#Noustoutes : Violences conjugales, le choc d’une hausse de 10 %

Le nombre de femmes âgées de 20 ans ou plus victimes de violences conjugales enregistrées par les forces de l'ordre. Source : SSMSI est le service statistique en charge de la sécurité intérieure. Lecture : dans l'Aveyron, le nombre de femmes âgées de 20 ans ou plus victimes de violences conjugales enregistrées par les forces de police et de gendarmerie en 2020 est compris entre 2,7 et 4,6 (pour 1 000 femmes de 20 ans et plus). Champ: France, femmes âgées de 20 ans et plus.

En amont de la Journée internationale, ce jeudi 25 novembre, et au lendemain des manifestations contre les violences faites aux femmes partout en France, le ministère de l’Intérieur rend un rapport glaçant. La prise de conscience est à la hauteur des chiffres, comme en Haute-Garonne, département exemplaire, ou dans les P.-O. qui propose un “violentomètre” pour repérer les comportements violents.

C’était, pourtant, en 2017, la grande cause du quinquennat d’Emmanuel Macron. Quatre ans plus tard, les services de police et de gendarmerie révèlent avoir comptabilisé une hausse de 10 % des violences conjugales en 2020 pour un total, tous genres confondus, de 159 400 victimes. Les femmes, ultra-majoritaires, représentent 87 % de ce chiffre – une proportion stable par rapport à 2019.

En amont de la Journée internationale, ce jeudi 25 novembre, et au lendemain des manifestations contre les violences faites aux femmes partout en France, à l’appel du collectif #noustoutes, le ministère de l’Intérieur rend un rapport glaçant selon lequel les violences conjugales ont augmenté de 10 % en 2020, c’est-à-dire une période comprenant le premier confinement.

 “Violentomètre” dans les P.-O.

Quelque 150 000 personnes ont défilé ce week-end en France dont 50 000 personnes à Paris. Nombre d’événements se préparent pour ce jeudi, de Montpellier, Toulouse ou Perpignan (lire ci-dessous). En passant par le théâtre Molière, à Sète, où la compagnie de théâtre Aux Ailes Citoyennes jouera des saynètes sur la maltraitance et le corps féminin dans notre société, suivie d’un débat avec des professionnels de santé, de la sécurité et le public. Le département des Pyrénées-Orientales a décidé de distribuer des violentomètres. Une sorte de règle colorée, avec une graduation qui va du vert (tout va bien) au rouge (besoin d’aide) en passant par l’orange (vigilance, dire stop)

Une hausse de plus de 70 % en Haute-Garonne !

Les violences conjugales diffèrent d’un territoire à l’autre. L’Aveyron est le département qui présente le plus faible nombre de victimes enregistrées par habitante avec 2,7 femmes pour 1 000 habitantes âgées de 20 ans ou plus de mêmes sexe et âge. À l’inverse, la Seine-Saint-Denis et la Guyane sont les plus touchés. “Le 1er confinement a donné lieu à une explosion des violences à la maison en Haute-Garonne, confie le préfet Etienne Guyot. Les interventions pour violences intrafamiliales ont augmenté de plus de 70 % en zone de police et de gendarmerie. Plus de 500 nouvelles femmes victimes de violences conjugales ont été prises en charge par les associations spécialisées et d’aide aux victimes.”

Système d’alerte en pharmacie, cellules de lutte…

Les violences conjugales ne sont pas toujours physiques, témoigne une policière de Montpellier Ph. D.-R.

Le préfet ajoute qu’il existe désormais une “mobilisation exceptionnelle en Haute-Garonne. Notamment un système d’alerte simplifié est désormais en place dans chacune des 405 pharmacies du département ; des moyens supplémentaires alloués aux associations de soutien aux victimes de violences, tels que de nouveaux équipements informatiques et téléphoniques, mais également en fournissant des masques et des bons alimentaires…”

Plus spécifiquement, la gendarmerie de ce département a créé une cellule permanente de lutte pour mener les enquêtes dédiées ; d’une cellule de télécontact “particulièrement utile puisqu’un premier bilan a démontré la pertinence de ce dispositif avec 380 victimes contactées ; 29 situations sensibles signalées aux unités concernées, 33 femmes qui ont pu quitter leur domicile en sécurité et 5 ont bénéficié d’un relogement en urgence.”

Les commerces volontaires sont aussi des refuges

Ce n’est pas tout. Ce département de Haute-Garonne a aussi créé un réseau de signalements des violences conjugales via les commerçants de proximité dès le 1er mai 2020 dans l’agglomération toulousaine. Les commerçants volontaires accueillent les victimes de violences conjugales en cas d’urgence, leur fournissent tous les numéros utiles. Une signalétique spécifique avec un QR code a été créé pour que les membres du réseau soient identifiés (affichage à l’intérieur et à l’extérieur du commerce). “Le dispositif sera prochainement déployé dans des territoires ruraux, dans le Comminges et le bassin Auterivain. La mobilisation des commerçants est forte puisque déjà plus de 170 commerçants se sont portés volontaires.” Comme c’est le cas également à Nîmes, ainsi que Dis-Leur ! vous l’a expliqué, pour lutter contre le harcèlement de rue où 150 commerçants ont déjà adhéré.

Peu de victimes déposent plainte

Ces statistiques, en Haute-Garonne ou ailleurs inquiétantes sont sans doute sous-estimées et non définitives. “Ces chiffres ne comptabilisent que les faits qui ont été portés à la connaissance de la police et la gendarmerie au plus tard début janvier 2021”, souligne-t-on au ministère de l’Intérieur. Surtout, les victimes déposent peu plainte, “en particulier lorsqu’il s’agit d’agressions à caractère sexuel”. Selon les enquêtes de victimisation de l’Insee, entre 2011 et 2018, seules 27 % des victimes se sont déplacées au commissariat ou à la gendarmerie, 18 % ont déposé plainte et 7 % une main courante ou un procès-verbal de renseignement judiciaire.

102 femmes mortes sous les coups de leur conjoint

Ainsi, d’après l’enquête Cadre de vie et sécurité (CVS), ce sont 295 000 personnes, dont 213 000 femmes, qui déclarent avoir été victimes de violences physiques ou sexuelles par leur conjoint ou leur ex, entre 2011 et 2018. Et encore dans ces statistiques, ne sont pas comptés les féminicides : comme Dis-Leur vous l’a dit, en 2020, 102 femmes avaient été tuées sous les coups de leur conjoint. Elles étaient 146 en 2019. Une baisse sensible mais un chiffre encore trop important.

Ce n’est pas tout. Le chiffre des morts violentes au sein du couple (et donc celui des féminicides)  pour l’année 2020 [125 victimes d’homicide par conjoint dont 102 femmes] est, lui, connu depuis août 2021 (source : Délégation aux victimes, Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple, comme dis-Leur ! vous l’expliquait ICI dans notre article. Fondatrice de #Noustoutes, Caroline de Haas, ancienne conseillère technique auprès de la ministre Najat Vallaud Belkacem, ministre des droits des femmes sous Hollande, revendiquait cet été : “Les moyens pour appliquer les annonces sont en réalité les grands absents des déclarations. Et sans moyens, il n’y aura pas de changement majeur.”

Une enquête de victimisation décalée

À savoir :  les données relatives aux victimes enregistrées par la police et la gendarmerie sont complétées par les données d’enquête de “victimation”. Ces données sont les mêmes que celles présentées l’an dernier, car, comme l’explique le ministère de l’Intérieur, “l’enquête Cadre de vie et sécurité 2020 portant sur les victimations de 2019, prévue au deuxième trimestre 2020, n’a pas pu être réalisée par l’Insee. Du fait des mesures mises en place pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, l’Insee a été contraint d’interrompre ses enquêtes en face-à-face à partir du 16 mars et ne les a reprises qu’à partir du 15 juillet (…) Les premières statistiques issues de l’enquête CVS 2021 seront publiées au 1er semestre 2022.”

Olivier SCHLAMA

À Toulouse et en Haute-Garonne

TOULOUSE. À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence envers les femmes, la fédération France Victimes est partenaire de l’expographie créée par le collectif Mots et Maux de femmes. Ce projet dénonce les violences faites aux femmes, alors que 100 femmes sont déjà mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l’année. L’expographie sera notamment présentée à Toulouse. Il sera inauguré ce 25 novembre à l’École nationale supérieure d’architecture. La fédération France Victimes avait lancé il y a un an la plate-forme numérique Mémo de Vie et ne cesse d’innover pour accompagner et protéger les femmes victimes.

Photos et textes de célébrités

L’expographie, composée de 12 photos et de 81 textes rédigés par des célébrités et des victimes pour illustrer les violences, sera présentée sur 40 mètres de long dans 21 villes de France, notamment sur les grilles du tribunal judiciaire de Toulouse du 25 novembre au 10 décembre en métropole et en Outre-mer à partir du 25 novembre prochain. Cet événement se tient sous le haut-patronage du Président de la République Emmanuel Macron, le patronage de 9 ministres et 1 secrétaire d’État, avec le soutien de près de 300 marraines issues des mondes politique, artistique ou encore médiatique.

Les textes et les images qui composent l’expographie sont le résultat d’une collecte de témoignages et de recherches minutieuses et documentées. Certaines approches du collectif interpelleront lors de la présentation de l’exposition, mais l’objectif est de suffisamment marquer les esprits pour encourager une prise de conscience, des actions et une protection des personnes.

Un an après son lancement, la plateforme Mémo de Vie compte 20 000 utilisateurs , 2 300 comptes créés par des victimes et des proches et plus de 800 professionnels formés à son utilisation.

Stèle en mémoire des femmes victimes

À Toulouse, le Pont-Neuf avait été mis en Orange en mémoire des violences faites aux femmes… Photo D.-R.

TOULOUSE (bis). Jeudi, le Capitole sera illuminé en orange dès la tombée de la nuit les 24 et 25 novembre. La mairie de Toulouse s’associe ainsi à ce message universel porté par l’ONU Femmes Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles. Dès mercredi 24 novembre à 19h, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, président de Toulouse métropole invitera les Toulousains, les 36 autres maires des communes de la Métropole, partenaires et associations, se recueillir sur la stèle en mémoire des femmes victimes de machisme, Esplanade Alain Savary.

Carrefour-rencontre sur les dispositifs existants

Le jeudi 25 novembre, Jean-Luc Moudenc visitera les stands du Carrefour Rencontre à 15 heures avec Julie Escudier, conseillère municipale en charge de l’égalité femmes-hommes, situés devant le square Charles-De-Gaulle. Ce Carrefour-Rencontre propose un accueil et des renseignements sur les dispositifs en faveur des femmes victimes de violences. Un accompagnement par des professionnels, ainsi qu’un soutien dans les démarches des victimes et des témoins pour répondre à leurs besoins en termes de logement, de protection, de sécurité et d’accès aux droits est également disponible. Et jusqu’au 10 décembre, rencontres, débats, films, théâtre, danse ou musée…

Opération poches à pain dans 200 boulangeries

Mais aussi : Opération poches à pain dans 200 boulangeries de la Métropole, pour sensibiliser tous les habitants. Cette année, 200 000 sacs à baguette seront distribués sur lesquels figurera le visuel de la campagne contre les violences menée par les deux collectivités, rappelant le numéro d’appel d’urgence : 39 19.

Un plan décliné en 55 actions

Haute-Garonne. Depuis 2015, le département de la Haute-Garonne est particulièrement mobilisé en faveur de l’égalité femmes-hommes. Cet engagement s’est concrétisé en 2019 par l’adoption d’un plan dédié de 55 actions, appliqué à l’ensemble des politiques menées par la collectivité.

En janvier 2020, le Département a renforcé ses actions pour la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes afin de mieux protéger les victimes, les enfants témoins ou co-victimes et soutenir les associations qui prennent en charge les auteurs, dans le but d’éviter les récidives. Un engagement d’autant plus important que les signalements pour violences conjugales ont augmenté de près de 30% en France et en Haute-Garonne, depuis le début de la crise sanitaire. Le soutien aux acteurs associatifs œuvrant pour le droit des femmes s’est ainsi porté à 354 308 € en 2020, soit une hausse de 12 % par rapport à 2019.

En mars 2021, le Département a également ouvert un Centre d’accueil mères enfants de 27 logements, afin de répondre aux situations de vulnérabilité, engendrant un besoin urgent de mise à l’abri. Ce centre, entièrement financé par la collectivité, représente un budget annuel de 473 500 €.

Entre 2019 et 2021, le budget total alloué par la collectivité à l’égalité des genres représente plus de 16 M€, réparti sur 22 directions départementales : éducation, solidarité, enfance et famille, culture, sport, numérique…

O.SC.

Perpignan avec le club Soroptimist :

La Mairie de Perpignan s’associe au club Soroptimist en illuminant ses bâtiments en orange, couleur officielle de cette campagne et qui symbolise un avenir meilleur et un monde plus juste, sans violence à l’égard des femmes et des filles.

Du 25 novembre au 10 décembre 2021, la Loge de Mer, l’Hôtel de Ville, la passerelle
de l’Archipel, et le Castillet (uniquement jusqu’au 3 décembre) seront illuminés en
orange à la tombée du jour.

En association avec Soroptimist, une distribution est prévue de 30 000 sachets à pain portant mention des numéros d’appel nationaux et locaux des services assurant une prise en charge en urgence des femmes victimes de violence.

En partenariat avec l’université de Perpignan (UPVD), illumination de bâtiments et journée de sensibilisation et d’information “tous unis pour mettre fin aux violences faites aux femmes. “ Diffusion le dimanche 5 décembre à 16 heures au cinéma Castillet du film Made in Bengladesh pour la 8e édition et dont les bénéfices seront reversés au profit d’une association venant en aide aux femmes victimes de violences.