L’objet de l’exposition du musée Hyacinthe-Rigaud est de valoriser de façon inédite les trois artistes français qui, de la deuxième moitié du règne de Louis XIV au règne de Louis XV, ont été les acteurs d’une révolution : François de Troy (1645-1730), Nicolas de Largillierre (1656-1746) et bien sur Hyacinthe Rigaud (1659-1743), au travers d’une sélection de leurs plus belles œuvres, c’est-à-dire de “celles qui transcendent le genre et s’imposent avant tout comme fait esthétique.”

C’est bien un véritable événement que propose cet été le musée perpignanais, avec une exposition qui permet de découvrir une centaine d’oeuvres dont certaines n’ont plus été vues depuis parfois plus d’un siècle. Des oeuvres aussi, emblématiques d‘une période particulière de l’Histoire de l’Art, tel le portrait désigné comme “La Belle Strasbourgeoise” (1703) qui trône au musée des Beaux-Arts de Strasbourg, et dont un tableau jumeau a atteint 1 570 000 € chez Christie’s en septembre 2020…

On découvre aussi, non sans une certaine émotion, les portraits de Mr et Mme de la Jonchère, deux portraits exécutés entre 1719 et 1721, qui ont été séparés depuis quelques siècles et se retrouvent enfin, pour l’occasion de l’expo de Perpignan, avant de repartir ensuite vers leurs destins à jamais séparés… Car si le portrait de Charlotte Raisin de la Jonchère appartient au musée Rigaud, celui de son époux Gérard-Michel, est le prêt d’une collection privée…

“Les Triumvirs du portrait”

Pour cette exposition exceptionnelle, le parcours et l’accrochage ont été conçus sous la forme d’îlots intimistes, chacun consacré à un aspect précis du travail des trois peintres, certes concurrents, mais aussi amis. Une triade dont, comme le soulignait le commissaire de l’exposition Dominique Brême “jamais assez on ne dira l’importance dans l’élévation du genre du portrait à sa forme la plus éminemment artisitique…”

Et de fait, dominant leur genre de prédilection, on dira que “De Troy, Rigaud et Largillière sont les Triumvirs du portrait.” La formule “est un lieu commun de la littérature artisitique de l’époque, des récits des voyageurs éclairés aux guides commodes rassemblant les bonnes adresses parisiennes (…) elle repose néanmoins sur une réalité…”

Louis XIV… pour commencer !

Réalité qui sautera aux yeux des visiteurs, une fois franchie la première salle, où nul autre que Louis XIV “en grand costume royal” (est présentée ici une réplique, oeuvre de Rigaud, prêt du musée de Versailles, dont l’original est au Louvre) ne pouvait être pressenti pour les accueillir. Il est entouré par les portraits des trois artistes accompagnés d’une courte biographie de chacun…

La suite propose bien plus qu’une simple juxtaposition d’oeuvres remarquables, une véritable plongée dans l’histoire de l’Art ! Comme un livre s’ouvrant sur une période parfois méconnue, si pleine de talents et d’anecdotes. “À cheval sur deux siècles, les trois hommes appartiennent à cette époque de transition, extrêmement fertile et complexe sur le plan artisitique par la diversité des influences reçues et des solutions roposées…”

Chaque portrait a son histoire, son symbolisme, ses secrets… Le choix des poses, des costumes, des étoffes, de l’environnement, sont autant d’indices à découvrir, déchiffrer pour saisir toutes les subtilités de cet art que l’enfant du pays, Hyacinthe Rigaud incarne au point que l’on a pu dire de lui (comme il est vrai de quelques autres) qu’il était “le peintre des rois et le roi des peintres.”

On pourrait en parler des heures, mais une expo, c’est fait avant tout pour être vu. Alors n’hésitez plus, et poussez la porte du musée Hyacinthe-Rigaud, ce superbe hôtel particulier en plein centre de Perpignan où vous attend une superbe série de portraits “en makesté” !

Philippe MOURET

Une expérience immersive

Pour compléter cette exposition “Portraits en Majesté”, le musée Rigaud propose une expérience digitale inédite : grâce à la réalité virtuelle, on peut “entrer dans le tableau”, en l’occurence celui de Louis XIV.

Remonter le temps, observer, devenir “acteur” de la séance de pose du monarque… Cette immersion totale, grâce à des casques sans fil de nouvelle génération, permet d’approcher au plus près le Roi Soleil, dans les moindres détails du décor, des étoffes, des objets symbôles de la royauté…

Une oeuvre digitale créée par Pascal Raimbault. Spécialiste de la 3D et du cinéma d’animation et des effets spéciaux, il a participé aux plus grandes réalisations du cinéma actel d’Avatar à Black Panther, en passant par King-Kong ou la trilogie du Hobbit !

Cette expérience visuelle, accessible au public en individuel dès 6 ans, clôture le parcours de visite. Il est accessible à tout visiteur muni d’un billet d”entrée au musée.

Des expos pour l’été :

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