Exposition : (Re)découvrir Bernard Belluc au MIAM de Sète

C'est "Mr Jo" qui accueille les visiteurs du Musée international des Arts modestes... pour la nouvelle expo : La Part Modeste... Photo Ph.-M.

Certes il n’est pas le seul artiste présenté à la nouvelle expo du Miam de Sète (Hérault). Mais on a parfois l’impression que les autres artistes ne sont là que pour mieux faire ressentir la poésie foisonnante et sensible de cet “inclassable” qui illustre à lui seul toute la magie de ce lieu à nul autre pareil…

La plaquette de l’expo le présente comme “collectionneur, figuriniste et artiste cntemporain”… C’est dire toute la complexité de ce personnage, co-fondateur du Musée international  des Arts modestes (l’installation permanente des vitrines du 2e étage est son oeuvre), aussi difficile à saisir qu’agréable à découvrir.

Dialogue entre cultures “savante” et “populaire”

Bernard Belluc lors de la présentation de l’expo, ici en compagnie de l’élue sétoise Catherine Maraval. Photo Ph.-M.

Mais au fond, n’est-ce pas justement tout le charme du Miam, que de rester en permanence inclassable. se proclamant musée tout en ne voulant pas vraiment en être un, tout en en endossant toutes les caractéristiques.

Pour La Part Modeste (du 4 juillet 2019 au 5 janvier 2020) on franchit un pas de plus dans la confusion, avec les puzzle de Gérard Collin-Thiébault, grand musée imaginaire des chefs d’oeuvre de l’histoire de l’Art sous leur forme la plus commerciale… Etablissant ainsi un dialogue entre culture “savante” et culture “populaire”…

Quant à Delphine Coindet, on lui rendra grâce d’avoir accepté le rôle de scénographe de l’exposition et de nous proposer ainsi un cheminement, comme une “architecture de passages, de transitions et de rencontres improbables…”

Mr Jo a-t-il mangé la danseuse ?

Entre Chien et Loup… de Bernars Belluc, au Miam. Photo Ph.-M.

Mais c’est tout de même vers Bernard Belluc que l’on a encore envie de se tourner… Il est vrai qu’il frappe fort dès le hall d’entrée, avec son “Mr Jo“, un impressionant gorille grimaçant (a-t-il vraiment dévoré la petite danseuse dont un chausson pend à sa dent pointue ?)… En entrant dans le corps du bâtiment, “Entre chien et Loup” rappelle la part “collectionneur” de Bernard Belluc. Ce plaisir à regrouper des objets presque semblables mais pourtant différents…

A propos de cette rencontre artistique provoquée par le Miam : “Je ne suis pas insensible à l’art conceptuel, avoue Belluc. C’est vrai que les artistes conceptuels sont assez souvent rétifs à l’abondance; Mais je suis quand même apprécié par certains. En général les gens sont plutôt gentils avec moi. Une fois pourtant, une journaliste a jugé que mon travail était réactionnaire. Je lui ai dit : oui, comme un avion à réaction… ça s’est arrêté là”, glisse-t-il malicieux.

Car ne croyez surtout pas que Bernard Belluc soit un naîf. ou alors à la façon d’un Jacques Tati. Pas naîf, mais humain, puisqu’il s’avère que certains en ce bas monde sont pus humains que d’autres. “J’aime faire rire, j’aime faire pleurer, mais j’aime faire aussi grincer de temps en temps”, poursuit-il. Et s’il ne se défend pas d’être quelque peu nostalgique par moments, “j’aime bien ouvrir la boîte à souvenirs. Bien sûr mes installations parlent au regard, à la mémoire. Mais on peut aussi y voir plus loin, y déceler quelques références, des propositions… Je me sens plutôt rockeur. Et dans ce mot il y a coeur, mais ça rime aussi avec moqueur…”

“Je suis sentimental et idôlatre”

Un hommage à Charles Trenet… Et aux Chaussettes Noires… Photo Ph.-M.

“Je suis un sentimental, je suis un idôlatre… comme tous les collectionneurs je pense”, souligne Bernard Belluc à propos de l’installation réalisée pour le Miam autour de Charles Trenet (à voir au 1er étage), qu’il ne peut évoquer sans fredonner quelques couplets. Charles Trenet, donc. Et Napoléon, bien sur. Mais aussi… King Kong ! “C’est un souvenir de mon enfance, confesse-t-il. Mon père était très éaméricain”. Nous avons eu une télévision très tôt. Et un journ un jeudi après-midi d’hiver, j’éétais seul chez moi. j’ai tourné le bouton et il y avait un extrait de King Kong. la version de 1933, bien sur. J’étais fasciné. Mais je ne quittais pas non plus la fenêtre de l’oeil. La nuit commençait à tomber, je me demandais si un singe géant n’allait pas apparaître…”

On pourrait parler des heures de cette exposition au Miam… Mais le mieux, en fait, c’est de s’y rendre et de voir. Parce que si, comme aime à le rappeler Hervé Di Rosa, “il n’y a pas d’oeuvre modeste, mais seulement des regards modestes”, on peut vous garantir que le regard est surtout séduit lorsqu’il s’aventure au-delà des portes du Miam de Sète…

Philippe MOURET

Bernard Belluc propose une visite du Miam et la découverte des vitrines permanentes en sa compagnie, le premier samedi de chaque mois. Pour le plaisir de rencontrer un artiste particulièrement attachant et son fascinant univers…