Municipales : “Les gens sont prêts à circuler à vélo, ils veulent juste des pistes”

A vélo, en famille en centre-ville de Sète (Hérault). Photo : Olivier SCHLAMA

De Toulouse à Montpellier, on réclame davantage de place pour la petite reine. La Fédération des usagers de la bicyclette a effectué un classement de 768 communes confirmant partout en France l’intérêt de plus en plus important pour le vélo. En Occitanie, peu de lauréats. Marseillan monte sur le podium dans sa catégorie. Toulouse et Montpellier se classent 8e et 9e. Selon le président, Olivier Schneider, “les citoyens souhaitent un débat sérieux sur le déplacement à vélo, partout en France”. 

Les municipales se gagneront aussi la tête dans le guidon… Le sondage grandeur nature est massif : 185 000 réponses recueillies de septembre à novembre 2019 par la Fédération française des usagers de la bicyclette (la Fub revendique 350 associations et 30 000 adhérents), 768 communes classées (1). L’enquête porte le nom de Parlons vélo et sur le sujet, les Français sont intarissables.

Ce baromètre, baptisé Parlons vélo, montre que l’Occitanie est un désert pour qui veut enfourcher un vélo… Presque six millions d’habitants… Et un seul accessit national : Marseillan, sur le podium des communes de moins de 20 000 habitants. On trouve aussi, dans cette catégorie, deux autres communes de la région mais classées loin du podium : Portet-sur-Garonne (16e place) et l’Union (18e). Autre commune haut-garonnaise : Tournefeuille se classe, elle, 13e dans la catégorie des 20 000 à 50 000 habitants. Enfin, Toulouse et Montpellier se classent 8e et 9e dans la catégorie des villes de plus de 200 000 habitants.

C’est l’enquête la plus massive au monde (…) Nous allons créer une académie des experts en mobilités actives”

Olivier Schneider, président de la Fub

Quels autres enseignements de fond majeurs pour cette enquête ? Pour sa deuxième édition, ce baromètre, unique, enregistre “quelques belles progressions, mais une majorité de villes de France ont encore des efforts à faire. Les candidats aux municipales sont prévenus ! Grâce à la forte mobilisation des associations du réseau Fub, des collectivités. “C’est l’enquête de ce type la plus massive au monde”, se félicite Olivier Schneider, président de la Fub. Cette dernière était en lice pour un appel à programmes lancé par Elisabeth Borne, la ministre des Transports. “Nous voulons créer une académie des experts en mobilités actives”, confie Olivier Schneider. Portail de connaissances, formations, expertises y compris auprès des techniciens municipaux qui interviennent sur le terrain, etc. Mais c’est pour les CEE (certificats d’économies d’énergie) que la Fub a été désignée lauréate de ce nouveau concours national. Deux projets sont récompensés. Polyactive : transports de colis à vélo (“vélo-cargo”) et le second Adma “pour prendre en compte le vélo dans toutes les politiques publiques”. La bonne nouvelle est donc tombée ce jeudi soir, à l’heure de fêter les 40 ans de la Fub dans les locaux de Vélocité Bordeaux. La ministre explique vouloir “tripler la place du vélo dans les déplacements du quotidien”. 

La carte des villes classées, du Vert A + (Excellent) au rouge G (Très défavorable en passant par très favorable, favorable, plutôt favorable) (vert de plus en plus clair), jaune (Moyennement favorable, etc. Et ensuite : rouille : plutôt défavorable ; brun : défavorable et rouge : très défavorable. Infographie : FUB.

Les enseignements de l’édition 2019 du baromètre Parlons vélo des villes cyclables sont sans aucune ambiguïté juste avant les élections municipales : “Les citoyens souhaitent un débat sérieux sur la solution vélo déplacement, partout en France.” Le déclic date de plusieurs années en arrière. “Mais il y a eu des accélérateurs : le mouvement des Gilets jaunes qui a démarré sur le prix des carburants et les grèves qui ont débuté le 5 décembre dernier.” Désormais, le “vélo est un sujet incontestable dans les débats municipaux. L’idée, ce n’est pas de sortir un double décimètre et aller vérifier la largueur de telle ou telle piste cyclable. Mais de voir ce qu’il se fait de bien. Le principal enseignement était clair dès les deux cents première réponses, jusqu’au bout il n’a pas varié. Les gens nous disent : “On est prêts à faire des trajets courts ou moyens à vélo mais donnez-nous des infrastructures !

A Montpellier et Toulouse, les habitants mobilisés

Et la pression des cycliste-électeurs est forte : pas plus tard que dimanche dernier, les habitants du quartier Figuerolles, à Montpellier, ont dessiné symboliquement au sol une piste cyclable avec l’aide de l’association Vélocité. Ils entendaient ainsi protester contre l’absence de piste cyclable et alerter sur l’urgence climatique ; ils en réclament une de 800 mètres de long pour rouler en sécurité avec force pétitions… Il y a un mois, dans la capitale régionale, Toulouse, des militants d’ANV-Cop 21 avaient eux aussi tracé une voie cyclable sur les allées Paul-Sabatier, dénonçant par la même occasion le manque de place réservée aux transports doux dans la Métropole par rapport aux voitures. Cette dernière revendique 600 kilomètres de voies cyclables, dont 322 à Toulouse. Ce n’est visiblement pas assez pour les adeptes de la petite reine. Ni pour la Fub.

Le vélo ne concerne plus les seules grandes métropoles mais les villes moyennes et les zones périurbaines. Ce n’est pas parce que l’on est une petite ville que l’on n’y circule pas à vélo. Et dès que l’on quitte les villes-centre, c’est compliqué…”

Olivier Schneider, président de la Fub. Ph. : Awll Photography

D’ailleurs, les deux capitales régionales, Montpellier et Toulouse sont affublées d’une note faiblarde par l’enquête de la Fub (voir infographie) dans la catégorie des villes de plus de 200 000 habitants, “comme, globalement, tout le Sud de la France”, dit Olivier Schneider. Autre enseignement, selon le président de la Fub, “le vélo ne concerne plus les seules grandes métropoles mais les villes moyennes et les zones périurbaines. Ce n’est pas parce que l’on est une petite ville que l’on n’y circule pas à vélo. Et dès que l’on quitte les villes-centre, c’est compliqué : les bus arrivent cahin caha ; il n’y a pas assez de pistes cyclables… Encore une fois les gens réclament des infrastructures adaptées et des services liés au vélo, comme des parkings ou des réparateurs. À Paris, on s’est aperçus du manque de réparateurs pendant les grèves : j’ai même vu une pancarte où il était indique que les réparations ne pouvaient pas être prises en charge avant le 15 mars…”

Alors, oui, l’investissement peut paraître important mais ce n’est rien à côté de 100 mètres de voies rapides ou d’autoroute…”

Premier magistrat de Montpellier, Philippe Saurel a promis un investissement de 100 millions d’euros sur dix ans après l’épisode fameux et populaire #JeSuisUnDesDeux qui avait fait florès sur les réseaux sociaux, cri de ralliement de 1 200 amoureux de la petite reine sur le parvis de la mairie de Montpellier réunis par Vélocité. Il faut dire que Saurel avait piqué leurs mollets après avoir prononcé que « faire une infrastructure pour qu’elle soit utilisée par deux personnes, ce n’est peut-être pas l’idéal… » Converti, il a même formé une délégation avec Vélocité pour aller du 22 au 24 octobre dernier à Copenhague (Danemark), “pour envisager les aménagements à venir éclairés par l’expérience de Copenhague…” Une ville qui fait référence en la matière au niveau mondial où 60 % des gens circulent à pied ou à vélo.

Montpellier, Antigone, vélo. Photo : Olivier SCHLAMA

Olivier Schneider ajoute : “Montpellier et Toulouse n’ont effectivement pas d’excellentes notes. Mais pour bien connaître Montpellier où j’ai participé à un débat justement sur la place du vélo et les municipales, Philippe Saurel, l’actuel maire, porte le sujet vélo très haut. Il y avait tellement de retard dans cette ville… Alors que, pourtant, le Sud de la France, avec sa météo souvent clémente, est propice aux déplacements en deux roues. Les gens sont prêts à circuler à vélo à condition d’avoir des infrastructures. 60 % d’entre-eux se disent prêts, comme au Danemark. Il leur faut des pistes en site propre ; des stations pour se garer ; des réparateurs. Alors, oui, l’investissement peut paraître important mais ce n’est rien à côté de 100 mètres de voies rapides ou d’autoroute…” Et puis il y a des choix forts à faire au-delà “des annonces faites pour faire briller un candidat” : “Quand dans une rue on transforme l’une des deux voies en pistes cyclable bi-directionnelle, par exemple, c’est un choix politique”, appuie Olivier Schneider. “L’État vient justement de lancer un appel à projets : passerelles ; reconfiguration de parkings, etc.” Pour que la petite reine le devienne définitivement.

Olivier SCHLAMA

  • Vous pouvez télécharger une belle application smartphone, Palmarès parlons vélo, pour tout connaître des équipements dans les villes classées.
  • (1) L’enquête baromètre Parlons Vélo des villes cyclables 2019 était accessible en ligne sur www.parlons-velo.fr de septembre à novembre 2019 et a recueilli près de 185 000 contributions. Seules les communes ayant récolté un minimum de 50 réponses de cyclistes ont été classées. Pour chacune des 26 questions, classées en cinq thèmes (sécurité, confort, etc), les répondants attribuaient une note entre 1 (négatif) à 6 (positif). Une note globale (moyenne à 3,5) a été calculée pour chaque ville à partir de la moyenne des cinq thèmes. En fonction de cette note globale, les villes sont catégorisées sur une échelle de A+ à G allant de “climat vélo excellent” à “climat vélo très défavorable”. Au total 768 communes de France métropolitaine et d’outre-mer bénéficient d’une note et figurent au présent palmarès. Elles sont regroupées en cinq catégories suivant leur taille démographique.
  • Le mot de la ministre des Transports ICI en vidéo

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