Librairies : chez Sauramps, le Furet du Nord ne repassera pas

257 librairies indépendantes en Occitanie

L’Occitanie compte 257 librairies indépendantes, selon les chiffres publiés en 2017 par le Centre régional des lettres et l’association Languedoc Roussillon livre et lecture. Le livre représente 137 millions d’euros par an et 11 400 emplois en Occitanie. Mais la situation n’est pas toujours facile pour ces “passeurs de culture”… Comme le montre, après celui de la librairie Privat de Toulouse, l’exemple de la librairie Sauramps, à Montpellier et Alès…

La cour d’appel de Montpellier a finalement décidé de retenir l’offre de la société Amétis, proche de l’ancien PDG de Sauramps, pour la reprise des célèbres librairies du Sud. La reprise par le Furet du Nord avait entraîné 37 licenciements, la fermeture d’un magasin à Montpellier et la grève des salariés.

L’architecte montpelliérain François Fontès, via son groupe Amétis, est le nouveau patron de Sauramps. Soulagement pour le personnel de la fameuse enseigne de librairies à Montpellier et Alès (en redressement judiciaire depuis le 13 mars dernier). Soulagement, aussi, du côté du maire de Montpellier, le DVG Philippe Saurel, qui s’est immédiatement exprimé, par voie de communiqué : “C’est une bonne nouvelle ! Pour les salariés dont l’horizon s’éclaircit, pour la culture et le commerce de proximité dont la librairie Sauramps est un partenaire et un acteur historique à Montpellier. J’adresse tous mes encouragements à la nouvelle équipe et aux employés de Sauramps.”

D’abord la sauvegarde des emplois

De rebondissements en péripéties juridiques, la reprise de Sauramps est on ne peut plus mouvementée. La chambre sociale de la cour d’appel de Montpellier a décidé de valider la reprise, de ce fleuron de la culture du Sud, par le groupe Amétis, proche de l’ancien PDG de Sauramps, Jean-Marie Sevestre. Une offre “mieux disante”, si l’on se réfère à la loi de 1985, pour qui le maintien de l’emploi est un critère déterminant. L’offre du groupe immobilier Amétis prévoit en effet le maintien de 94 salariés sur 119. Par rapport à l’offre du Furet, ce sont donc 37 emplois de plus qui sont (provisoirement) sauvés.

Le Furet, ça ne passait vraiment pas

La décision de la Cour d’appel intervient trois semaines après la validation, par le Tribunal de commerce de Montpellier, du rachat de Sauramps par le groupe d’édition lillois Le Furet du Nord. Le tribunal avait fait valoir la solidité financière de l’enseigne de Pierre Coursières. Problème : dès qu’il a eu les clés de Sauramps en poche, le Furet a liquidé le magasin Odyssée (dans le centre commercial Odysséum). En cause : le prix exorbitant du loyer : plus d’un million d’euros par an (soit 13 % du chiffre d’affaires). En cascade, avaient suivi le licenciement de 37 salariés, la fermeture de l’entrepôt de Mauguio et un mouvement de grève des salariés de tous les magasins du groupe (sauf celui du Musée Fabre, à Montpellier).

Quel avenir pour la librairie Odyssée ?

En tout, selon l’offre du Furet du Nord, 62 personnes devaient être licenciées, même si, en parallèle, le groupe lillois avait fait valoir la création de 26 emplois (sans précision de date) ainsi que la mise en place de quatre CDD de six mois. Pas suffisant, pour les salariés de Sauramps, qui avaient interjeté appel, à l’instar de Jean-Marie Sevestre, l’ex-PDG de Sauramps.

Reste maintenant à régler l’épineux cas de la librairie Odyssée. Écartée dans le projet du Furet, elle est reprise dans l’offre d’Amétis. Reste que sa trésorerie est ancrée dans le rouge et que le bail se termine en mai 2019. La faire perdurer relève du défi olympique, mais Amétis estime avoir les reins financiers suffisamment solides.

M.-R.

En tête du classement des départements, la Haute-Garonne compte 50 librairies indépendantes, puis vient l’Hérault avec 32, le Gard 31, il y en a 24 dans le Tarn, 18 en Aveyron et entre 10 et 16 dans chacun des autres départements et seulement 8 en Lozère.