Mobilisations : En mal d’ouverture, le monde du spectacle réclame des actes

L'AG du jeudi 11 mars au Théâtre de la Cité, à Toulouse. Image vidéo de "Toulouse en Luttes"

Le mouvement d’occupation des théâtres, qui demande la réouverture des lieux culturels, prend de l’ampleur. Après le Théâtre de l’Odeon à Paris, les scènes nationales de Bordeaux, Nantes, Pau, Strasbourg… C’était jeudi au tour du Théâtre de la Cité, à Toulouse, d’être occupé avec le soutien des syndicats. A Montpellier, les organisateurs de festivals se sont quant à eux réunis pour faire le point dans une situation toujours aussi préoccupante.

Ce sont quelque 200 personnes qui se sont réunies jeudi au théâtre toulousain de la Cité et voté l’occupation immédiate de cette scène nationale, rejoignant ainsi plusieurs autres mouvements de ce type partout dans l’hexagone. Comme le soulignait hier Michel Vié, musicien toulousain et Secrétaire général du SNAM CGT (Union syndicale des syndicats d’artistes musiciens de France) au niveau national “il y a encore des discussions, mais je pense que ça va durer.”

De vagues promesses sans impact sur la mobilisation

En finir (enfin !) avec les fauteuils vides. Et retrouver la culture… Photo D.-R.

Comme c’est le cas sur les autres sites de contestation, des banderoles ont été accrochées à l’extérieur et dans le grand hall du bâtiment. Outre la réouverture des lieux culturels, les manifestants réclament le retrait de la réforme du chômage, ainsi que la prolongation de l’année blanche pour les intermittents du spectacle et son élargissement à tous les travailleurs précaires et saisonniers.

Si le gouvernement semble se préparer à quelques concessions, (notamment sur l’accès des intermittents aux congés maladie et maternité), afin de désamorcer la crise qui enfle, les professionnels du spectacle apparaissent quant à eux déterminés à ne rien lâcher. Et la ministre Roselyne Bachelot n’est manifestement pas écoutée lorsqu’elle affirme que l’occupation des théâtre est “inutile.”

A Toulouse, l’occupation nocturne du bâtiment a été actée et la Coordination des intermittents et précaires (CIP) à l’initiative de l’occupation annonce “une mobilisation commune et concertée les 20 et 21 mars, “Le printemps est inexorable” : ces journées, consacrées à la visibilité des lieux culturels et des équipes artistiques, pour une reprise nécessaire du lien entre artistes et publics.”

Selon Michel Vié, qui soulignait le “très bon accueil” de la direction du théâtre, “les sujets de revendication sont nombreux. Et vont bien au-delà de la seule sphère culturelle. car les situations catastrophiques sont pléthore…”

“La région qui organise le plus des festivals en plein air…”

Les organisateurs de grands événements et festivals du sud de la France se sont de leur côté retrouvés récemment à Montpellier, à l’initiative du collectif Repère Méditerranée, afin de “faire un état des lieux de de la situation des structures qui les portent, de leurs perspectives au vu des récentes annonces du ministère de la Culture sur les protocoles à suivre.”

Dans “la région qui organise le plus de festivals en plein air”, soulignait Stéphane Metayer, directeur du festival de Nîmes, il était nécessaire de faire ainsi le point, car si certains événements ont eu lieu en 2020, d’autres envisagent déjà une seconde annulation pour 2021. Et “les récentes annonces du ministère de la culture paraissent insuffisantes au regard de la réalité du terrain” soulignent les orgaisateurs.

Le monde du spectacle espère pouvoir enfin tirer le rideau rouge et saluer le public ! Photo D.-R.

Parmi les principales attentes, celle de la mise en place d’un protocole concret et adapté aux réalités du terrain sur lequel les organisateurs puissent travailler : “Un festival dansant, festif par définition, ne peut se tenir assis d’autant plus quand les chaises doivent être scellées au sol, c’est simplement impossible”, précisait ainsi  Tom Pooks, organisateur de la Family Piknik (7 et 8 août à Montpellier, si tout va bien).

“Nos événements font vivre des territoires”

Voilà pourquoi “un travail doit être entrepris dès maintenant avec les préfectures afin de leur soumettre des dossiers sanitaires sérieux” a insisté David Garcia,
président des Déferlantes qui sont prévues au Château d’Aubiry, près de Céret (Pyérnées-Orientales) du 7 au 10 juillet prochains.

L’idée d’un fonds de soutien de l’Etat pour les événements ayant lieu dans le cadre des restrictions imposées a également été évoquée : “Pour certains festivals, ceux de tailles petites et moyennes notamment, la restauration et les bars constituent une ressource primordiale, les interdire, c’est tuer les festivals de taille moyenne” soulignait ainsi Romain Tarrusson du What A Trip ! Heyme festival.

Voilà pourquoi la mise en place d’un fonds venant atténuer les pertes liées aux jauges ou à la suppression des espaces de restauration ou de collation pour les festivals maintenus est indispensable. D’autant que les retombées économiques créées par ces événements ne sont pas négligeables : “Nos événements font vivre des territoires et génèrent emplois et retombées économiques directes et indirectes” ajoutait Kevin Bertrand, directeur du Festival des Templiers (Millau, Aveyron).

Dans l’espoir d’une “prise de conscience” du ministère

Les organisateurs de tous ces rendez-vous culturels attendent donc une réelle prise de conscience de la réalité du terrain de la part du ministère de la Culture, mais aussi un réel soutien de l’Etat car “le plan de soutien de 30 millions d’euros ne suffit pas quand on sait qu’il y a 6.000 festivals en France, ce qui représente une aide de 5.000 euros par structure…”

Selon Grégory Blanvillain, Président de Repère Méditerranée : “L’important est de faire de cette année 2021, l’année du redémarrage des évènements et des festivals. Nos dirigeants doivent comprendre qu’il vaut mieux accompagner financièrement les organisateurs, en faisant travailler des milliers d’artistes, de techniciens, d’intermittents avec toutes les retombées économiques indirectes que cela entraine sur les hôtels, les restaurants, les commerces… Plutôt que de donner des aides pour ne rien faire !”

Philippe MOURET

(*) Parmi les événements représentés : Les Déferlantes, le FISE, le festival des Templiers, le festival de Nîmes, les Internationales de la Guitare, Family PikNik, le festival Abracadabra, la Montpellier Reine, le Marathon de Montpellier, le festival chrétien du cinéma, le festival Images Singulières, le festival Le bon air, le festival Equinox, le festival des vins d’Aniane, Art Montpellier, Itinéraire bis, le What A trip ! Heyme festival.

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