Innovation : Tut Tut, le Bla Bla Car de la livraison à domicile, déboule

Spécialiste de la livraison du dernier kilomètre via des coursiers-particuliers, la start-up, créée par un Gardois il y a trois mois, permettra dès septembre des échanges entre particuliers qui pourront y avoir recours pour tout : récupérer un canapé acheté chez un particulier ; des courses… Entre-temps, Tut Tut lance une première levée de fonds de 800 000 € pour se structurer.

Tut Tut : c’est un nom qui ne s’encombre pas des falbalas d’un marketing alambiqué. Il dit bien ce qu’il veut dire : écartez-vous de là, on déboule ! Et c’est bien le créneau de cette jeune pousse basée à Avignon et de son jeune créateur, un Gardois de 29 ans, Vincent Chabbert qui, avec son idée, lève la crispation de la livraison à domicile. Celle qui vous fait râler quand vous devez poser une demi-journée de RTT pour attendre votre TV ou simplement par exemple vos pots de miel ou votre cafetière préférés.

Appel aux particuliers 30 km autour de chez eux

Tut Tut développe une idée génialement simple sur le modèle de Bla Bla Car, leader du covoiturage “Nous faisons appel aux particuliers qui vont d’un point à un autre dans un rayon de 30 km autour de chez eux pour livrer un colis. Il existe quatre tailles référencées à moto, voiture, SUV ou break, utilitaire. Ils peuvent s’inscrire sur notre plate-forme pour livrer toute sorte de fret. Le client qui a acheté quelque chose en grande surface ou dans un magasin, lui, fait appel à ce service via notre application smartphone où tout y est sécurisé.” La course est payée ensuite à ces “coursiers particuliers” en fonction de la taille du colis.

Livré dans les deux heures, sept jours sur sept

Un système de notation a été mis en place. La course coûte au particulier de 7 € – contre 35 € estimés par un transporteur privé – à 49 €. À savoir : “70 % du prix de la course revient à celui qui l’a faite, limité à 500 € par mois. Nous gardons les 30 % restants”. Et le client est “sûr” de se faire livrer dans des délais très courts, de l’ordre d’une paire d’heures et sept jours sur sept, certifie Vincent Chabbert, précisant que “l’enjeu de la livraison et de sa prise en charge dans le dernier kilomètre est pour un consommateur sur deux déterminant dans son choix du commerçant”. C’est aussi un enjeu pour le commerçant lui-même qui peut offrir ce service et fidéliser ses clients.

Déjà 2 000 coursiers particuliers et 150 commerces

“Actuellement, déjà 2 000 coursiers particuliers se sont inscrits et quelque 150 commerçants sont partenaires. Nous sommes très présents à Nîmes et Montpellier et cela monte en charge ailleurs en Occitanie et en France”, souligne Vincent Chabbert, le gérant qui lance une levée de fonds après trois mois d’un lancement de ce service “concluant”.

A la recherche d’investisseurs pour structurer Tut Tut

Tut Tut compte déjà sur 2 000 coursiers particuliers. DR.

“Nous cherchons auprès d’investisseurs comme les Business angels 800 000 € d’argent frais sous forme de bons de souscription en action, précédent une autre levée de fonds en 2022. Pour les investisseurs cette formule valorisera leur investissement.” Pour Tut Tut, c’est du cash pour embaucher (la start-up monte à 20 salariés en septembre) pour répondre à la demande, notamment de grands magasins dans l’alimentaire, les articles de sport, etc.

Économie collaborative en pleine croissance

Tut Tut compte se déployer partout en France à partir d’un modèle : l’économie collaborative (50 milliards d’euros en 2016, 572 milliards d’euros attendus en 2025, selon un rapport sénatorial) qui ne demande qu’à croître. “Il y aura ensuite une seconde levée de fonds en 2022 pour nous permettre de nous déployer dans d’autres pays et les principales villes européennes”, confie encore Vincent Chabbert, estimant que dans un an, Montpellier, Nîmes et même Paris seront conquis par ce nouveau service avec 3 000 à 5 000 courses par jour.

Plus fort qu’Amazon et Collissimo

Pour ceux qui tenteraient la comparaison avec Amazon, DHL, Colissimo ou Chronopost, Vincent Chabbert rétorque : “Amazon est un market place qui livre en 24 heures ou 48 heures. Nous faisons mieux : en quelques heures parce que nous sommes ancrés dans les territoires avec des particuliers coursiers qui habitent dans un rayon de 30 km. Nous y créons une synergie parce que notre modèle, national, se déploie au niveau local.”

Il commence comme plongeur il y a 12 ans

En janvier dernier, Vincent Chabbert a quitté un poste “confortable” dans le groupe hôtelier Accord, où il était directeur des opérations supervisant 17 établissements pour créer Tut Tut (il y a commencé sa carrière comme plongeur il y a 12 ans). “Je faisais énormément de route et j’avais quotidiennement des besoins importants d’envoyer des machines à café d’un hôtel à un autre par exemple et je me retrouvais souvent à faire moi-même le trajet.”

Je me suis dit que sur les routes les voitures sont quasiment vides que l’on pouvait rentabiliser ces parcours…”

Il note : “Je faisais plusieurs centaines de kilomètres par jour avec le même type de trajet. Je perdais parfois une journée. Je me suis dit que sur les routes les voitures sont quasiment vides que l’on pouvait rentabiliser ces parcours…” Il confie : “Avec la crise du covid, j’ai beaucoup réfléchi et mon idée première – de la livraison longue distance – a changé pour le concept actuel : du Bla Bla Car pour petits colis en partant du petit commerçant, artisan, grandes surfaces.”

Courses à récupérer, clefs oubliées…

Un caddy plein de courses à récupérer ; des clefs oubliées à 10 km ; un canapé acheté sur le Bon coin à récupérer chez un particulier… : le 1er septembre, tout le monde pourra solliciter la communauté de coursiers-particuliers de Tut Tut pour récupérer un objet oublié ; aller récupérer un click and collect dans un magasin ; voire programmer une livraison d’un achat effectué sur une plate-forme de vente entre particuliers. Il suffira de s’inscrire via l’application dédiée.

Dans l’Hexagone, les livraisons se sont démultipliées, les confinements ayant poussé à la roue. Rien que les repas livrés, selon une étude de Food Service Vision citée par les Échos, La livraison pourrait peser près de 20 % des ventes des restaurants en 2024. Dans trois ans, les commandes apportées à domicile représenteront en France un chiffre d’affaires de 10,3 milliards d’euros. 46 % des consommateurs ont désormais recours à ce service.

Olivier SCHLAMA

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