Livres : Les 70’s en Aveyron, premier amour au sein d’un monde qui s’éteint doucement

1971 : Pierre, lycéen de seize ans issu d’un milieu modeste, fait croire à ses camarades qu’il s’apprête tout comme eux à partir en vacances. En réalité, c’est aux côtés de sa tante Marie qu’il va passer tout l’été. Seule depuis la mort de son époux Kléber, Marie fait face à un dur quotidien dans sa petite ferme sans eau courante ni confort, où Pierre a découvert l’année précédente, des méthodes de culture ancestrales. Mais en cette année 71, il y a aussi les chansons de Françoise Hardy, les Beatles et… Béatrice.

L’auteur, Daniel Crozes… Photo © Martin VARRET

C’est une bonne façon de se préparer à l’été qui approche. Un petit regard en arrière, pour se retrouver il y a… 40 ans ! Dans cette suite d’un précédent roman (“Un été d’herbes sèches”, paru en 2015 chez le même éditeur), mais qui peut se lire indépendamment, on découvre donc Pierre, lycéen modeste, qui s’apprête à passer l’été en Aveyron :

Dans son hameau des Vernhes, en butte à l’hostilité des voisins qui convoitent ses terres, la veuve Marie ne peut compter que sur la solidarité des anciens camarades de Kléber, prisonniers comme lui lors de la Seconde Guerre mondiale. En souvenir de son oncle avec qui il avait noué une relation profonde, Pierre apporte son secours à cette femme encore jeune, meurtrie par la vie et qui s’astreint aux rites d’un deuil d’un autre âge.

Une vie intime prise dans les bouleversements d’une époque

Mais, alors qu’il s’apprête à un été de lecture et de travaux agricoles, l’adolescent apprend que des campeurs vont venir s’installer sur le domaine, avec une jeune fille de dix-sept ans. Alors il se prend à rêver…

Tournant de la vie intime d’un jeune homme, ce nouveau roman de Daniel Crozes se situe aussi au tournant de deux mondes, au moment où les idées “modernes” investissent le monde paysan pour “que notre agriculture devienne plus compétitive”, reléguant au rang des choses obsolètes les méthodes ancestrales. de celles que l’on s’enthousiasme de (re)découvrir aujourd’hui, en 2021.

Un monde agricole dur et exigeant, mais aussi solidaire et humain

Pour ceux qui ont vécu ces années là, le récit de Daniel Crozes (qui s’inspire parfois de ses propres souvenirs) est riche de l’enchantement d’une bouffée de nostalgie. Pour les plus jeunes, il ouvre une porte sur un passé pas si lointain, qui ne peint pas un monde paysan idyllique, mais au contraire dur et exigeant, parfois injuste, mais aussi solidaire et profondément humain…

Chronique d’une vie qui s’éveille, mais aussi d’un monde qui s’éteint, Une promesse d’été est un moment de lecture tout en douceur et en rêverie. Comme une invitation à regarder un peu en arrière, pour voir s’il n’y aurait pas quelques leçons à en tirer… pour meux vivre demain.

Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages (tous aux éditions du Rouergue), historien et romancier, Daniel Crozes est profindément attaché à son Aveyron natal, dont il s’est fait tour à tour le chroniqueur et le conteur. Ecrivain du terroir aveyronnais, il explore à chaque nouvel ouvrage un pan de son histoire, en alternant les genres, mais avec toujours une égale rigueur.

Pour l’été à venir, la promesse d’un beau moment de lecture…

Philippe MOURET

Une promesse d’été, de Daniel Crozes aux éditions du Rouergue. Collection l’Estive. En librairies le 2 juin 2021. 320 pages – 20 €

Dis-Leur ! à propos de Daniel Crozes :

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