Train : 4 milliards d’euros pour réduire les bouchons

Conseiller régional EELV et délégué des états généraux du rail lancé par la Région Occitanie, Christian Dupraz résume une initiative “unique en France” : un plan en dix actions de 4 milliards d’euros, dont 1,5 milliard d’euros en investissement jusqu’en 2021, soit une augmentation de 67% des crédits. Ce plan est censé, entre autres, de désengorger la route.

“Il ne faut opposer aucun mode de transport à un autre. Le covoiturage prend-il des clients au TER ? Chaque mode de transports correspond à un moment de sa vie (avec ou pas des enfants, que l’on soit actif recherchant la rapidité, le confort, retraité, etc.) voire à des moments différents dans la journée”

Chargée des transports à l’Ademe Occitanie, Martine Cheylan se veut “positive”. Y compris, malgré leurs défauts,  pour le déploiement des vélos à assistance électrique (VAE) : “Les 1000 bornes de recharge prévues d’ici la fin de l’année comprennent évidemment des prises pour ces VAE.” Pour elle, “les états généraux du rail vont dans le bon sens même si on aurait pu l’étendre à la mobilité en général”.

En tout cas, ce plan, qui vise principalement à améliorer l’accès au train, voté le 2 février dernier, dans la région est une première de par son ampleur. Sur les 15 ans à venir, les 10 chantiers prioritaires en matière de rail et d’intermodalité nécessiteront une intervention régionale de 13 milliards d’euros, dont 4 milliards d’euros d’investissement. Il propose que “la qualité de service du TER s’améliore pour favoriser son attractivité pour fidéliser l’usager et en conquérir de nouveaux. C’est en atteignant un taux de ponctualité supérieur à la moyenne nationale (91%), en améliorant les correspondances intermodales mais aussi, plus globalement, en augmentant le niveau d’exigence de qualité auprès de l’exploitant que la Région réalisera ce premier chantier.” Avec des solutions nouvelles, telles que la mise en service des TER Régio2N plus grands et performants.

Vers un billet unique

Ce plan régional se donne l’objectif d’harmoniser “la tarification et le billet intermodal, à travers la mise en place d’une seule gamme tarifaire unifiée (voyages réguliers, occasionnels et tarifs sociaux) et d’un billet unique, simplifieront l’usage des transports publics, les rendant plus attractifs et plus compétitifs face aux modes concurrents.”

Toujours en matière de rail, la Région a pour autre priorité de sauvegarder des lignes ferroviaires et adapter de l’offre TER “pour favoriser la cohésion territoriale de la région, pour un désenclavement des territoires ruraux et une désaturation du périurbain. Cette amélioration des relations ferroviaires doit aussi être opérée entre les métropoles et les agglomérations. Enfin, l’offre sera mieux adaptée aux besoins touristiques et estivaux”.

Parmi les lignes en difficulté, au trafic limité ou aujourd’hui fermées, la Région en a identifié six prioritaires : Alès-Bessèges, Le Train Jaune, Carcassonne-Quillan, Montréjeau-Luchon, Rodez-Séverac-Millau, Rive Droite du Rhône.
Ce n’est pas tout. Autre chantier, la mise en accessibilité des services ferroviaires et routiers.

Débloquer la grande vitesse

La Région veut également débloquer la grande vitesse par les LGV nouvelles Bordeaux- Toulouse et Montpellier-Perpignan. Cette dernière étant à l’arrêt depuis de lustres. Un premier tronçon Montpellier-Béziers pourrait être envisagé. C’est vital : les LGV libéreront des sillons pour les TER sur les lignes historiques, ce qui permettra de renforcer le service.

Autre proposition : “L’intégration et le redéploiement par la Région des services autocars/TAD (transport à la demande) dans une logique intermodale permettra d’effacer les relations de concurrence entre le réseau ferré et le réseau routier (transfert de compétence loi NOTRe).

La Région propose, en complément, des solutions innovantes telles que l’offre d’un service de transport à la demande ou encore d’une centrale de réservation unique.”

L’avenir des trains d’équilibre du territoire (TET) a suscité des négociations serrées entre l’Etat et la Région. Elles ont abouti au maintien et au projet de redynamisation des lignes TET Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, Toulouse-Hendaye, Bordeaux-Toulouse-Montpellier-Marseille, avec du matériel neuf sur ces trois lignes, et des trains de nuit Paris-Toulouse-Latour de Carol et Paris-Rodez. Les liaisons de nuit avec Hendaye et Cerbère sont en cours de négociation. L’exploitation du TET Nîmes-Clermont-Ferrand (Cévenol) sera reprise en 2018 par la Région. Le service TET Béziers-Clermont-Ferrand (Aubrac) fera, quant à lui, l’objet d’une expérimentation de deux ans avec un co-pilotage Etat/Région.

Les élus régionaux se sont également engagés à  multiplication des pôles d’échanges multimodaux (PEM) a pour objectif de réduire l’utilisation du véhicule individuel par le report des usagers sur des modes de transports alternatifs, notamment le vélo, et d’initier les gares en lieux de vie.
L’écomobilité est alors encouragée, avec “44 projets de création ou d’amélioration de PEM aujourd’hui recensés. La Région lancera dès 2017 un vaste Plan régional PEM”.

Réouverture lignes SNCF à l’étude

Avant-dernier engagement : la relance du fret ferroviaire. Celle-ci passe par la mise en synergie des infrastructures régionales de transports (ports, voies ferrées, canaux, etc.) et des pôles d’activités économiques et logistiques générateurs de trafic. “Il s’agit de désaturer le trafic routier et ainsi diminuer la pollution, lutter contre le réchauffement climatique et améliorer la sécurité routière. La Région va lancer des études sur la régénération ou la réouverture de certaines lignes existantes (Auch-Agen, Tarbes-Mont-de- Marsan)”.

Enfin, dernier point, “les états généraux ne sont qu’une première étape. C’est avec l’ensemble des acteurs que la Région souhaite poursuivre ce dialogue, notamment par la création dès 2017 de Comités départementaux de transport et d’un Groupement des Autorités Responsables des Transports (GART) régional. De plus, un forum de la mobilité sera installé, vitrine d’une région innovante, connectée, pour une mobilité durable en faveur de ses habitants et de ses territoires.”

“Cet effort régional ne saura trouver sa pleine efficacité sans une action partagée avec les autres autorités organisatrices et partenaires de la mobilité (Etat, conseils départementaux, EPCI, SNCF, etc.) pour la mise en œuvre de véritables projets de territoires utiles aux populations”, conclut la délibération.

                                                                                  Olivier SCHLAMA