Malgré la pandémie de Covid-19 et l’absence de navires de sauvetage des ONG en mer depuis début mai, les départs des côtes libyennes ne se sont pas arrêtés. Ils ont même augmenté ces dernières semaines. Les personnes qui fuient la Libye, n’ont actuellement d’autre choix que de risquer leur vie en mer. De nombreuses embarcations de fortune ont récemment été signalées en détresse et plusieurs débarquements autonomes ont été enregistrés sur les côtes italiennes.

Plus d’une centaine d’autres rescapés attendent d’être débarqués d’un ferry utilisé pour leur mise en quarantaine, qui a été organisée par les autorités italiennes. Et plus de 400 personnes secourues sont actuellement bloquées en mer, en dehors des eaux territoriales maltaises, sur quatre bateaux de croisière touristiques privés affrétés par le gouvernement maltais.

Les opérations de secours suspendues pendant la pandémie

Certains de ces rescapés, qui ont enduré des voyages excessivement périlleux après avoir fui une violence et des abus extrêmes en Libye, sont à bord de ces bateaux – qui ne sont pas adaptés aux longs séjours – depuis plus d’un mois. En effet, les 7 et 8 avril derniers, l’Italie et Malte ont officiellement déclaré leurs ports “non sûrs” en raison de l’urgence sanitaire liée au Covid-19.

Entre-temps, les mesures de solidarité des autres États membres de l’Union européenne envers les États en première ligne, ainsi que les précédents accords de “relocalisation” des personnes secourues en mer, ont été suspendus.

Face à cette situation qui ne fait que se dégrader depuis quatre ans, et passablement mise sous l’éteignoir pendant la pandémie qui a frappé l’Europe et le monde, SOS Méditerranée lance aujourd’hui une mise en garde “contre les conséquences mortelles d’une lacune toujours croissante en matière de sauvetage en Méditerranée centrale et appelle à une action européenne immédiate et coordonnée.”

“Une spirale de chaos et de mort”

Selon l’association, “c’est une spirale de chaos et de mort qui se développe en Méditerranée centrale”, rappelant que “cette réalité terrible a atteint son point culminant lors de la tragédie de Pâques, lorsqu’une embarcation transportant 63 personnes est restée en détresse pendant plusieurs jours sans être secourue, avant d’être renvoyée en Libye. Pendant ces six jours en mer, cinq personnes sont mortes et sept autres sont portées disparues et sont présumées mortes par noyade.”

“L’élargissement du trou noir mortel en Méditerranée, où des personnes disparaissent dans l’anonymat, est inacceptable. Il y a une urgence collective à ce que les pays de l’Union européenne organisent la solidarité. Cet été encore, la Méditerranée ne doit pas se transformer en une mer de mort et d’inhumanité”, déclare Sophie Beau, co-fondatrice et directrice générale de SOS Méditerranée (site officiel).

Reprise des opérations dès que possible

SOS Méditerranée reprendra ses opérations de sauvetage avec l’Ocean Viking le plus rapidement possible. “Une équipe expérimentée, composée de professionnels de la recherche et du sauvetage ainsi que de personnels médicaux, se prépare à retourner en mer en prenant toutes les précautions nécessaires relatives à la pandémie de Covid-19, afin d’opérer en toute sécurité dans le contexte actuel”, précise l’association.

Philippe MOURET

En Europe, SOS Méditerranée compte 28 antennes locales dont 17 antennes en France (Trois en Occitanie : Toulouse, Perpignan et Hérault). Dans l’hexagone, plus de 600 bénévoles contribuent à la mission de témoignage de l’association.

Au 29 février 2020, les équipes de SOS Méditerranée avaient porté secours à 31 618 personnes (dont 722 au-cours des deux premiers mois de 2020).

Depuis 2014, plus de 20 000 hommes, femmes et enfants sont morts noyés en Méditerranée en tentant la traversée sur des embarcations de fortune.

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