Mondial féminin de foot : Le baby-foot mixte veut marquer les esprits

Bel outil de convivialité, les baby-foot reviennent en force. D'où l'idée de construire dix baby-foot mixtes, avec des figurines féminines, investir les lieux ô combien masculins comme les bars.. Photos : Olivier SCHLAMA

Ex-capitaine de l’Equipe de France, la Toulousaine Nicole Abar lance, en marge de la Coupe du Monde féminine (7 juin-7 juillet) de football, un projet rassembleur portant de nobles valeurs. Il consiste à créer dix baby-foot mixtes avec figurines mélangés aux traits d’homme et de femmes et de les installer dans les villes-hôtes de la compétition. Mixité. Égalité.

Il n’y a pas plus iconique que le baby-foot comme instrument d’une publique convivialité et accessoirement passe-temps favori des élèves peu assidus aux lundis matins en classe…? Jadis, chaque troquet avait le sien. Ou presque. Puis, les temps ont changé. Premiers jeux électroniques… La mode passa un peu. Mais elle revient en force ! Ce n’est pas Ingrid Bergaglia qui le démentira.

La nouvelle PDG du numéro Un mondial et donc français de baby foot, Bonzini, rappelle qu’au temps “où il y avait 250 000 débits de boissons, c’était l’âge d’or du baby. On est passés en quelques années à moins de 50 000 cafés”. Mais, manipuler avec dextérité ces barres retenant 11 figurines de métal par équipe revient au goût du jour, notamment en entreprises et chez les particuliers. En France, on estime à 500 000 le nombre de joueurs réguliers, dont 1 300 licenciés. Lé fédération italienne estime à 267 millions le nombre de pratiquants dans le monde.

Faire fabriquer une dizaine de baby-foot mixtes avec alternance de figurines filles et de figurines garçons, 11 filles et 11 garçons mélangés sur le terrain et mélangés dans chaque équipe. Notre projet s’est greffé sur le musée de l’équipe de France féminine de football, basé au Havre, et qui sera itinérant pendant la Coupe du Monde”

Nicole Abar.

C’est sur ce revival du baby-foot qui tente d’être reconnu discipline olympique, que s’appuie la Toulousaine Nicole Abar à laquelle Dis-Leur ! avait consacré un portrait. Cet ex-capitaine de foot féminin porte, via son association Liberté aux joueuses, un beau projet baptisé Pour un baby-foot mixte et qui fera écho à la Coupe du Monde de football féminin, qui se déroule en France, dès le 7 juin prochain. Ce projet qui démarre par une opération de crownfunding le 1er mars sur la plate-forme Kiss Kiss Bank Bank espère récolter quelque 40 000 euros.

Nicole Abar, ici sur le stade Philippidès, à Montpellier : quand “les garçons préemptent la moitié de la cour et que les filles font de la marelle ou de la corde à sauter dans leur deux mètres carrés. Sa théorie empirique s’ancre dans les blessures de son enfance. Photos : Olivier SCHLAMA

Il part d’une idée simple : “Faire fabriquer une dizaine de baby-foot mixtes avec alternance de figurines filles et de figurines garçons, 11 filles et 11 garçons mélangés sur le terrain et mélangés dans chaque équipe. Notre projet s’est greffé sur le musée de l’équipe de France féminine de football, basé au Havre, et qui sera itinérant pendant la Coupe du Monde”, dit-elle. Parallèlement, Nicole Abar est toujours à la recherche de lieux pour poser ses futurs baby-foot mixtes. A Montpellier. Nice. Toulouse… Qu’elle espère dans chacune des dix villes-hôtes de la Coupe du Monde féminine de football. Et au “Château”, au centre d’entrainement de Clairefontaine. “Si tout le monde joue, personne n’est exclu”, comment justement le club de foot de Montpellier, Football du Peuple.

Mobile, le baby-foot devient le symbole miniature du football qui se porte à la rencontre du public dans des lieux publics de passage…”

Imaginez le baby-foot mixte, avec des figurines féminines, investir les lieux ô combien masculins comme les bars… Mixité. Égalité. L’association Liberté aux joueuses et sa présidente Nicole Abar avaient la volonté de mobiliser les partenaires institutionnels majeurs de l’Équipe de France pour la Coupe du Monde de foot féminin en France dont le compte à rebours a commencé ce mercredi sur le parvis de la mairie de Montpellier. Las… La Fifa n’a pas donné suite, par exemple… Pas grave : Nicole Abar poursuit son but et veut marquer les esprits.

“Mobile, poursuit-elle, le baby-foot devient le symbole miniature du football qui se porte à la rencontre du public dans des lieux publics de passage, où chacune et chacun pourra prendre quelques minutes pour jouer une partie avant de prendre un train, un avion, ou faire halte sur l’une des grandes places de France : l’Hôtel de Ville à Paris, la place Masséna à Nice, de la Comédie à Montpellier, du Capitole à Toulouse, la place Bellecourt à Lyon, d’Erlon à Reims, ainsi qu’à Rennes, Valenciennes, Le Havre…

Liberté aux joueuses défend une cause noble, des valeurs. C’est une évidence. C’est quelque chose, l’égalité, qui est dans l’air du temps…”

Ingrid Bergaglia, P.-D.G de Bonzini.

“Nous avions déjà créé une figurine aux traits de “joueuses”, explique Ingrid Bergaglia, 4e génération à la tête de la société Bonzini qui construira ces dix baby-foot mixtes. Le projet de Nicole Abar défend une cause noble, des valeurs. C’est une évidence. C’est quelque chose, l’égalité, qui est dans l’air du temps.” Elle en convient : “Le baby-foot revient à la mode. Participer à ce projet était une évidence pour nous.” (1)

Les pratiquants du baby-foot reviennent aux manettes, comme ici au bar-tapas le Barbu, à Sète (Hérault). Photo : Olivier SCHLAMA

Invitée donc par la mairie de Montpellier ce mercredi à J – 100 jours de la Coupe du Monde de foot féminin, Nicole Abar va plus loin. “Le baby-foot est un symbole pertinent car il est en général situé dans des espaces publics, des cafés, des bars… qui demeurent plus accessibles aux hommes qu’aux femmes.” Nicole Abar n’est pas une simple militante. Rien ne la prédestinait à porter le flambeau de la lutte contre le racisme et le sexisme. Prenant conscience de sa condition, elle a transformé sa colère d’origine en actions positives. Elle fut, auprès de l’ex-ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, la cheville ouvrière des fameux ABCD de l’égalité à l’école et seule en France et en Europe à gagner un procès contre un club de foot pour discrimination sexiste.

Après la compétition et afin de prolonger les effets de la CMF,  elle souhaite organiser la vente aux enchères des baby-foot mixtes et reverser les fonds à des actions humanitaires en lien avec le football et son développement : quartiers sensibles, pays d’Afrique, cécifoot… Toujours le même but.

Olivier SCHLAMA

A LIRE : Le foot ? Des lunettes pour voir le monde, avec François Hollande en guest star au Mucelm de Marseille !

A LIRE EGALEMENT : Le premier volet de notre série, la BD et le Foot, qui en comprend 12 !

  • (1) La société Bonzini produit 5 200 baby-foot par an, tous modèles confondus, y compris l’iconique B 60 avec monnayeur et le B 90, sans monnayeur. La société, N°1 mondial, produit 100 % français et détient 70 % de parts de marché dans l’Hexagone.