. À l’origine du projet, une constatation. “Il n’y a pas d’offre de desserts un peu élaborés dans les magasins bio. On a tous les deux terminé notre Tour de France du compagnonnage en août, alors on a décidé de se lancer. On a tout de suite pensé à présenter ces desserts dans des bocaux. Quand on a réalisé que ça n’existait pas encore, ça nous a motivés. C’est comme une verrine !”, explique Alicia Zuchetto. 

La visibilité offerte par cet appel à projets est déjà une petite récompense pour Alicia et Kévin. “C’est aussi intéressant de voir ce qui est proposé en Occitanie.” Tous deux sont toujours en phase de recherche et de développement. Ils aimeraient pouvoir travailler avec des acteurs locaux et créer de l’emploi dans la région, en commençant par embaucher des pâtissiers et des livreurs. Le coût de leur projet est estimé à près de 79 000 euros ; 40 000 euros sont là aussi espérés de la Région. Si ce projet est sélectionné, l’ouverture du local de production et la distribution des produits devraient avoir lieu en janvier 2020. 

Un écolo truck pour favoriser les circuits courts

Un écolo-truck pour favoriser les circuits courts Dans les marchés, devant les écoles ou les entreprises. Ph : Coteaux 21.

Au nord de Toulouse, on se mobilise également pour l’environnement et le développement durable. L’association Coteaux 21 agit depuis 2006, via une coopérative alimentaire proposant des achats groupés depuis des producteurs bio et locaux. Elle s’illustre aussi dans le zéro déchet et le zéro phyto. Cet appel à projets est l’occasion pour elle de présenter l’écolo-truck qu’elle souhaiterait mettre en service d’ici mars 2020.    

 

Coteaux 21 souhaite valoriser les circuits courts grâce à ce véhicule. Il prendra les commandes faites chez les producteurs, pour les redistribuer au plus près des habitants de l’intercommunalité des Coteaux-Bellevue. “L’écolo-truck sera présent à la sortie des entreprises et des écoles”, indique Murielle Laurès, membre de l’association. Le but étant de faire connaître au plus grand nombre cette autre manière de consommer. “Il nous permettrait d’amplifier nos actions ponctuelles. En s’installant par exemple sur la place d’un village, cela favorisait en plus les liens intergénérationnels.” Une personne en charge du truck pourrait aussi être embauchée. Le coût de ce projet est estimé à 40 000 euros. S’il retient l’attention du public, cette somme sera subventionnée par la Région.    

Mélanie DOMERGUE

Ils misent sur le recyclage

L’alimentaire n’est pas l’unique thématique de cet appel à projets. En Occitanie, certains veulent éviter gaspillage et pollution en offrant une seconde vie à des matières et des objets.  

“Les moutons doivent être tondus, et pourtant, on ne peut pas payer les tondeurs. J’ai réfléchi à une manière de revaloriser leur travail.” Telle a été la motivation de Cinthia Born, en créant Le mouton Givré. Sous cette marque est née une idée innovante : un sac isotherme, conçu en laine de mouton et en chanvre. Sa production a débuté en août 2019. Un produit made in Lot (Figeac) et porté par une membre des Reizoteuses, un réseau féminin toulousain, consacré aux femmes créatrices et cheffes d’entreprise. Aujourd’hui, Cinthia Born s’est entourée d’une associée, Élodie Madebos.

Élodie Madebos (à gauche) et Cinthia Born souhaitent relancer la filière du chanvre dans le Lot, mais aussi refaire vivre les campagnes. Photo : Le mouton Givré.

“Je suis en contact avec des agriculteurs, je suis d’ailleurs mariée avec l’un d’eux. Je suis couturière de métier, et je voulais créer autre chose que des coussins ou des pelotes avec la laine. C’est un bon isolant”, explique Cinthia Born en abordant l’origine de ce nouveau type d’emballage écologique. Grâce à la laine, les produits chauds ou frais se conservent durant 4 heures à 6 heures, et les produits surgelés restent intacts pendant 1 h 30.

Le sac isotherme, format lunch bag, et d’une capacité de 6 litres, coûte 40 euros. Un autre sac isotherme, pour faire les courses, sera aussi créé. “On a beaucoup de demandes des magasins de vrac”, se réjouit Cinthia Born. La création de ce sac isotherme a également donné lieu à une participation à l’appel à projets de la Région. 

Si Cinthia Born espère ainsi obtenir une aide pour financer de futures embauches, elle compte aussi organiser une journée de sensibilisation pour mettre en lumière les déchets propres. Le coût estimé pour ce projet est de 8 000 euros ; c’est aussi la somme demandée à la Région. Si la proposition de Cinthia Born retient l’attention du public, cet événement aurait lieu entre janvier et février 2020 à Figeac. 

Un objectif humanitaire et environnemental

Dans le Gard, on pense aussi au recyclage utile à tous. Basée à Saint-Nazaire, l’association K Net Partage s’est inscrite à cet appel à projets. Fondée en mars 2009, les bénévoles œuvrent pour les enfants souffrant de maladies rares ou en situation de handicap grâce au recyclage de canettes en aluminium.

 

Parmi les nombreuses actions de l’association, les collectes des bénévoles de K Net Partage sont essentielles : elles permettent ensuite de récolter des fonds auprès des recycleurs. Photo : K Net Partage.

Les canettes collectées sont vendues aux recycleurs. L’association s’approche d’ailleurs du cap des 35 millions de canettes valorisées. “Ils jouent le jeu”, se réjouit Laurent Gautier, le président fondateur de l’association. Et pour cause : depuis dix ans, des milliers d’euros ont été récupérés et redistribués pour financer des projets à destination de milliers d’enfants touchés par la maladie ou le handicap. Diverses associations, l’Unicef ou encore les Restos du Cœur ont notamment pu en bénéficier. 

Un geste d’autant plus fort que K Net Partage est en partie gérée par des personnes malvoyantes. Laurent Gautier est déficient visuel. “Il me reste du temps avant que la lumière ne s’éteigne. Je ne veux pas que la dernière image me restant en tête soit une poubelle géante”, confie-t-il. K Net Partage a donc un double objectif, humanitaire et environnemental. 

Outre les collectes, réparties dans toute la France, et les journées de sensibilisation à la protection de l’environnement, K Net Partage a eu recours à cet appel à projets pour se faire connaître davantage et ainsi étendre son action. Particuliers et vendeurs de canettes en métal peuvent participer dans toute la France : un réseau de recycleurs est indiqué sur le site Internet. L’association demande une aide de 2 000 euros pour poursuivre ses actions, dont 1 500 euros qui seraient subventionnés par la Région Occitanie.

M.D

Donner à chacun le pouvoir d’agir

L’appel à projets présente certes diverses initiatives, mais il encourage aussi les particuliers et potentiels futurs votants à revoir leur mode de consommation. À Perpignan, une start-up pousse chacun à devenir un consom’acteur du quotidien. Du côté d’Uzès (Gard), une association s’adresse aux plus jeunes, en proposant dans les établissements scolaires une friperie autogérée par les élèves.

En octobre, la box de Pousse Pousse est consacrée à la lessive. Les nouveaux venus ou les habitués recevront un kit pour faire sa lessive, des balles de séchage en laine, le verre doseur, la plante du mois, et un magazine de 20 pages sur « Les bonnes feuilles de Pousse Pousse ». Photo : Pousse Pousse.

Rendre les gestes écologiques à la portée de chacun. À Perpignan, c’est l’objectif poursuivi par trois amis d’enfance, Grégoire Baissas de Chastenet, Louis Vial et Romain Ibanez, aujourd’hui à la tête de la start-up Pousse Pousse. L’histoire débute d’abord en 2017, avec la création d’une jardinière écologique pour reconnecter citadins et nature. L’idée d’une box mensuelle s’impose comme suite logique de l’aventure. Elle est lancée en avril 2018. “Après un contenant innovant, on voulait présenter un contenu qui a aussi du sens”, explique Grégoire.

Chaque mois, la start-up propose une box zéro déchet et anti-gaspi. La box est accessible à partir de 19 € 90 (frais de port inclus) et s’adresse aux novices comme aux écolos confirmés. Elle contient un produit d’une marque partenaire, des objets zéro-déchet et éco-responsables, une gazette et des kits à faire soi-même. Les thématiques proposées sont vastes : décoration, hygiène, produits cosmétiques… 

L’écologie punitive ne marche pas ; pour qu’elle soit l’affaire de tous, elle doit être fun et ludique”

Grégoire Baissas de Chastenet, Louis Vial et Romain Ibanez, créateurs de pousse-pousse.

Des astuces naturelles, dont les explications, simples, sont à retrouver sur le site internet dès qu’une box est terminée. La start-up souhaite rendre son impact plus fort encore, en s’inscrivant à cet appel à projets. Les objectifs ? Assurer la formation de l’équipe, organiser des actions de sensibilisation et propager l’idée de ces trois amis : “L’écologie punitive ne marche pas ; pour qu’elle soit l’affaire de tous, elle doit être fun et ludique”. Pousse Pousse estime avoir besoin de 80 000 euros pour poursuivre ses projets. D’autres sources de financement pourraient l’aider à atteindre cet objectif. Pour l’heure, la subvention que pourrait apporter la Région est évaluée à 40 000 euros.

Ça les stimule, je ne pensais pas que ça pourrait aussi venir en aide à des élèves de cette manière-là !”

Françoise Bouvard de l’Association recyclerie en Uzège

Dans le Gard, l’Association Recyclerie Ressourcerie en Uzège (ARRU) tente de modifier les habitudes vestimentaires des adolescents. L’une de ses membres, Françoise Bouvard, en a eu l’idée. “J’essaie de faire changer le regard de ma fille sur les marques, en lui expliquant que quelque chose cloche derrière des prix trop bas, ou trop élevés. Je l’emmène avec moi sur les marchés aux puces”, témoigne-t-elle, et d’ajouter : “Et puis un jour, j’ai lu un article sur l’ouverture d’une friperie dans un établissement scolaire.”

Initiée par l’ARRU, une friperie solidaire est autogérée par les élèves du collège Jean-Louis Trintignant (Uzès, Gard). Photo : Françoise Bouvard.

C’est le déclic. Françoise contacte la directrice du collège Jean-Louis Trintignant (Uzès) en 2018, et la friperie solidaire se met en place. Les élèves en classe Ulis se chargent de ce projet. “Ça les stimule, je ne pensais pas que ça pourrait aussi venir en aide à des élèves de cette manière-là”, confie Françoise. “Je ne fais qu’amener les vêtements, les portants et les cintres : ils sont les seuls à avoir décidé du fonctionnement de la fripe.”

Les collégiens ont choisi d’ouvrir une boutique gratuite aux autres classes. Seules règles : prendre trois articles maximum, et ce, tous les 15 jours. “Même les profs ont amené des vêtements et ont fini par s’y habiller !”, s’amuse Françoise. Pour l’anecdote, le professeur qui s’occupait de la classe Ulis l’année passée est parti enseigner à La Réunion, où, là-bas aussi, il a ouvert une friperie avec ses élèves.

On prend de tout, de la déco, de l’électroménager, du matériel informatique, des vélos… D’ailleurs, deux membres de notre équipe réparent les vélos”

La friperie solidaire continue cette année au collège Jean-Louis Trintignant. L’idée de Françoise Bouvard figure dans cet appel à projets car elle souhaite l’élargir au Gard, voire même ailleurs. “J’ai déjà une demande d’un établissement de Bagnols-sur-Cèze !”, se réjouit-elle. En participant à l’appel à projets, l’ARRU espère réunir assez de votes pour créer un site internet inter-établissements, intervenir dans différents établissements, et obtenir un véhicule afin de simplifier les déplacements. Le coût estimé pour réaliser ces projets est de 35 000 euros ; pour l’heure, 25 000 euros sont demandés à la Région. 

Il n’y a qu’à déposer les objets

L’ARRU accueille dénicheurs de bonnes affaires et personnes à la fibre écologiste depuis le 14 septembre 2019. Photo : M.D.

L’Association Recyclerie Ressourcerie en Uzège a trouvé depuis peu son local, route de Gattigues (650, Moulin À Vent), à Montaren-et-Saint-Médiers. Il ouvre ses portes aux particuliers chaque week-end, depuis le 14 septembre 2019. Chaque premier et troisième mercredi du mois, il n’y a qu’à déposer ses objets à la déchetterie de Vallabrix. Ces mêmes objets, vendus à prix solidaire à l’ARRU, peuvent ensuite faire le bonheur d’autres personnes. 

“On prend de tout, de la déco, de l’électroménager, du matériel informatique, des vélos… D’ailleurs, deux membres de notre équipe réparent les vélos”, explique Charles Essautier, membre de l’ARRU. En revanche, le gros mobilier n’est pas accepté. “On réunit des gens qui ont envie de changer le monde. Si on peut éviter le gaspillage et les dégâts des effets de mode, alors tant mieux. “

M.D.

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