Littérature : Yves Navarre en oeuvres complètes, cet automne

Henri Dhellemmes, vice-président - Karine Baudoin, trésorière Photo ©JJF 2018

Yves Navarre est un auteur majeur de la littérature française. Il est né en Occitanie en 1940 à Condom dans le Gers. Décédé en 1994, c’est un créateur prolifique. Selon l’association Les amis d’Yves Navarre « Il a créé une oeuvre immense, riche de romans, de pièces de théâtre, de nouvelles, mais aussi de poèmes, de scénarios et de chansons, dont de nombreux inédits… »

Née près de Montpellier il y a deux ans, l’association Les amis d’Yves Navarre vient de se lancer dans un ambitieux projet : la publication de ses oeuvres complètes avec une opération de financement participatif (*). La sortie du tome 1 est prévue cet automne. Un fonds d’archives Yves Navarre a été créé à la médiathèque Emile-Zola de Montpellier. Dis-Leur ! est allé à la rencontre de Karine Baudouin et Henri Dhellemmes qui sont à l’origine de l’association, avec deux autres lecteurs passionnés. Ils ont accordé à Dis-Leur ! une longue interview dont voici des extraits.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans l’oeuvre d’Yves Navarre ?

Les albums photos d’Yves Navarre – Photo © Les amis d’Yves Navarre

Henri – Il y a des bonnes ou des mauvaises raisons d’aimer un écrivain. […] Moi j’ai aimé, je suis tombé amoureux entre guillemets d’Yves Navarre à l’adolescence parce qu’il se trouve que c’était un des rares écrivains qui passait à la télé et parlait ouvertement de son homosexualité. Donc, évidemment, ça a été le point de rencontre entre moi adolescent et cet écrivain que je voyais qui m’a donné envie de lire pour trouver d’une certaine façon une identité. […] C’était je crois à une émission télé qui s‘appelait les Dossiers de l’écran sur l’homosexualité après le film adapté du roman de Roger Peyrefitte […] Les amitiés particulières, film de Jean Delannoy 1962. J’ai dû me cacher pour la
regarder.
Karine – J’étais étudiante. Je suis allé chercher un livre pour ma mère à la
bibliothèque. J’ai vu le titre Killer d’Yves Navarre. Pensant que c’était un
roman policier, je l’ai pris. Ma mère l’a lu. Elle m’a dit : “C’est bien, mais c’est
surprenant, tu devrais le lire.” Depuis, je n’ai pas rencontré d’écrivain similaire.

Pourquoi faire une édition complète ?

Karine – On venait d’éditer un roman inédit en 2016 qui s’appelle Pour d’en peu qui date 1991. En 2017, ce fut un recueil de poèmes qui date de 1973. On s’est aperçu que c’était très difficile de vendre et pour un éditeur de publier des inédits d’un auteur qui ne se vend plus beaucoup. Il serait plus facile pour nous de glisser des inédits en publiant des œuvres complètes que de les sortir indépendamment. Ça permet aussi d’éditer des inédits que nous n’aurions pas publier individuellement.

Henri – Yves Navarre a une caractéristique tout à fait particulière. Il y a une légende, si on veut, dont il parle tout au long de son œuvre. C’est qu’avant que son premier roman ne soit publié, il en avait écrit 17 autres qu’il a détruits. Qu’il a vraisemblablement détruits. Dans plusieurs romans, il est question de la destruction de ces manuscrits. Ce qu’il faisait vraiment régulièrement. C’était quand même un type très bizarre [rires].

Les 17 romans n’ont donc jamais été publiés ?

Henri – Il se trouve qu’on en a retrouvés, notamment un fragment de l’un de ses romans. Il est cohérent et forme un roman à lui seul. Il faut savoir que souvent Yves Navarre faisait des sortes de collages de romans. Son premier roman Lady Black est la fusion de plusieurs romans qu’il avait écrits précédemment. Il avait écrit un énorme roman qui s’appelle Un Village à la place du coeur et ce roman était
composé de plusieurs fractions. On a retrouvé l’un de ses fragments qui s’appelle le Sin-King City qu’on va publier dans le premier tome des œuvres complètes.

Combien de tomes pour ces oeuvres complètes ?

Henri – Entre dix et douze…

Karine – Une bonne dizaine, oui. Tout dépend des inédits que l’on va trouver.
Selon l’association, chaque tome comportera entre 1 000 à 1 300 pages . C’est nécessaire pour révéler au public l’intégralité de cette œuvre. C’est donc un travail de longue haleine dont le premier tome est en partie financé par les lecteurs. Un appel au don a été lancé sur internet.

Jean-Jacques FLANDE

  • Pour en savoir plus : Association, les amis d’Yves Navarre en cliquant ICI.
    (*) L’association mobilise les lecteurs fidèles d’Yves Navarre et les amoureux de la littérature dans une opération de financement participatif, du 19 mars au 17 juin 2018. au don sur la plateforme HelloAsso, en cliquant ICI.