Lycées : Carole Delga : “La rentrée la moins chère de France est en Occitanie”

Carole Delga s'est rendue ce jeudi 1er septembre 2022 au lycée Toulouse-Lautrec pour cette rentrée scolaire, où il y avait la nouvelle Maison de l'orientation mobile. Ph Région Occitanie

La présidente de région lance des Maisons d’orientation mobiles, expérience inédite avec des spécialistes qui vont au-devant des lycéens. La Région expérimente aussi un dispositif, Trajectoires, pour “lutter contre les freins sociaux à l’entrée en études supérieures”, luttant contre les freins à l’orientation, y compris “l’autocensure. Pour briser le plafond de verre du déterminisme social, notamment des jeunes filles”. Un travail de fond.

Un mantra : “En Occitanie, la rentrée est la moins chère de France pour nos 230 000 lycéens”, a répété Carole Delga. La présidente de Région Occitanie a passé en revue les dispositifs, notamment en matière d’orientation, lors de la conférence de presse de rentrée : manuels scolaires gratuits, un ordinateur offert en seconde – d’un rouge parfaitement reconnaissable – des aides pour le train, à partir du 11e trajet un dispositif baptisé + = que 40 000 jeunes ont déjà adopté ; des bons plans grâce à la Carte jeunes (déjà 230 000 lycéens en bénéficient).

Il y a aussi la gratuité des transports scolaires pour 170 000 élèves chaque jour (“Nous sommes la seule région à l’offrir”) ; le repas de cantine plafonné à 3,90 € alors qu’ils coûtent en réalité le double. Carole Delga et ses services ont, bien sûr, évalué, dans ce contexte d’inflation galopante, l’économie substantielle réalisée par les familles : “Tout cumulé, c’est au minimum 500 € par enfant et par an et parfois 1 000 €”, a-t-elle souligné, précisant que la “Région investit 1 533 € par lycéen et par an”.

La rénovation des lycées a été engagée il y a déjà 6  à 7 ans (…) qui produit ses effets : entre 2014 et 2021, c’est – 25 % de consommation de gaz ; – 16 % d’électricité et – 15 % d’eau”

Carole Delga

Autre sujet de préoccupation, la hausse du prix de l’énergie. La Région Occitanie a évalué le surcoût à 13,6 M€ mais, “grâce à l’anticipation, la rénovation des lycées a été engagée il y a déjà 6 à 7 ans. Nous avons mis en place un calendrier ambitieux avec plusieurs dizaines de millions d’euros de travaux ; ce qui a produit ses premiers effets : entre 2014 et 2021, c’est – 25 % de consommation de gaz ; – 16 % d’électricité et – 15 % d’eau. Nous allons compléter les dotations aux lycées pour faire face aux hausses des factures.” Le but est d’atteindre “d’ici 2030, une baisse de la consommation de fluides de 40 %”.

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Cours de récréation en voie de désinperméabilisation

Kamel Chibli, vice-président chargé de l’éducation, de la jeunesse et des sports, a rappelé que, pour ces rénovations et adaptations au réchauffement climatique nécessitant un investissement sur le mandat de 800 M€, “la région fait à chaque fois en sorte que l’établissement soit sobre en énergie, en recourant aux chaufferies à bois, à la géothermie, etc.” Carole Delga a complété : “Depuis le début de l’année, nous procédons à la désinperméabilisation des cours de récréation ; on a commencé avec le lycée Jean-Monnet de Montpellier et on va amplifier cette action qui se traduit par la pose de pelouses, de massifs, d’arbustes et/ou de revêtements qui laisse l’eau s’infiltrer dans le sol. Par ailleurs, nous allons planter 600 000 arbres : 152 lycées sont candidats à ce dispositif…”

Maisons mobiles de l’orientation, uniques en France

Et puis, Carole Delga a annoncé une “priorité” le lancement d’un dispositif, baptisé Maisons de l’orientation mobiles (MOM), là aussi “uniques en France”. Elle sont financées à hauteur de 1 M€ dans le cadre du Pacte d’investissement dans les compétences (PIC). “En France, l’origine sociale dicte encore la réussite scolaire des élèves, ainsi que leur orientation. C’est comme cela qu’aujourd’hui les enfants d’ouvriers sont deux fois moins souvent diplômés du supérieur que les enfants de cadres. Et cela, je ne peux m’y résoudre. Il faut changer la donne, urgemment, et garantir une égalité des droits dans l’accès à l’information sur les formations et les métiers, le plus tôt possible. Je veux que tous les jeunes d’Occitanie puissent bénéficier d’un service public d’orientation sur mesure et proche de chez euxC’est une expérimentation.”

Chaque véhicule “est une sorte de caravane qui se déploie comme une maison… C’est un Aller vers les gens, simplifié. Il y aura un accueil généraliste et à l’intérieur des conseils plus spécialisés, avec des discussion avec des professionnels de l’orientation, notamment. Il faut désacraliser les informations sur les métiers et aller vers les gens… C’est complémentaires des salons Taf.”

Offre complète autour des métiers et de la formation

Carole Delga s’est rendue ce jeudi 1er septembre 2022 au lycée Toulouse-Lautrec pour cette rentrée scolaire, où il y avait la nouvelle Maison de l’orientation mobile. Ph Région Occitanie

À partir de cette rentrée 2022 donc, ces MOM aux couleurs de la Région Occitanie iront à la rencontre des élèves, étudiants et demandeurs d’emploi, “avec une offre de service complète autour des métiers et de la formation. Ils se déplaceront en priorité dans les zones rurales et les quartiers politique de la ville. Conçues pour répondre aux mêmes exigences que les Maisons de l’orientation de Toulouse et Montpellier, les Maisons de l’orientation mobiles seront équipées de casques de réalité virtuelle, de tablettes, postes d’ordinateurs, d’un grand écran, et organiseront à chacune de leurs tournées des ateliers pour aider les jeunes dans leurs choix d’avenir”, indique-t-on.

Totalement autonomes en énergie, les Maisons de l’orientation mobiles passeront deux à trois fois dans chaque département tout au long de l’année, et proposeront une offre pédagogique en lien avec les établissements scolaires, dès la troisième et dans les lycées : ateliers et animations préparés en lien avec le chef d’établissement, autour de la découverte des métiers, des voies d’accès mais aussi de la préparation à la recherche de stage, la rédaction d’un CV et d’une lettre de motivation…

Une MOM présente pour les événements locaux

Mais aussi une offre “tous publics” : organisation d’entretiens individuels et d’actions collectives (forum, job dating, info métier…) Une MOM sera également présente lors d’événements locaux : le salon du littoral au Cap d’Agde les 18 et 19 octobre, le nouveau salon Id-Métiers à Saint-Gaudens, les 13 et 14 décembre… Ces Maisons de l’orientation se rendront dans les lycées et territoires le 27 septembre, lycée de Cugnaux (31) ; le 3 octobre au lycée Simone de Beauvoir à Gragnague (31) ou encore le 6 octobre au Forum de l’emploi à Prayssac (46).

Pouvoir parler de l’orientation dans les collèges

Carole Delga a aussi souligné “qu’en tant que présidente des Régions de France, j’aurais volontiers parlé avec le ministre de l’Education nationale de l’orientation, justement. Il est aujourd’hui à Toulouse mais j’avais déjà d’autres obligations. Pouvoir aller en parler dans les collèges, on peut théoriquement le faire mais dans les faits ça ne se passe pas. Les dix-huit présidents de région partagent ce constat. Je lui aurais aussi parlé de Parcoursup qui est une machine mû par un algorithme qui ne fait rien contre le déterminisme social et qui casse des vocations.”

Parcoursup peut écarter un dossier scolaire moins bon mais d’un élève qui a la vocation pour un autre qui a un meilleur dossier mais qui, faute de vocation, pourra abandonner avant la 3e année…”

Et de donner un exemple “très concret” : “La Région participe à la création des Ifsi, les écoles d’infirmières, souvent dans des petites villes et des territoires ruraux. C’est intéressant pour les étudiants de ces territoires qui ont cette vocation – car c’est une vocation – comme pour leurs familles, parfois modestes, qui ne pourraient pas financer le logement et les transports dans de grandes villes comme Montpellier ou Toulouse. Mais Parcoursup se fiche des territoires. Il peut écarter dossier scolaire moins bon mais d’un élève qui a la vocation d’un autre qui a un meilleur dossier mais, qui, faute de vocation pourra abandonner avant la 3e année… Cela concerne au moins un tiers des élèves ; cela contribue à la mise sous tension de ces métiers de la santé, par ailleurs indispensables… Et cela n’est pas très efficient en ce qui concerne l’argent public dépensé, sans parler là aussi de la lutte contre le déterminisme social.”

“Pour une meilleure accession de nos jeunes filles, aux grandes écoles ou les cursus difficiles comme médecine”

Ce n’est pas tout. La Région Occitanie expérimente aussi un nouveau dispositif, baptisé Trajectoires pour “lutter contre les freins sociaux à l’entrée en études supérieures”, proposant via un appel à projets de lutter contre tous les freins à l’orientation y compris “l’autocensure. Et briser le plafond de verre du déterminisme social. Pour que chaque enfant puisse rêver et choisir une voie en conscience.

Pour cela, des appels à candidatures ont été lancés dans les lycées que nous financerons pour une meilleure accession de nos jeunes, notamment nos jeunes filles, et nos jeunes filles de milieux modestes, aux grandes écoles ou les cursus difficiles comme les études de médecine. Le lycée de Saint-Céré, par exemple, va proposer des heures supplémentaires de préparation le mercredi après-midi, comme le lycée Bellevue, à Toulouse, qui a va, lui, mener des actions spécifiques, notamment du tutorat pour accéder à des filières où le taux de féminisation est bas, par exemple.”

Accompagnement particulier des élèves

Lancé le 7 juin dernier, la Région a déjà reçu 58 projets, parmi lesquels : le projet “un parcours d’orientation ambitieux pour les jeunes filles de nos quartiers”, porté par le lycée Berthelot à Toulouse, qui vise à accompagner une trentaine de jeunes filles de classe de première souvent issues de quartiers prioritaires, dans leur projet d’orientation via la mise en place d’un parcours dédié sur l’année scolaire 2022-2023 ; le projet Option Santé, porté par le lycée Jean Lurçat à Saint-Céré, vise à optimiser les conditions de la réussite post-bac en première année de médecine, par un accompagnement particulier des élèves intéressés par ces études, dès la première.

Il y a aussi, autre exemple, Pourquoi pas moi ? : là, c’est un projet mené au lycée Irène et Frédéric-Joliot-Curie à Sète pour renforcer la confiance en soi des élèves des quartiers prioritaires et développer leur ambition dans l’accès aux études supérieurs via des visites d’universités et rencontres avec des étudiants et professeurs, des informations sur les filières et formations post-bac ou encore des découvertes de métiers.

Olivier SCHLAMA