“Tigre” : En attendant le moustique OGM, Blagnac lâche ses chauve-souris !
Mathieu Sicard : "Pour l'instant, la présence du "tigre" n'a pas de conséquences sanitaires graves. On n'a pas de virus dangereux. Mais on n'est pas sûr du tout que cela n'arrivera pas un jour, notamment à cause du réchauffement climatique." Photo : DR.
Les premières chaleurs riment avec brûlantes piqûres de moustiques, notamment le “tigre”. A Montpellier, des chercheurs sont sur la piste de la création de moustiques OGM ; à Blagnac, près de Toulouse, la chauve-souris apparaît comme une solution naturelle crédible.
Entre les grèves et le moustique tigre qui a envahi le Sud, la patience et la peau du touriste sont marquées au fer rouge. Mais, lueur d’espoir, on n’est peut-être pas très loin de découvrir l’arme fatale contre le moustique. C’est Mathieu Sicard, scientifique montpelliérain, professeur d’université, qui vient de participer à la publication d’une étude dans la revueNature Communications, qui l’explique : “Depuis 60 ans, on sait que certains moustiques mâles de l’espèce culex pipiens, celui qui recommence à vous piquer chaque jour depuis des décennies à chaque fois que le temps se met au beau, peuvent stériliser les femelles de la même espèce. En clair, en s’accouplant avec une femelle, un moustique ne donnerait que des oeufs morts. Il y a 20 ans, poursuit le chercheur, les scientifiques découvrent que c’est une bactérie qui est en cause dans ce processus.”
Des chercheurs de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier, dont fait partie Mathieu Sicard(1), professeur d’université, ont donc contribué à expliquer il y a peu les mécanismes sous-jacents à ce phénomène. Les facteurs qui stérilisent les femelles moustiques ne sont pas codés par le génome des mâles mais par celui de bactéries, appelées wolbachia, qui habitent les cellules de leurs testicules. La connaissance de ces mécanismes permettrait de lutter contre des maladies virales dont les moustiques sont des vecteurs.” Et, accessoirement, de faire disparaître les plus insupportables comme le moustique tigre, véritable fléau.
“Ce qui est nouveau, c’est que l’on vient de découvrir les gènes de cette fameuse bactérie qui induit la stérilité chez ce moustique, décrypte Mathieu Sicard (notre photo). Une bactérie qui se transmet par la mère. Au fur et à mesure de l’évolution, la bactérie est devenue une sorte de symbiote qui, si elle est présente chez les deux parents, est absolument nécessaire pour permettre les naissances de bébés moustiques ! Un mécanisme évolutif incroyable. “Nous avons travaillé sur le culex pipiens vecteur de certaines maladies comme la maladie du rift ou le paludisme des oiseaux.”
On peut imaginer que l’on introduise cette bactérie du culex pipiens dans le moustique tigre, ce qui l’aiderait à stériliser potentiellement les femelles tigres.”
Mathieu Sicard, professeur d’université
La biologie si particulière du moustique permettra-t-elle un jour de venir à bout du fameux moustique tigre que tout le monde redoute pour ses piqûres mais aussi parce qu’il est vecteur de maladies graves, qui ne demandent qu’à exploser dans la région, comme la dengue, le zika ou le chickungunya ? “On peut imaginer, confie encore Mathieu Sicard, que l’on introduise cette bactérie du culex pipiens dans le moustique tigre, ce qui l’aiderait à stériliser potentiellement les femelles tigres. Le gros problème, c’est qu’il faudrait créer des usines à moustiques modifiés génétiquement, fort chères, et arriver à trier à coup sûr tous les mâles et toutes les femelles.” Avec seulement 5 % d’erreur on arriverait à l’effet inverse…
On teste déjà ce genre d’usine pour moustiques OGM en Chine ou sur l’atoll de Marlon Brando en Polynésie”
Et, faudra-t-il, si cela arrive un jour, supporter des millions de piqûres supplémentaires de moustiques OGM déversés par les scientifiques sur la région ? “Pas vraiment : s’il ne reste que des mâles, ils ne piquent pas, répond Mathieu Sicard. On teste déjà ce genre d’usine pour moustiques OGM en Chine ou sur l’atoll de Marlon Brando, Tétiaora, en Polynésie.” Et si l’expérience marchait, les scientifiques auraient inventé l’armaguedon… A quand le test en Occitanie… ? ” Pour l’instant, la présence du “tigre” n’a pas de conséquences sanitaires graves. On n’a pas de virus dangereux. Mais on n’est pas sûr du tout que cela n’arrivera pas un jour, notamment à cause du réchauffement climatique.”
En revanche, Mathieu Sicard s’interroge sur l’initiative de Blagnac, près de Toulouse (Haute-Garonne), qui vient d’annoncer vouloir installer une trentaine de nids pour y faire venir des chauve-souris friandes de moustiques. “La chauve-souris est un réservoir à maladies. En Afrique, c’est quand même porteur d’ebola, la fièvre hémorragique. Rien de tout cela dans notre région. Mais j’imagine que la mairie a fait attention à ces aspect-là.”
A Blagnac, une trentaine d’abris à chauve-souris
A Blagnac, on mise sur la nature, si bien faite, paraît-il. On espère avoir trouvé la solution miracle pour faire face aux moustiques tigres. La mairie va installer en ville une trentaine d’abris destinés à abriter entre deux à trois chauves-souris qui vivent en famille, des nichoirs en chêne clair, pour tenter d’endiguer la prolifération d’aedes albopictus, c’est le nom scientifique du moustique tigre. Une chauve-souris mange entre 2 000 à 3 000 moustiques chaque nuit. La mairie invite aussi les habitants à construire et à installer ce genre d’abris chez eux.
En 2017, les moustiques tigres avaient envahi les communes de la métropole toulousaine qui avait dû réagir dans l’urgence pour essayer de limiter la propagation de cet insecte minuscule aux rayures noires et blanches caractéristiques sur l’abdomen et susceptible de transmettre à l’homme des maladies telle que la dengue ou le chikungunya.
“Ce qui est pris est pris !”
Cathie Boléa du Conservatoire des espèces naturelles de Toulouse
Cathie Boléa, spécialiste des chauves-souris au Conservatoire des espèces naturelles de Toulouse, estime que ce projet est “une bonne idée. Ce n’est que du positif. D’autres communes pourraient être inspirées d’imiter Blagnac. Je ne sais pas si l’expérience marchera. Je n’ai pas participé à ce projet. Je ne sais pas si les chauve-souris seront au rendez-vous et si ces mammifères dévoreront l’ensemble des “tigres” présents sur la commune ; la chauve-souris ayant une alimentation variée, mais ce qui est pris est pris !” Elle ajoute à propos des maladies : “Tous les mammifères sont porteurs de maladies. Il n’y a rien de spécial à craindre de nos chauve-souris.”
On s’est que dit que si une chauve-souris mangeait entre 2 000 et 3 000 moustiques chaque nuit, ce serait bien d’essayer. On a même créé une commission moustique !”
Pascal Bourreau, adjoint à l’environnement
A la mairie de Blagnac, la prise de conscience est collective dans cette ville de 25 000 habitants. Tout commence l’an dernier, après “l’invasion” de moustiques. “L’idée de nichoirs à chauve-souris nous est remontée de riverains via les conseils de quartier. On s’est que dit que si une chauve-souris mangeait entre 2 000 et 3 000 moustiques chaque nuit, ce serait bien d’essayer. On a même créé une commission moustique !”, confie Pascal Bourreau. L’adjoint chargé de l’environnement et du cadre de vie à Blagnac, explique que “certes, on n’a pas de certitude. Mais on fera un bilan de l’expérience à la fin de l’été”, y compris pour voir si le test a été observé de près par les communes alentour. Dans les écoles, on a construit une dizaine de nichoirs qui ont été implantés dans les cours d’écoles et les jardins familiaux. “On a aussi fait un atlas de la biodiversité. Et on sait que la chauve-souris est très présente sur la commune, au moins en quatre lieux, notamment en bord de Garonne et dans des anfractuosités d’arbres dans des bois classés.”
En plus des abris à chauves-souris, la mairie de Blagnac fera traiter par une société spécialisée ses plans d’eau tous les mois avec un produit anti-larvaire.
(1) (ISEM – CNRS / Université de Montpellier / IRD / EPHE) et du Centre de biochimie structurale (CBS – CNRS / Université de Montpellier / Inserm).
A Colomiers, une réunion publique sur le moustique tigre est prévue le mercredi 3 mai prochain pour expliquer comment lutter contre cet insecte.
L’association entre hôtes et parasites n’est pas à sens unique. Dans le cas du parasitisme, cette interaction revêt un caractère antagoniste. Chacun des partenaires influence le phénotype de l’autre. De nombreux processus tels que la transmission du parasite, l’immunité de l’hôte ou les transferts d’énergie, ne peuvent s’expliquer qu’à la lumière de cette rencontre. Cet ouvrage explore les aspects les plus récemment élucidés du fonctionnement, de l’écologie et de l’évolution des interactions durables entre organismes. Claude Combes est professeur émérite à l’université de Perpignan et membre de l’Académie des Sciences (IHPE UMR 5244). Laurent Gavotte est maître de conférences à l’université de Montpellier (ISEM UMR 5554). Catherine Moulia est professeure à l’université de Montpellier (ISEM UMR 5554). Mathieu Sicard est professeur à l’université de Montpellier (ISEM UMR 5554). Plus de 80 cycles parasitaires sont présentés en fin d’ouvrage. Les parasites responsables de maladies humaines sont décrits, aussi bien que ceux de la faune sauvage. Étudiants en licence et master de biologie des organismes, d’écologie, d’évolution et de parasitologie. Étudiants en médecine humaine et vétérinaire. Candidats à l’agrégation.