Étang de Thau : De la nage sur quatre jours, des gestes éco-citoyens pour toujours

Trois associations organisent fin mai une première en France : le tour de l’étang de Thau en quatre étapes de natation en eau vive. Pour champions et amateurs qui se mettent au défi sur une ou plusieurs étapes de ce premier Swim Thau Trek. Parallèlement, s’organise une semaine de ramassage de déchets pour faire prendre conscience de cet écosystème fragile.

C’est une première en France et on lui tresse déjà des lauriers. “La Thau Swim Trek ? (1) C’est une belle initiative !” C’est le trésorier de la Fédération française de natation et  président de la Ligue d’Occitanie qui le dit. Bernard Dalmon est un Aveyronais venu à la natation par le biais de ses enfants. Et c’est cette belle idée simple comme l’enfance, sincère comme un copain, évidente comme une époque engagée, qu’il va aider à valoriser, assure-t-il.

“C’est une belle initiative !”

“Je serai présent les quatre jours de l’événement, ajoute le dirigeant. Mêler sport et environnement ; nage en eau vive et nettoyage côtier, ça ne peut que plaire. D’ailleurs, la Fédération est engagée dans un processus de développement durable…”, souligne Bernard Dalmon. Ce dernier espère que sa discipline retrouvera au plus vite un étiage à 35 000 licenciés en Occitanie, la crise sanitaire ayant frappé, la natation a perdu 15 % de ses effectifs pendant la crise sanitaire du covid-19. Ce genre d’événement qui a du sens peut apporter sa pierre.

Relier les cinq principales communes bordant l’étang

Confirmation au bord des bassins de natation où, depuis plusieurs jours, chacun, petit ou grand, y va de ses arguments, de son auto-persuasion, de son défi pour justifier sa participation joyeuse à cette grande fête nautique, du 26 au 29 mai, lors du week-end de l’Ascension.

Objectif de cette première Thau Swim Trek, organisée par trois associations (le NOF 34, plus porté sur la nage, Nage Aventure, pour les relations avec les partenaires, et Swim4sea qui organise les ramassages) : relier à la nage, en quatre étapes, les cinq principales communes de l’étang de Thau. Sète, Marseillan, Mèze, Balaruc-les-Bains et Bouzigues (2). C’est ce que l’on appelle la nage en eau libre. En pleine nature. Avec les courants, le vent et la liberté. Parallèlement, à ces épreuves sportives, les organisateurs ont couplé des journées de ramassage de déchets. Des gestes éco-responsables qui mobilisent.

Mettre en valeur l’étang de Thau

Des batteries qui gisent au fond de l’eau, des pneus éventrés, des sacs plastique déchiquetés, etc. L’étang de Thau et ses 7 500 hectares d’eau, sont un magnifique et fragile écrin de biodiversité qu’il faut protéger. De plus, nager dans une eau propre, c’est la première préoccupation du nageur qui est bien placé pour prendre conscience de ce continent caché que sont les milliers de déchets immergés. L’étang de Thau c’est aussi un laboratoire du vivant avec sa production de coquillages (10 % du marché français) et ses écosystèmes uniques (avec l’un des spots d’hyppocampes les plus courus). L’idée de mettre en valeur cet étang de Thau avec une course à la nage et un ramassage de déchets s’imposait comme une ritournelle entêtante pour les organisateurs.

“Une course éco-responsable qui s’adresse à tout le monde, licenciés et non licenciés”

À l’image des surfeurs, les nageurs se sentent concernés au premier chef par la dégradation du milieu. “C’est une course éco-responsable qui s’adresse à tout le monde, licenciés et non licenciés”, définit le respecté Bertrand Venturi, multiple champion dont Dis-Leur avait publié le portrait ICI, directeur sportif du NOF 34, le club de natation de Frontignan. Il n’y a pas de niveau minimum.

“L’idée, pour la partie nage, qui déroule sous la houlette de la Fédération française de natation, c’est que cet événement se passe sur quatre jours, sur quatre étapes, soit 27 km au total, précise-t-il. On limite à 120 place pour ceux qui veulent tout faire. Avec des règles strictes : s’il fait trop froid, par exemple, entre 16 degrés et 18 degrés, la combinaison en néoprène est obligatoire ; entre 18 degrés et 20 degrés, c’est facultatif et elle est interdite au-dessus de 20 degrés.” Déjà, plusieurs dizaines d’inscriptions sont validées. Vous pouvez faire de même ici.

50 places supplémentaires chaque jour pour les défis

Au delà de ces 120 nageurs, “chaque jour, 50 places supplémentaires sont ouvertes pour ceux qui veulent se lancer des défis. Cela fait 170 nageurs en même temps dans l’eau. Enfin, on a ajouté en plus 80 places pour la Sétoise, la traversée de Sète, partant de la Pointe-Courte et qui arrive au Môle Saint-Louis, à travers les canaux” Attention à cette course mythique aux mille et un secrets ! Attention à ce mistral qui souffle dans le dos mais aux courants qui s’y opposent dans l’eau !

Deux tonnes de déchets ramassés l’an dernier

La veille de ces courses, s’organise dans les villes d’arrivée un ramassage des déchets. “On y convie pas seulement bénévoles et organisateurs mais tous les participants et volontaires pour faire comprendre l’importance de notre environnement”, précise Bertrand Venturi. En 2021, il y eut une sorte de répétition, de numéro zéro de la Thau Swim Trek. “L’an dernier, nous avions ramassé deux tonnes de déchets. Sans être un but qui ne voudrait rien dire, nous aimerions en ramasser davantage”, dit encore Bertrand Venturi.

“Cet événement pourrait se multiplier partout…”

Pompier professionnel et plongeur, Laurent Gayraud, qui apporte aussi son expérience y compris pour avoir participé à la Maroca Swim Trek dit : “Nous sommes des précurseurs. Cet événement pourrait se multiplier partout : dans un lac des Pyrénées ; sur les bords d’une rivière…” Peut-être qu’un jour cette Thau Swim Trek sera intégrée au calendrier des courses nationales et, pourquoi pas, internationales. De son côté, la représentante de l’association Nage aventure qui s’occupe des grands travaux de l’ombre (relation avec les sponsors, les collectivités…), Laura Dressayre est enthousiaste. “En tant que nageuse en eau libre, j’avais aussi à coeur de défendre l’environnement…”

“On répond aux questions sur les réseaux sociaux”

Cet événement est “unique en France”. Pour ceux qui se posent mille et une questions et qui ont besoin de conseils, Bertrand Venturi l’assure : “On essaie de répondre sur les réseaux sociaux ; nous avons pas mal de questions sur les courants, par exemple ; on essaie d’être réactifs et de mettre les gens le plus à l’aise possible en les orientant vers la ou les courses qui leur correspondent. Pas question de les envoyer au casse-pipe…”

Les scolaires associés à l’événement

Des classes de scolaires pourraient être associées à l’événement et pour effectuer un travail en amont de prise de conscience de l’environnement. “Des enfants pourraient aussi travailler sur un trophée de l’environnement, dans les années futures”, confie encore Bertrand Venturi. Et si chaque ville-étape en profitait pour mettre en valeur des produits régionaux avec des banquets, par exemple, au-delà des habituels fêtes où choucroute et oursin sont de sortie ?

Jusque-là, l’étang de Thau et sa faune et sa flore protégée s’offraient juste à la contemplation. Partagée par deux philosophies : pêche et conchyliculture d’un côté. Et un développement des loisirs autorisés très limité de l’autre. Une troisième voie se met à percer, écartant de fait toute volonté de dérive, comme une marina pour ultra-riches, y compris toute sanctuarisation mortifère d’un espace naturel et vivant.

Olivier SCHLAMA

(2) “La Marseillanaise” : Marseillan-Mèze, le 26 mai, départ 8 heures, 10 km. Vendredi 27 mai : “La Mézoise”, entre Mèze et Bouzigues, 6 km. Samedi 28 mai : “La Bouzigaude”, entre Bouzigues et Balaruc-les-Bains, 5 km. Dimanche 29 mai : “La Balarucoise”, entre Balaruc-les-Bains et Sète, 6 km. Et, enfin, “La Sétoise” le dimanche 29 mai également, 2,5 km dans les canaux de l’Ile Singulière.

Découvrez l’étang de Thau avec Dis-Leur !