Médias : France Pierron, le nouveau visage du journalisme sportif

France Pierron, l'un des visages devenus incontournables sur La chaîne L'Equipe ! Photo Droits réservés.

France Pierron c’est la “journaliste sportive à talons hauts” (ainsi qu’elle se définit elle-même sur les réseaux sociaux). Une journaliste qui se montre aussi à l’aise au bord de la pelouse d’un stade, micro en main, que sur une scène ou en plateau. Elle est devenue l’une des personnalités-phares de La chaîne L’Equipe, première chaîne de sport en France. Pour Dis-leur !, elle a accepté de revenir sur ses débuts en tant que journaliste au sein du Toulouse Football Club (TFC), son évolution et celle du journalisme sportif. Discussion avec une journaliste tout-terrain…

Comment êtes vous arrivée au TFC et quels postes avez vous occupé au sein du club toulousain ?

Je suis arrivée en 2003, je m’en souviens parce que j’ai un maillot floqué avec les années, donc ça me sert de repère ! Donc je suis arrivée en tant que stagiaire sur la télé du club, qui s’appelait TFC TV pour remplacer une nana qui était enceinte. Et à partir de là j’ai un peu touché à tout : donc tourner des reportages, écrire des sujets, poser sa voix, tourner, monter, un peu tous les métiers de la télé. Et en plus je m’occupais du site internet, webmaster, les photos, le contenu écrit etc. Puisqu’à l’époque les sites internet étaient beaucoup moins développés que maintenant donc c’était quand même assez simple. Je m’occupais également des animations partenaires du club où il fallait être sur scène, interviewer les gens, faire des concours de pronostics etc. Et aussi l’animation stadium. Les soirs de match j’étais au milieu de la pelouse à crier “Numéro 10 !”

Donc vous avez appris le métier de journaliste “sur le tas”… Alors que ce n’était pas forcément une vocation ?

France Pierron, elle a commencé sa carrière au Toulouse Football Club… Photo Droits réservés

Absolument. Je n’ai pas du tout fait d’études de journalisme. J’ai fait Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives, filière universitaire qui forme les futurs professionnels du secteur des activités physiques et sportives. NDLR) parce que je faisais du sport depuis toute petite et je voulais absolument en faire mon métier. Puis au fur et à mesure je me suis rendu compte qu’enseigner le sport à des enfants ça ne me plairait vraiment pas. Et je me suis tournée vers une école de management du sport. C’est en étant embauchée en tant que stagiaire au TFC que j’ai vraiment appris le journalisme. C’est là que j’ai appris comment tourner, tenir une caméra. A l’époque c’était du matériel très peu sophistiqué, pas cher et facile à utiliser. Une fois que je suis passée à “la vraie télé”, j’ai appris à mieux appréhender tous ces outils. Donc c’est vraiment sur le tas que je me suis formée, sans école, ce qui est peut être la meilleure des écoles.

Il y a une grande part de hasard dans votre découverte de ce métier. Comment est née la passion pour le journalisme sportif ?

Je n’avais pas du tout de passion pour le journalisme, je ne savais même pas ce que c’était, je n’avais jamais vu un match de foot de ma vie. Donc il y a en effet une grosse part de hasard. En fait je n’ai pas vraiment choisi mon stage, il se trouve que dans ma promo il y avait un ancien joueur du TFC qui s’appelait Jean François Soucasse, qui est devenu le directeur général par la suite. Il était stagiaire comme moi en même temps. C’est pour ça que quand on m’interroge je dis souvent à tous les étudiants de faire super gaffe à leur choix de stage de fin d’année parce que, on a tendance à le prendre par dessus la jambe, à prendre le premier truc qui nous accepte et pourtant c’est peut être ce qui va être déterminant dans sa vie professionnelle. Enfin ça a été le cas pour moi et nombreux de mes petits camarades de classes qui se sont faits embaucher par la suite. Donc c’est vraiment important de bien choisir son stage de fin d’étude, comme vous l’avez peut être fait vous même, mademoiselle !

Pendant vos cinq ans au TFC, y avait-il autant de femmes dans le journalisme sportif qu’aujourd’hui ? Et plus généralement dans d’autres rédactions où vous avez pu travailler ?

Peut-être pas autant mais ça commençait quand même à se développer on va dire. Alors TV5 Monde c’est pas que sport, donc c’est encore plus féminin. Et à L’Equipe on commence à être nombreuses, donc non je n’ai pas du tout l’impression qu’on soit en sous-nombre.

Est-ce que vous avez eu plus de mal à faire vos preuves ou à évoluer étant femme dans un milieu qui était à priori plus masculin ?

Non pas du tout, au contraire. Je sais que c’est à la mode en ce moment de dénoncer ça mais moi c’est tout le contraire. J’ai eu encore plus de facilité. Parce qu’une femme ça se remarque, une femme on la voit arriver de loin, on la repère et au contraire j’ai eu l’impression de devoir moins en faire que les autres pour y arriver dans ce métier. J’ai eu ma chance facilement donc je n’ai pas du tout l’impression d’avoir galéré, au contraire.

Dans un entretien à myfootballclub vous avez évoqué le fait que sur certaines émissions on mettait une nana “pour mettre une nana”. Pensez-vous qu’il y a encore des femmes illégitimes dans le journalisme sportif  ?

France Pierron, “les femmes ne sont plus des potiches sur les plateaux télé…” Photo Droits réservés

Non pas du tout ! Mais il y a une époque où c’était à la mode de mettre une nana sur les plateaux de sport, c’est tout. Toutes les émissions que ce soit Téléfoot à l’époque, la vieille époque hein, chaque fois c’était une miss France. Il faut bien dire que ce n’était pas forcément pour avoir une journaliste, c’était pour avoir une nana en plateau parce que c’était la mode. Mais c’était il y a longtemps ça, maintenant le rôle de la potiche c’est fini, une femme qui sourit, pour faire joli à la télé c’est fini.

Et aujourd’hui  ? Quelle vision avez-vous de la place des femmes dans le journalisme sportif ?

Je trouve qu’il y en beaucoup. Et c’est bien. Le rôle de potiche c’est fini. On nous donne des émissions, des rôles de leaders, pas toutes hein mais on est à l’égal de l’homme, j’ai envie de dire. On est plus obligées de se battre comme des mortes de faims pour y arriver enfin moi j’ai l’impression en tout cas. A la rédaction de L’Equipe, je n’ai jamais eu de problèmes et au contraire je trouve qu’on est accueillies à bras ouverts, et pas que pour faire le quota de femmes demandé par le CSA.

En tant que femme et journaliste, vous êtes très inspirante pour des jeunes qui souhaitent faire ce métier. Quels conseils pourriez-vous leur donner ?

Alors le coup du stage, c’est trop important ! Et après ne pas vouloir se changer, rester soi même c’est aussi important, puisque c’est en voulant rentrer dans le moule, ressembler à tout le monde que l’on s’efface et que l’on perd sa valeur finalement. Vraiment rester soi-même, avoir sa personnalité et essayer de se démarquer, avoir sa patte à soi. Et puis le travail, il n’y a que ça de vrai ! Être curieux de tout, vouloir tout savoir, tout regarder. Avoir conscience de ses défauts aussi. Ce n’est pas grave d’en avoir, on est pas parfaits mais c’est pas plus mal. Moi je sais que c’est grâce à l’humour que je me suis démarquée, si t’es mauvais au moins t’es rigolo quoi !

Propos recueilis par Marie SARFATI

Des femmes dans le sport…