Économie : La reprise a commencé en Occitanie !

Caroline Jamet, directrice régionale de l’Insee, l’institut de la statistique, a révélé ce jeudi les très bons chiffres de l’économie régionale en 2017. Même si le taux de chômage est encore très élevé, c’est la première fois depuis longtemps que “les feux sont tous au vert”. L’embellie devrait se poursuivre en 2018 mais sans doute à un rythme moins soutenu.

Une croissance de l’emploi de 1,8 % (+ 21500 salariés) avec un taux de chômage à 10,5 % qui se réduit de -1,2 point sur un an ; une hausse importante des créations d’entreprises par rapport à 2016 : + 4,7 % et, dans le même temps, une baisse de 6,3 % de défaillances d’entreprises, etc. Sans oublier une nouvelle hausse du tourisme avec une augmentation des nuitées de 3,7 % ; un trafic aérien qui s’envole (+12,7 %) ; celui du rail en progression nette aussi à + 6,7 %, grâce la mise en place de la LGV entre Bordeaux et Paris… Du jamais vu depuis des années, selon l’Insee Occitanie. Qui fait dire à Caroline Jamet, directrice régionale de l’Insee, que “2017 offre un bilan très positif pour l’économie régionale” qui compte 1 213 000 salariés. Et positif aussi pour l’emploi régional. Le tout s’inscrit dans un contexte européen favorable et national où la croissance a atteint + 2,2% en 2017.

Même si le taux de chômage reste élevé, cela faisait longtemps que tous les feux n’avaient pas été mis au vert comme cela en faveur de l’emploi ; et même si, et on ne le nie pas, les deux départements-phare que sont la Haute-Garonne et l’Hérault et leurs métropoles respectives, Toulouse et Montpellier, tirent l’économie régionale.”

Caroline Jamet

“Même si le taux de chômage reste élevé, cela faisait longtemps que tous les feux n’avaient pas été mis au vert comme cela ; et même si, et on ne le nie pas, les deux départements-phare que sont la Haute-Garonne et l’Hérault et leurs métropoles respectives, Toulouse et Montpellier, tirent l’économie régionale”, précise Caroline Jamet (photo ci dessous). Car cette région part de loin, avec  une structure économique déséquilibrée dans un l’ex-Languedoc-Roussillon qui vit principalement d’une économie présentielle fragile (commerces, services…), le tourisme (1) avec des touristes dont une partie, météosensible, peut être versatile, et l’agriculture. “C’est vrai, répond Caroline Jamet.

Caroline Jamet, directrice régionale de l’Insee. Photo : DR.

C’est vrai aussi que l’ex-Languedoc-Roussillon ne possède pas une locomotive comme l’aéronautique qui a battu des records cette année. Pour autant, nous enregistrons des indicateurs très positifs.” Notamment la construction dont l’embellie n’avait pas été aussi forte “depuis dix ans”, avec +2,9 % soit 51 500 logements mis en chantier l’année dernière avec des crédits à l’habitat en hausse de plus de 20%.

Il faut pouvoir absorber les quelque 50 000 nouveaux arrivants et leurs conjoints chaque année dans la région. Des conjoints parfois à la recherche d’un emploi donc et d’autres habitants voyant que l’économie repart se mettent à candidater “alors que lorsque la conjoncture est mauvaise, ils n’y pensent même pas.”

Du coup, l’emploi régional augmente en 2017 davantage qu’au niveau national (+ 1,6 %), marqué également par une “forte hausse du nombre de chômeurs ayant exercé une activité réduite à + 7 %”. Toutefois, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi continue d’augmenter. Ce serait, selon l’institut de la statistique, un invariant habituel d’une période telle que nous la vivons de redémarrage économique, avec davantage de CDD et de recours à l’intérim dans un premier temps annonciateurs de reprise économique où “les employeurs, rassurés, embaucheront des CDI”.

Pourquoi y a t- il eu, alors, dans le même temps, une hausse des demandeurs d’emploi ? Sachant que les départements littoraux – PO, Hérault, Gard et Aude- restent les plus touchés par le chômage dans l’Hexagone et que les PO possèdent une population active en recherche d’emploi la plus élevée de métropole (14,6 %). “Il faut pouvoir absorber les quelque 50 000 nouveaux arrivants et leurs conjoints chaque année dans la région. Des conjoints parfois à la recherche d’un emploi donc et d’autres habitants voyant que l’économie repart se mettent à candidater “alors que lorsque la conjoncture est mauvaise, ils n’y pensent même pas”, éclaire Caroline Jamet.

Autre bémol, les grandes cultures et les légumes ont vu leurs prix tirés à la baisse, sans oublier la production de “palmipèdes gras”, crise sanitaire oblige, en baisse de 32 %. La viticulture, elle, touchée par les intempéries, notamment la grêle, réalise une production inférieure de 17 %. Et qui pourrait être cette année encore en retrait. “Le représentant de la Draf a d’ailleurs expliqué que dans la nuit de mercredi à jeudi la grêle avait encore frappé et que la production de cerises pourrait s’en ressentir”, a encore confié Caroline Jamet.

L’embellie de 2017 se prolongera-t-elle en 2018 ? “Nous avons quelques indicateurs nous montrant que ce sera moins favorable qu’en 2017, que 2018 serait plus en retrait, mais c’est un scénario habituel : quand la reprise arrive, il y a un phénomène de rattrapage au tout début. Mais en 2018, nous ne sommes pas inquiets : l’année restera dans un bon rythme de croissance.

Olivier SCHLAMA

  • (1) Le tourisme en Occitanie bénéficie de nombreux touristes français et le bon niveau de touristes étrangers, ce qui en fait la 4e région la plus touristique de France, après Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Paca. Et qui occupe la première place pour l’hôtellerie de plein air.