Nîmes : Une “tatie” invente un réseau d’entraide pour parents

Johanna Del Campo : "Si un parent a besoin d'aller chercher une petite Lili à la danse à 16 heures, aujourd'hui, toutes les personnes inscrites au cercle "danse" sont alertées en même temps. L'application devient le but. C'est une entraide rapide, facile et sécurisée." Et ça marche : Johanna teste à l'automne dernier son idée in petto dans le Gard depuis quelques mois." Photo : DR.

Une Nîmoise, Johanna Del Campo, a inventé un réseau d’entraide entre parents, Un Jeu d’enfant, qui se concrétise sous la forme d’une application smartphone dont le lancement national débute. Son but : créer des groupes de parents facilement, simplement et de façon sécurisée, pour les aider dans la gestion quotidienne de leur progéniture. Impossible d’aller, d’ici une heure, chercher sa fille à la garderie ? Pas de panique : en quelques clics, on peut ainsi faire appel à un réseau social que l’on s’est constitué pour demander de l’aide. A titre de revanche.  Au passage, on n’appelle plus systématiquement les mêmes personnes qu’auparavant, les grands-parents étant souvent sur-sollicités ou loin des parents. Et on déculpabilise les relations familiales et amicales. Unique en France.

Même une application peut avoir un joli nom : un jeu d’enfant. Une Nîmoise, Johanna Del Campo, concrétise une idée simple et unique en France : un réseau social gratuit d’entraide pour les parents. Un site. Une application dédiée. Et le tour est joué. Le déclic ? “A plusieurs reprises, dit-elle, des copines ne pouvaient pas sortir à cause des enfants qu’elles n’arrivaient pas à les faire garder”, relate Johanna. Un casse-tête vieux comme le monde. Et qui s’accentue avec l’éloignement des grands-parents voire des familles.

Une fois inscrit sur l’application, on crée son (ses) propre(s) cercle(s) de parents de confiance, que l’on connaît forcément, et qui vous connaissent et ont été choisis en fonction de vos centres d’intérêt communs. Pour aller, par exemple, chercher en urgence son gamin à l’école alors que l’on est retenu au boulot ; pour amener son fils au stade, etc. Il suffit de répondre favorablement à la demande parue directement sur l’application et qui affichera, si vous pouvez rendre ce service, votre réponse sur un fil d’actu dédié.

“Si un parent a besoin d’aller chercher une petite Lili à la danse à 16 heures, aujourd’hui, toutes les personnes inscrites au cercle “danse” sont alertées en même temps. L’application devient le but. C’est une entraide rapide, facile et sécurisée.”

Johanna Del Campo

“Si un parent a besoin d’aller chercher une petite Lili à la danse à 16 heures, aujourd’hui, toutes les personnes inscrites au cercle “danse” sont alertées en même temps. L’application devient le but. C’est une entraide rapide, facile et sécurisée.” Et ça marche : Johanna teste à l’automne dernier son idée in petto dans le Gard depuis quelques mois. Quelque cinq cents parents se sont inscrits à Un jeu d’enfant ; ceux-ci ont amenés de grosses évolutions comme l’ajout de contacts téléphoniques.

Les raisons du plébiscite ? Passer par une interface numérique, par ce réseau social sécurisé (il n’y a aucune photo d’enfant, par exemple), “rassure indéniablement les parents et les déculpabilisent de demander sans cesse aux mêmes personnes le même service…” Le lancement au niveau national est imminent.

“Ce réseau me permet en toute tranquillité de ne pas faire appel systématiquement à mon père ou à ma mère. Ne répondent que ceux qui veulent ou qui peuvent aider. Il déculpabilise ! 

Laetitia Maurel, maman d’une enfant de 7 ans

Maman d’une fille de 7 ans, Laetitia Maurel, 30 ans, de Caveyrac (Gard), fait partie des utilisatrices très satisfaite d’un Jeu d’enfant. Elle dit : “Ce réseau me permet en toute tranquillité de ne pas faire appel systématiquement à mon père ou à ma mère. Ne répondent que ceux qui veulent ou qui peuvent aider. Il déculpabilise ! Je l’ai utilisé trois fois depuis septembre, notamment quand mon papa était malade. J’ai créé un groupe de parents pour l’école ; puis avec d’autres mamans pour la danse. C’est un réseau social personnalisé.

C’est une société locale, IAS à Laudun, dans le Gard, qui a réalisé l’application. “Je ne voulais pas d’un réseau social comme Facebook”, confie Johanna, où les gens ne se connaissent pas forcément bien.”

Tout le monde me disait au début de l’aventure que c’est une brillante idée mais en pensant que j’étais un peu folle de me lancer là dedans…”

“Tout le monde me disait au début de l’aventure que c’est une brillante idée mais en pensant que j’étais un peu folle de me lancer là dedans… Dans un projet numérique aussi difficile sans rien n’y connaître, sans rien connaître de la technique, reprend Johanna Del Campo qui compte financer son idée via la publicité. Mais, heureusement, dès le début je n’ai eu que des avis favorables ; et c’est d’ailleurs ce qui me galvanise.”

Une vraie fraicheur et une envie d’entreprendre président à cette belle idée : “Une trentenaire sans enfant, il fallait le faire”, écrit-elle avec autodérision dans son pitch de crownfunding sur lequel elle a récolté 4 000 euros sur un budget de 15 000 euros (le reste est apporté par ses fonds propres et un prêt d’un proche)… ! “Depuis bientôt 21 ans, j’enfile souvent ma tenue de super tatie pour garder les petits mômes des frangines et amies. Vous vous direz elle en a eu marre, alors elle a eu cette idée ! Eh bien non… Je l’ai eu pour tous ceux et celles qui n’ont pas de tatie Jo. A mon compte depuis cinq ans dans le secrétariat, le soutien à la gestion d’entreprise, je souhaite donner un tournant à ma carrière professionnelle avec ce projet qui me tient particulièrement à coeur.” Un “je” d’enfant.

Olivier SCHLAMA