Initiatives / Toulouse : Au-delà de l’urgence, vers une “dynamique de relocalisation”

Antoine Roux, président de PrintOclock, réfléchit à "l'après"... Photo D.-R.

L’imprimeur en ligne toulousain PrintOclock vient, ces dernières semaines, de réorienter son activité pour répondre aux besoins en matériels de protection. D’ores et déjà en mesure de fournir des masques chirurgicaux à hauteur de plusieurs millions par mois grâce à ses filières d’approvisionnement, l’entreprise dirigée par Antoine Roux lance cette semaine une production locale de masques en coton. En démarrage, environ 1 000 pièces destinées aux particuliers ou professionnels sortiront chaque jour de l’atelier.

Au-delà d’un nécessaire approvisionnement international, Printoclock a décidé de s’engager dans la voie d’une production locale. Dès le 23 avril, ce sont près d’un millier de masques alternatifs en coton Oeko-tex qui seront fabriqués chaque jour à Toulouse.

Une prévision de 30 000 masques par mois

Le patron et la découpe du tissu seront réalisés dans l’atelier d’impression de PrintOclock, avant de passer par l’étape de confection du produit fini, sur les machines brodeuses d’un co-traitant, dans la zone d’activité du Chapître.

Le masque produit par PrintOclock… Photo D.-R.

Ce masque à pli 100 % toulousain a été conçu dans le respect du cahier des charges AFNOR (SPRC S76-001). Ses deux couches de coton hypoallergénique (150 g/m2) enserrent une couche de viscose (130g/m2) qui joue le rôle de filtre. Une démarche qui s’inscrit en cohérence avec les valeurs défendues par Printoclock depuis sa création : privilégier le made in France et le recours à des matériaux respectueux de l’environnement.

Antoine Roux, le président de la société toulousaine, explique : “Nous savons que cette production en circuit court de 30 000 masques par mois ne peut à elle seule couvrir l’ensemble des besoins. Mais nous voulons d’ores et déjà nous inscrire dans “l’après”, avec la perspective d’une réappropriation de la production en France et au niveau local. Tout début 2020, nous avons adopté une plateforme de vingt engagements en faveur de la transition climatique (notamment “zéro colis par avion”, NDLR), qui sont autant de défis dans nos pratiques quotidiennes d’imprimeur en ligne…”

Agir (…) pour amorcer une dynamique de relocalisation

Sans cacher l’ambition de l’entreprise pour la situation économique qui suivra le confinement : “Nous ne pouvions alors imaginer être confrontés aux défis inédits et imprévus que nous impose la lutte contre le virus. Pour être en situation de faire face de manière immédiate, nous ne pouvons certes éviter les approvisionnements auprès d’autres pays. Mais nous voulons agir, à notre échelle, dès aujourd’hui pour amorcer une dynamique de relocalisation dont Printoclock entend être un acteur.”

La relocalisation, c’est selon plusieurs sondages récents l’un des principaux voeux des Français pour “l’après” coronavirus. Selon une étude réalisée par ViaVoice pour le journal Libération et publiée mardi 31 mars, 70 % des personnes interrogées estiment qu’il faut reprendre la construction européenne et créer une vraie puissance européenne, et 84 % qu’il faut “relocaliser en Europe le maximum de filières de production.”

Cela ne fut certes qu’un voeu pieu après la crise de 2008… Mais peut-être qu’un nouveau pas sera enfin franchi, sinon au niveau des filières industrielles peut-être pour des productions plus “locales”, en matière d’agro-alimentaire notamment. On voit en tout cas, avec cette volonté affichée par le président de PrintOclock que le mouvement est en marche…

Ph. M.

Précurseur en France du Web to Print, PrintOclock a été créé par Antoine Roux en 2008 à Toulouse. Aujourd’hui leader indépendant de l’impression en ligne BtoB, l’entreprise développe une gamme de produits conçus pour répondre aux besoins de PME et TPE de nombreux secteurs. Elle compte 70 salariés, dont 55 % de femmes dans l’effectif, pour une moyenne d’âge inférieure à 30 ans et un chiffre d’affaires de 12,5 M€ en 2019.

À Montpellier, on fabrique des visières…

La Ville de Montpellier et Montpellier Méditerranée Métropole s’impliquent directement dans la production d’équipements de protection individuelle (EPI) en créant une ferme de dix imprimantes 3D qui produit 1 500 à 2 000 visières de protection par semaine.

Fabrication de visières pour les personnles en contact avec le public… Photo Montpellier-Méditerranée-Métropole

Ces équipements de protection individuelle sont destinés aux agents de la Ville, ainsi qu’aux agents des communes de la Métropole, du CCAS et des Ehpad, qui sont quotidiennement en rapport avec du public. En fonction de la capacité de production et des besoins exprimés, cette dotation pourrait s’élargir à des structures extérieures.

L’expertise d’une société basée à Cournonterral

L’entreprise Rupture Tech Consulting, a proposé de mettre son expertise au profit de cette opération. Les trois co-fondateurs, André Venzal, Guillaume Painsecq et Julien Gonzalez, ont ainsi développé plusieurs prototypes pour obtenir un modèle permettant d’optimiser la production de chaque machine et la consommation des matières premières.

Dix imprimantes ont été installées par cette équipe dans un local de 120 m² mis à disposition gratuitement par Montpellier Méditerranée Métropole. La capacité de production totale avoisine les 1 500 à 2 000 unités par semaine.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la cellule de coordination de la production d’équipements de protection individuelle que Montpellier Méditerranée Métropole a mis en place dans le cadre de la crise sanitaire actuelle.

On en parle…

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