Idées : “Pourquoi et comment le peuple a raison de se rebeller…”

Michel Maffesoli sera le samedi 3 juillet à Bédarieux... Photo D.-R.

“Le spectre eugéniste, l’aseptie de la société et le risque zéro sont des bons moyens pour empêcher de risquer sa vie” écrit Michel Maffesoli dans son nouveau livre, L’ère des soulèvements (éd. du Cerf). Trente ans après son mythique Temps des tribus, ce sociologue de l’imaginaire lance une nouvelle annonce prophétique…

Reprenant un à un les récents séismes qui ont ébranlé nos représentations, il montre comment l’avènement d’un “totalitarisme doux” marque, par réaction, l’ouverture d’une “Ère des révoltes”

Le changement de paradigme que nous vivons…

Dès les années 1980, Michel Maffesoli s’est fait l’observateur averti et implacable des temps postmodernes. Il annonçait alors un effondrement social porteur d’un paradoxal retour des tribus, ce que prouveront les décennies suivantes. Il pronostique également que, profitant de la fin des idéologies, les élites au pouvoir entendent instaurer un ordre nouveau qu’il qualifie de totalitarisme doux. Ce que
démontre l’actualité récente.

De l’éruption des gilets jaunes devenus un phénomène international à la contestation globale de la gestion de la pandémie, des grèves émeutières pour contrecarrer le libéralisme mondialisé à la vague d’émotion planétaire suscitée par l’incendie de Notre-Dame, le sociologue du quotidien et de l’imaginaire traque, de son œil inégalé, le changement de paradigme que nous vivons.

Le règne de la rationalité, de la technicité et de l’individualité agonise convulsivement sous nos yeux. Pour le meilleur et pour le pire, l’ère des révoltes a commencé et ne cessera pas avant longtemps. Et de souligner notamment la responsabilité de “ceux qui ayant le pouvoir de dire et de faire, continuent à défendre bec et ongles l’économicisme, l’individualisme, le mondialisme, le matérialisme…”

Un court extrait :

Quelques lignes qui éclairent (un peu) le propos de l’éminent auteur, professeur émérite à la Sorbonne et membre de l’Institut universitaire de France: “La consanguinité des élites est chose évidente. Leur endogamie est chose mortifère. Cet entre-soi est, on ne peut plus manifeste dans les poncifs moraux dont les oligarques se gargarisent. Lieux communs cachant mal leur culte atavique de l’argent, leur orthodoxie économiciste et leur célébration d’une échelle de valeurs de fait dépassée. Tout ceci à coups d’incantations : démocratie, valeurs républicaines, laïcité, progressisme, etc.

Tout cela s’exprimant dans des formules alambiquées où les esprits aigus et le bon sens populaire repèrent aisément les amphibologies et les cercles vicieux. Formules stéréotypées ne traduisant que l’essence de leurs pratiques et le fondement de leur désir profond, celui d’une « suradministration » leur assurant un pouvoir indépassable sur un peuple indécrottablement débile.

Ces élites ont oublié que commander c’est servir. Ce que traduit l’adage exprimant au mieux la cohésion sociale : regnare servire est. En bref, l’équilibre devant exister entre la puissance de l’instituant et le pouvoir de l’institué, c’est-à-dire des institutions économiques, politiques et sociales…”

Pour en savoir plus, il faudra lire L’ère des soulévements (Les éditions du Cerf, 184 pages, 19€) et pourquoi pas aller à la rencontre de Michel Maffesoli lors de son passage à Bédarieux, ce samedi 3 juillet…

Philippe MOURET

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