Entretien : Caroline Vigneaux donne de la voix, au nom de la loi

Numéro spécial de “Tout le monde joue…”, sur France 2, avec Nagui et Caroline Vigneaux, l’ancienne avocate devenue humoriste. Les deux animateurs ont évoqué quelques aberrations du Droit au quotidien. Caroline Vigneaux était passée sur la scène du théâtre Molière, à Sète (Hérault). Elle avait alors livré à Dis-Leur ! une plaidoirie pour le droit… à l’humour !

Du barreau à la scène, est-ce vraiment un grand écart et comment décide-t-on de le franchir ?

Déjà, c’est se rendre compte qu’on a qu’une seule vie et qu’il faut la vivre pleinement! Et puis je me suis dit que même si le métier d’avocate est une vocation que j’aime, que j’aimerai toute ma vie, ça ne suffira pas à la combler. J’ai envie d’avoir plusieurs vie en une seule.

Vous, Mathieu Madénian, Kee-Yoon… la fac de droit devient-elle un nouveau tremplin pour la scène ?

Le vrai lien entre les études de droit et la scène reste quand même le plaisir d’écrire, le plaisir des mots et surtout l’art oratoire. En tout cas, personnellement, c’est ce qui m’a attirée dans cette profession.

Qu’est-ce qui reste aujourd’hui de votre ancien métier dans votre carrière ? Abstraction faite bien sur de la matière pour certain de vos sketch ?

Il reste forcément des traces. J’ai beaucoup plaidé, j’ai passé les concours d’éloquence, donc ma façon d’être a aussi été façonnée par ça. Ça me donne de la matière au niveau de l’écriture, pas que sur le droit, également sur la vie en général.

Quels sont les humoristes qui vous ont inspirée ?

La première c’est Jacqueline Maillan qui m’a fait découvrir la scène et la folie en puissance comique. J’ai adoré cette femme qui pouvait être parfois même dans l’excès mais tellement drôle. Et je suis une fanatique absolue d’Albert Dupontel.

Avec “Caroline Vigneaux quitte la robe” vous abordez de nombreux sujets de société et en particulier concernant les femmes, vous définiriez vous comme féministe ? Et si oui, qu’est-ce que cela représente aujourd’hui pour vous ?

Je suis féministe, bien-sùr! Je pense l’être comme n’importe quelle femme l’est ou le doit. Féministe, ce n’est pas un gros mot. Ça veut juste dire qu’on prend soin les unes des autres et qu’on s’entraide. Je trouve que c’est magnifique.

Quelle est la part d’improvisation, de réactivité au public d’une salle, dans votre spectacle ?

Enorme ! J’adore ça et parfois, j’ai même du mal à revenir au spectacle tellement j’aime l’échange avec le public. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’aime le spectacle vivant.

Vous avez joué aux cotés de José Garcia dans le film A fond ! de Nicolas Benamou. Votre expérience au cinéma vous a-t-elle donné envie d’infléchir votre carrière ou restez vous avant tout attachée à la scène ?

Je reste foncièrement attachée à la scène. Cependant, les deux ne sont pas incompatibles, au contraire. Les deux s’emboîtent même très bien. D’un coté il y a la scène, où on est en relation directe avec le public, alors qu’au cinéma on a la chance de travailler avec une équipe, d’être dirigé par un réalisateur et d’attendre la réaction du public qui a lieu un an plus tard. C’est deux formes de cet art formidable, qui sont complètement différentes mais qui restent tout de même conciliables.

Pouvez vous nous dire un mot de votre engagement en tant que marraine de l’indication géographique “sièges de Liffol” ?

Je trouve qu’on ne parle pas assez de Liffol-le-Grand, capitale du siège en France. Mon grand père avait une usine là-bas, ce qui contribue d’autant plus à mon attachement à la région. C’est une atmosphère, des gens qui me tiennent à cœur et il y a cette matière du bois que j’adore, le toucher, son odeur… Il savent faire des meubles merveilleux et magnifiques. J’étais vraiment heureuse qu’on me fasse cette proposition, j’aurai aimé que mon grand père puisse le voir. C’est une belle région qui mérite d’être connue.

A quelques jours des présidentielles, quel est votre état esprit quand à l’avenir de la France ?

Je suis quelqu’un de très optimiste. On a connu des périodes plus ou moins sombres, on s’en est toujours sorti. On est quand même à l’origine de belles choses, on est une belle démocratie qui malgré tout fonctionne, avec ses défauts et ses qualités. On a des libertés dans ce pays qu’il ne faut pas oublier de chérir.

Quels sont vos projets immédiats et à long terme ?

Actuellement, je suis focalisée sur l’écriture de mon prochain spectacle…

Propos recueillis par Norma MOURET