Démographie : L’incroyable attractivité de l’Occitanie

L'Occitanie va passer de 5,9 millions d'habitants à près de 7 millions. Dont une bonne partie vont continuer de se concentrer à Toulouse et Montpellier Photo : ©BIM/Dominiuqe Quet/MAXPPP.

Hyper-attractive, la région Occitanie, entre 2012 et 2017, a vu sa population croître de 47 400 habitants en moyenne par an – qui tend cependant à décélérer – pour atteindre 5,8 millions d’habitants. Tous les départements sont concernés par cette croissance. Seules quelques villes moyennes – Sète, Alès, Carcassonne, Albi ou Tarbes perdent des habitants au profit de leur banlieue. Le département de la Lozère, lui, a stoppé la perte d’habitants et multiplie les actions.

C’est un peu la nouvelle bête du Gévaudan : la Lozère, plus petit département français (76 601 habitants) a une gageure à relever : stopper l’hémorragie de sa population. Et tenter de flirter avec la barre symbolique des 100 000 habitants et talonner ainsi un autre département peu peuplé d’Occitanie, l’Ariège (153 153). Sophie Pantel en est la présidente PS : “Notre premier défi, confiait-elle il y a tout juste un an, c’est de stopper la perte d’habitants. L’enjeu démographique est le plus important. C’est un vrai problème pour l’accès à nos services publics, pour les collèges remplis avec seulement 80 élèves alors qu’ils sont conçus pour 200…

Sophie Pantel, présidente de la Lozère. Ph. DR.

Sans parler de la baisse des rentrées fiscales liées aux droits de mutation (une taxe payée quand on achète et vend un bien immobilier). Sophie Pantel a eu l’idée de créer il y a dix-huit mois, un laboratoire à idées, baptisé le Studio. La présidente de ce département s’échine : “C’est un enjeu majeur : quand les entreprises veulent s’installer ou développer de l’emploi, souvent on ne peut pas répondre à ce besoin.” Mais, aujourd’hui plus qu’hier, la présidente de la Lozère “y croit” : “Depuis 2015, on gagne 150 habitants par an environ ! Et surtout cela veut dire que l’on arrête d’en perdre.”

On croit beaucoup à la fibre ; la moitié de la Lozère sera couverte au premier semestre 2020 et totalement en 2021 : de quoi faire venir des entreprises”

Sophie Pantel, présidente de la Lozère

Il faut dire que Sophie Pantel démultiplie ses efforts : job dating, opérations promotion à Paris, à Marseille, Toulouse (Lozère, lettres Capitole), etc. Et ose le “désenclavement numérique”“On croit beaucoup à la fibre ; la moitié de la Lozère sera couverte au premier semestre 2020 et totalement en 2021 : de quoi faire venir des entreprises”, souligne l’ardente défenseuse de ce magnifique territoire qu’elle a contribué à dépoussiérer. “Un rééquilibrage territorial va se faire : il y a une demande pour des gens qui veulent se rapprocher de la nature et s’installer chez nous où, faut-il le rappeler, on n’a que 5 % de chômage ; qui veulent s’éloigner de la pollution et des centres-villes engorgés.” Et ça commence par les services au public : “Nous avons réussi à signer des conventions avec 16 médecins, de quoi assurer le remplacement de ceux partis à la retraite…”

La Lozère constitue une exception en Occitanie. Entre 2012 et 2017, l’Occitanie a vu sa population croître de 47 400 habitants en moyenne par an pour atteindre 5,84 510 23 millions d’habitants exactement, soit une hausse de + 0,8 % par an en moyenne. L’agglomération de Toulouse s’enrichit en moyenne de 18 000 habitants par an et l’aire urbaine de Montpellier de 9 300 habitants supplémentaires chaque année. Perpignan progresse de + 0,9 % et Nîmes de + 0,7 %. Toutes les aires urbaines de plus de 50 000 personnes en Occitanie gagnent des habitants.

Les deux grands pôles démographiques restent Montpellier et Toulouse, sans surprise, selon les tout derniers chiffres de l’Insee Occitanie. À Montpellier, il y a une dynamique liée aux étudiants. Il y a une forte création d’emplois mais attention ce sont des emplois présentiels : c’est-à-dire des emplois qui répondent à un besoin de la population. Un boulanger. Un maître d’école, etc. A Toulouse, des emplois dans l’aéronautique ou l’informatique, ce sont des emplois productifs.

Toutes les communes gagnent des habitants sauf les villes de Sète, Alès, Carcassonne qui sont en déprise marquée qui perdent 250 à 300 habitants chaque année. Il y a aussi Tarbes ou encore Albi qui elles aussi au profit de leurs périphéries ou banlieues.”

Bernard Nozières, de l’Insee

Chef de la division territoire de l’Insee Occitanie, Bernard Nozières analyse : “Toutes les communes gagnent des habitants sauf les villes de Sète, Alès, Carcassonne qui sont en déprise marquée qui perdent 250 à 300 habitants chaque année. Il y a aussi Tarbes ou encore Albi qui elles aussi au profit de leurs périphéries ou banlieues. C’est un phénomène déjà ancien mais qui va au-delà de sa banlieue. Sète perd des habitants (270 habitants en moyenne chaque année) au profit de Frontignan et des deux Balaruc, notamment Balaruc-le-Vieux. Dans le Bassin de Thau, deux communes tournées vers Montpellier gagnent, elles aussi des habitants : Gigean et Poussan qui gagnent entre 30 et 100 habitants chacune chaque année. Ce qui est important.”

Chacun peut même aller consulter les chiffres de la population de sa commune. Sur les 13 départements, la population ne cesse d’augmenter avec, cependant, un “décélération de cette progression : nous ne sommes plus à un rythme de 50 000 habitants de plus chaque année”, confie Bernard Nozières, chef de la division territoire de l’Insee Occitanie. Montrant une très grande attractivité de la région Occitanie qui occupe désormais la 2e place des 13 régions, derrière la Corse, pour sa progression, deux fois supérieure à la moyenne nationale, et en 3e position en évolution absolue après l’Île-de-France et Auvergne-Rhône Alpes. “On vient habiter en Occitanie de toutes les régions de France. De l’Île de France, bien sûr, mais aussi du grand Est et aussi de Paca. Beaucoup d’habitants d’Occitanie vont vivre en Paca mais il y en a davantage de Paca qui viennent en Occitanie.

Pourquoi une telle croissance démographique ? L’attractivité de la région et essentiellement les nouveaux arrivants dans la région qui sont supérieures aux départs. C’est d’abord ce solde qui prédomine. L’héliotropisme joue pleinement, notamment sur la côte languedocienne traditionnellement, à l’instar “du littoral atlantique et toute la bande sud, Paca comprise, même si cela a un peu baissé”.

Olivier SCHLAMA

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