Nature : Le Grand Tétras emblême menacé des Pyrénées

Le Grand Tétras, race emblématique des PYrénées est en danger... Photo © FNE

Selon le site spécialisé ornithomedia.com, “les effectifs hexagonaux, stables ou en déclin selon les massifs, seraient compris entre 4 000 et 5 500 adultes dont 3 500 à 5 000 dans les Pyrénées, 300 dans le Jura, 200 dans les Vosges, et 30 à 50 dans les Cévennes. L’espèce a disparu des Alpes françaises…” Pour France Nature Environnement, “la situation est passée de “problématique” à “très inquiétante”surtout du fait de la destruction de centaines de places de chant à l’occasion d’aménagements divers…” D’où la pétition qui circule actuellement :

Le Grand Tétras ou Grand Coq de bruyère est un magnifique oiseau qui peuple encore quelques-uns des massifs montagneux de l’hexagone. Cependant la régression des populations de Grand Tétras en France est très importante notamment depuis les années 1960.

Parc National des Pyrénées, un des derniers gros bastions de sa présence

Selon France Nature Environnement (*), “dans les Vosgesla  baisse des effectifs est de plus de 90 %, dans le Jura d’au moins 50%, dans le Massif Central survit à grand peine une population relictuelle d’une trentaine d’individus issus d’une réintroduction pourtant massive et dans les Alpes le Grand Tétras a disparu aux environs de l’année 2000.”

Les populations présentes dans les Pyrénées appartiennent à une sous-espèce particulière : Tetrao urogallus aquitanicus. Le Parc national des Pyrénées constitue un des derniers gros bastions de sa présence (plus de 10 % des effectifs pyrénéens). Diverses actions sont ainsi menées en faveur de sa protection. Tout au long de l’année, les gardes-moniteurs du parc mènent des actions de suivi et de conservation.

Des “zones de tranquillité hivernale” ont été installées et, l’été, en collaboration avec les chasseurs locaux, ils réalisent des “comptages aux chiens” (les chiens permettent de lever les oiseaux) dans l’optique d’évaluer le succès de reproduction de l’année. Le nombre de jeunes par poule levée est ainsi comptabilisé.

Les comptages font l’objet de débats tendus

Mais, affirme France Nature Environnement : “Les facteurs de déclin de ce galliforme sont nombreux, qu’ils soient liés à l’action directe de l’homme ou non. Force est de constater par ailleurs que les mesures en faveur du Grand Tétras déjà entreprises sur le versant nord pyrénéen ces dernières années, de manière ponctuelle souvent, n’ont pas donné de résultats probants susceptibles d’inverser la tendance” de déclin de sa population.

Depuis quelques années, les résultats des comptages sont âprement discutés notamment entre la Fédération des chasseurs de l’Ariège, l’Office nationale de la Chasse et de la Faune sauvage, les préfectures, l’Observatoire des Galliformes de Montagne, et naturellement désormais les associations de protection de l’environnement.

Chasseurs : “Ce que les administrations

n’ont pu nous imposer,

le tribunal administratif l’a fait.”

Conséquence, par ordonnance de référé du 8 octobre 2019, le Tribunal Administratif de Toulouse, saisi par le Comité Ecologique Ariégeois, suspendait la chasse du grand tétras et du lagopède alpin. Et un an plus tard, le juge des référés du Tribunal administratif de Toulouse suspendait l’arrêté préfectoral du 2 octobre 2020 fixant les quotas de prélèvements de grand tétras et de lagopède alpin pour la campagne 2020/2021. La chasse de ces deux espèces était donc suspendue.

Pour Jean-Luc Fernandez (président de la FDC09) : “Ce que les administrations n’avaient pu nous imposer, le Tribunal Administratif l’a donc fait. Nos adversaires déclarés et cachés emportent un demi succès.”

Et de dénoncer les chiffres invoqués pour suspendre la chasse : “Je cite Monsieur Jean-Marc Delcasso, Président de l’Observatoire des Galliformes de Montagne, à propos du quota : “on ne sait pas d’où il sort. Il n’est ni scientifique, ni technique, il est simplement politique”. soulignait M. Fernandez

Dans les Hautes-Pyrénées, son homologue Jean-Marc Delcasso regrettait également la suspension de l’arrêté préfectoral qui, rappelait-il “autorisait le prélévement maximal de 4 oiseaux pour la saison fixée à 9 jours de chasse…”

France Nature Environnement interpelle la ministre

En face on insiste : “Depuis 2008, les associations de protection de la nature des Pyrénées ont attaqué tous les arrêtés autorisant la chasse de cette espèce et pas moins de 49 jugements (pour les quatre départements Ariège, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne et Pyrénées-Orientales, NDLR) leur donnent désormais raison. L’État a même été condamné  deux fois pour faute par le tribunal administratif de Pau pour avoir bafoué depuis de nombreuses années les décisions de la justice administrative en ce qui concerne le département  des Hautes-Pyrénées.”

Et dans la pétition mise en ligne, qui compte désormais pas loin de 5000 signatures il est souligné : “La situation juridique est à ce jour parfaitement claire : depuis sa décision du 21 novembre 2018, le Conseil d’Etat, plus haute juridiction française, considère qu’il est tout à fait illégal de chasser un seul Grand Tétras compte tenu de son état de conservation défavorable (…) C’est pourquoi nous demandons aujourd’hui à madame la Ministre de la Transition écologique et solidaire (Barbara Pompili, NDLR) l’arrêt de la chasse au Grand Tétras dans les Pyrénées dès cet automne.”

Deux opinions qui s’expriment :

Pour accéder au texte complet de la pétition : https://www.fne-midipyrenees.fr/petition-stop-chasse-grand-tetras-pyrenees/

Et pour connaître l’opinion inverse, on peut également lire l’article du site lechcasseurfrançais.com sur la décision du Tribunal administratif de Pau…

Philippe MOURET

(*) France Nature Environnement est la fédération française des associations de protection de la nature et de l’environnement. Elle est la porte-parole d’un mouvement de 5 837 associations, regroupées au sein de 46 organisations adhérentes, présentes sur tout le territoire français, en métropole et outre-mer.

Nature, animaux, préservation…