Mode… de vie : Une ligne de vêtements, le nouveau pari de Tony, rugbyman tétraplégique

Tony Moggio (à droite) lors d'un reportage du Magazine de la Santé sur France 5. Photo droits réservés

“Le 7 février 2010, lors d’un déplacement du Rugby Castelginest XV, à Labarthe-sur-Lèze, au sud de Toulouse, après une entrée en mêlée cafouillée, au bout d’un quart d’heure de jeu, je suis resté au sol, moelle épinière sectionnée. Je venais de basculer dans le monde des tétraplégiques. Mais, quand d’autres plient le plus souvent, je suis parvenu à me servir de mon handicap pour – grâce à l’amour de ma famille et une volonté farouche de ne pas me laisser abattre – m’offrir une autre manière de considérer mon existence”, c’est ainsi que se raconte Tony Moggio…

Tony est désormais toujours à la recherche de nouveaux défis. En 2015, il publiait, grâce à la plume de Philippe Motta, un livre témoignage vrai et plein d’espoir, “Tony Moggio – Talonneur brisé”, aux Editions Privat. En 2019, venait l’envie de se lancer dans un nouveau défi : relier le port de Sainte-Maxime à celui de Saint-Tropez à la seule force de ses bras. Une première ! Contrat rempli : 4 km en 3h05.

Un troisième livre à venir…

Et en 2020, avec la complicité de Bruno Fabioux, un deuxième ouvrage : “Les accidents dans le rugby – Ma vérité”, également aux Editions Privat (dont nous avions rendu compte dans un article). Le 29 avril prochain, Tony sort son troisième ouvrage : “Si l’on m’apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier” toujours chez Privat.

Un porte-biberon pour ceux qui ont perdu une partie de l’usage de leurs mains. Photo Helene RESSAYRES

Croyez vous que cela lui suffit ? Bien sur que… non ! “Bien avant que je sois papa, j’ai effectué des recherches sur internet pour trouver des accessoires permettant de pallier mon manque de motricité au niveau des mains et d’être autonome avec mon enfant. À ma grande déception, je n’ai rien trouvé ! Alors j’ai décidé d’imaginer un porte-biberon qui porte le prénom de mon fils : Gianni. Il était essentiel pour moi de garder le contact avec lui, d’être capable de lui donner le biberon. Mon handicap me prive de beaucoup de choses et je ne voulais pas que celle-ci en fasse partie”, raconte Tony.

… et un accessoire utile pour les parents

Il précise qu’“il y a eu une dizaine de prototypes réalisés, car on était parti sur une poignée fixe. Mais après de nombreux essais, je me suis rendu compte que mon fils bougeait de plus en plus et il était difficile pour moi de suivre sa gestuelle avec le biberon. Alors j’ai réfléchi à une poignée flexible qui pouvait rendre le biberon plus directionnel.”

Pour réaliser ce porte biberon, Tony a fait appel à une couturière (Carine Rey, qui intervient aussi sur la ligne de vêtements) pour la housse et à la société Albatros France (Agen) qui a conçu la poignée avec une machine 3D. Il leur a expliqué son idée, les contraintes et les impératifs. De là est née une idée qu’il définit comme “simple, esthétique, pratique et abordable” : une housse en tissu, dans laquelle on glisse le biberon (*), avec une poignée ergonomique adaptée pour toutes les personnes ayant une défaillance au niveau des doigts. Et ce n’est pas fini !

Phénix,  une ligne de vêtements 100% occitane

Pour présenter sa ligne de vêtements, Tonny explique : ” je suis la seule marque à mettre en avant des
personnes avec des profils atypiques…” Photo Helene RESSAYRES

Créer ma marque de vêtements c’était un rêve d’enfant. Mon accident, mon handicap, m’ont fait prendre conscience que la vie ne tient qu’à un fil… Alors je me suis lancé et j’ai mené ce projet en parallèle du porte-biberon”, raconte Tony.

Le projet a débuté avec le nom et le logo : “Mon idée était bien précise, je voulais quelque chose qui me ressemble et qui porte aussi un message ayant trait au collectif, au dépassement de soi, à la motivation et à l’optimisme’. Un clin d’œil aux personnes qui se battent contre une maladie, un handicap, et d’autres situations qui pourraient les démotiver” précise Tony. De là est née la marque Phénix by Tony Moggio (au logo conçu par l’agence toulousaine La Collab) et une première ligne de vêtements qu’il a choisi de financer intégralement.

Cette première collection est composée d’une ligne hommes de trois pièces : un polo Rugby à manches longues (62€), un polo à manches courtes (59€) et un blouson (73€). La gamme, disponible sur https://boutique.tony-moggio.fr/ est fabriquée en Occitanie. Elle devrait être suivie prochainement par des collections “femmes” et “enfants”.

“C’est la seule marque à mettre en avant des personnes avec des profils atypiques, des personnes en situation de handicap physique, des personnes trisomiques… J’ai fait le choix de ne pas mettre des ‘’top-models’’ et d’aller plus loin que des mannequins de toutes morphologies, en présentant mes vêtements sur des personnes qui ne ressemblent pas à tout le monde”, insiste Tony : “Ce choix était important pour moi car beaucoup de personnes, notamment des personnes en situation de handicap ou simplement différentes, ne se retrouvent pas dans les images véhiculées par les marques. !” souligne-t-il.

“Je suis passé tout près de la mort, c’est sans doute cela qui me pousse à tout le temps me surpasser, montrer que l’on peut aller au bout des choses quand on a l’envie”, explique encore Tony Moggio. On en saura plus en lisant son troisième livre dès le 29 avril !

Philippe MOURET

(*) Le porte-biberon (breveté) Gianni est prévu pour des biberons de 270 ml jusqu’à 330 ml. Entièrement fabriqué en Occitanie, il est en vente au prix de 34 € sur le site.

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