Expos : Au MIAM, “l’aventure utopique d’une humanité sans marges”

Au-delà de la plastique, c'est sans doute dans cet entre-deux, eaux et chaises confondues, que se situe l'originalité indéfinissable des dessins de Jean Leclerc. Photo DR

C’est un lieu de production et de diffusion né il y a 30 ans, aux confins des Ardennes belges, à Vielsalm. Dans ce lieu insolite installé dans une ancienne caserne désaffectée, des créateurs fragilisés par une déficience mentale travaillent avec des artistes contemporains invités en résidence. Lieu d’émancipation et laboratoire artistique, La « S » Grand Atelier insuffle une formidable énergie à tous ceux qui la croisent ! Et le musée sétois a eu la bonne idée de lui ouvrir grand ses portes…

La directrice du MIAM, Françoise Adamsbaum, souligne la proximité entre les deux lieux, les deux démarches… “On connaissait La “S” Grand Atelier depuis longtemps, on sentait comme un “esprit de famille” avec le MIAM (…) C’est donc tout  naturellement que nous leur avons donné carte blanche…”

Un parti-pris à rebours des catégories pour les “punks du handicap”

Les commissaires de l’exposition, Anne-Françoise Rouche et Noëlig Le Roux lors de la présentation de l’expo du MIAM à Sète (Hérault). Photo DR

Commissaires de l’exposition, Anne-Françoise Rouche et Noëlig Le Roux insistent sur “l’aventure artistique”. “Ce n’est pas de l’art-thérapie, ni du médico-social, on est vraiment dans une démarche artistique, un  échange avec les artistes qui viennent en résidence (…) et grâce à une large diffusion de ces créations inattendues, par la démarche créative, on contribue à la désinvisibilisation du handicap…”

En effet, loin des clichés sur le handicap, La « S » Grand Atelier défend un art exigeant où artistes porteurs d’un handicap mental et artistes sans déficience cognitive travaillent ensemble. “Cette pratique à plusieurs où chacun élabore avec l’autre, produit des oeuvres hybrides qui brouillent les frontières séparant habituellement art brut et art contemporain”, soulignent les organisateurs. Un parti-pris à rebours des catégories qui lui a valu le surnom de “Punk du handicap”.

Se laisser porter au fil de l’événement

Au premier étage du MIAM, la suite de l’expo et des jeux, qui n’en sont pas vraiment… Photo DR

Le titre de l’exposition sétoise, Fictions modestes et réalutés augmentées, “atteste également de pratiques artistiques particulières et peu convenues dans les marges de l’art actuel. On y découvre des artistes bruts qui se sont emparés de la narration pour partager leur part de vérité et construire leurs propres mythes fondateurs en compagnie de créateurs contemporains prêts à mettre en jeu leurs pratiques et leurs savoirs. Par-delà ces expériences narratives peu communes, l’exposition développe aussi le champ des possibles d’un art brut 2.0, déployé par quelques magiciens professionnels des arts numériques…”

Une porte vers d’aures mondes… Photo DR

Mais au-delà des théories, comme souvent avec les expos du MIAM l’important est de se laisser porter au fil d’un événement qui plonge le visiteur dans une série de mondes inédits et fascinants ! S’ouvrant par une série de photos des Ardennes belges (signées Eric Guglielmi), le parcours scénographique de l’exposition se déploie en plusieurs chapitres reliés à l’environnement particulier de ce territoire de l’est de la Belgique.

Suivre les artistes sur le chemin sinueux de leur liberté

Rencontre fascinante, notamment, avec Joseph Lambert qui au fil des jours écrit ou “tricote” sa vie en longues lignes colorées, des signes qui s’accrochent les uns aux autres pour former une phrase visuelle… les architectures de Marcel Schmitz ou les bandes dessinées revisitées de Jean Leclercq qui, extraites de leur contexte, peuvent prendre des sens très imprévus…

Et il y en a beaucoup d’autres à découvrir au MIAM. Comme l’a expliqué Anne-Françoise Rouche, “pour beaucoup de ces artistes, le travail créatif est une façon d’échapper à l’enfermement…” et la chance des visiteurs du musée sétois, c’est sans aucun doute de pouvoir les suivre ici sur les chemins sinueux qu’empruntent leurs imaginaires…

Philippe MOURET

Musée International des Arts Modestes – 23 quai Maréchal de Lattre de Tassigny – 34200 Sète – +33 (0)4 99 04 76 44

L’autre expo-événement à Sète : Banksy au Seamen’s Club

Le visuel de l’affiche de cette expo exeptionnelle à découvrir à Sète (Hérault).

La Banksy Humanity Collection rassemble des objets, des éditions limitées, des affiches, qui dessinent le parcours de l’artiste sur plusieurs décennies. Cet ensemble donne à voir la profondeur humaine de son oeuvre et de son accessibilité au plus grand nombre. Cette collection expose certaines oeuvres inconnues du grand public, des objets ou des supports faisant partie de son parcours d’artiste engagé, très souvent édités en série limitée.

Après Grigny et Montpellier en 2021, l’exposition est présentée à Sète dans les locaux du Seamen’s Club (quai du Maroc) du 19 février au 6 mars. Cette exposition est une occasion unique pour se plonger dans l’univers de Banksy, à travers le regard passionné d’un collectionneur. Si l’entrée est gratuite, la vente de sérigraphies éditées spécifiquement pour chaque exposition et les dons des visiteurs permettront de collecter ces fonds. Et tous les fonds collectés durant cette exposition seront reversés à SOS Méditerranée.

Et à Toulouse :

Exposition : La “Déconniatrie”, une affaire sérieuse pour Les Abattoirs