Environnement : Mobilisation dans l’Aude contre une centrale à bitume

Les alentours de la RD6009 Photo ©Parc naturel de la Narbonnaise en Méditerranée

Le souvenir du projet d’installation, en 2018, d’une “centrale mobile d’enrobage à chaud de produits bitumineux” à Ferrals et Lézignan-Corbières est encore dans toutes les mémoires. Et voilà qu’un an après que ce projet de la société Colas-Midi-Méditerranée a été rejeté, surgit un nouveau projet, toujours dans l’Aude, à Roquefort-des-Corbières !

Sur le site internet de la préfecture de l’Aude on peut lire le détail de la “demande d’enregistrement d’une centrale mobile d’enrobage à chaud de produits bitumineux (…), d’une station de transit, regroupement ou tri de produits non dangereux (…) et d’une installation de broyage, concassage de produits minéraux (…), présentée par le directeur de l’entreprise précitée (Malet Grands Chantiers-Spie Batignolles, NDLR), sur une parcelle appartenant aux Autoroutes du Sud de la France située sur le territoire de la commune de Roquefort-des-Corbières. Les produits bitumineux sont à destination des chantiers d’élargissement autoroutiers entre la bifurcation A61/A9 et l’aire de Bizanet mais aussi pour alimenter des chantiers locaux…

Un passage continu de camions

Les habitants de la commune ont découvert cette annonce par le biais de l’affichage municipal. l’émotion suscitée étant largement partagée par les élus et les associations. Ainsi, la municipalité à organisé dès le 16 septembre dernier une réunion d’information à laquelle elle a convié les entreprises porteuses du projet (*) afin de rencontrer “les élus, les vignerons ainsi que la population représentée par des présidents d’associations.”

Les réponses des représentants des sociétés ont précisé que le chantier devrait durer “deux ans environ, avec pauses estivales et trêves hivernales.” Si le site de Roquefort-des-Corbières a été choisi c’est que “les centrales existantes ou à proximité du chantier sont à saturation…” et “108 000 tonnes d’enrobé sont prévues pour ce chantier”, ce qui représentera environ 75 passages de camions sur les journées travaillées…”

Craintes pour la vigne et les populations

Les vignerons ont exprimé leurs inquiétudes sur la mise en danger des actions de valorisation engagées, notamment auprès de l’INAO (Institut national des appelations d’origine) et pour l’obtention du label de Haute valeur environnementale (HVE), des conversions en bio et s’interrogent sur l’impact des retombées (poussières, etc) sur leurs exploitations.

En conclusion, les représentants des trois associations présentes se sont déclarées “opposées à l’implantaton” de la centrale et Marie-Christine Théron-Chet, maire de Roquefort-des-Corbières, “à titre personnel, après étude du dossier et des précisions apportées (a) fait part de son refus à l’installation.” Souhaitant par ailleurs que son conseil municipal se prononce contre le projet, comme l’a déjà fait (le 17 septembre) celui de la commune voisine de La Palme (la centrale mobile étant située à… 500m des limites de la commune littorale).

Le Parc naturel, même pas tenu informé !

Dernière réaction en date, celle du Parc naturel de la Narbonnaise en Méditerranée qui déclare dans un communiqué que “l’implantation d’un tel équipement polluant, sans concertation et information, en plein cœur du Parc naturel régional de la Narbonnaise et à proximité d’un site Natura 2000 demande notre mobilisation.”

Au vu des éléments en leur possession (sachant que c’est sur les réseaux sociaux qu’ils ont découvert le projet !), les experts du Parc naturel régional de la Narbonnaise sont formels et “soutiennent élus locaux et associations dans leurs interrogations sur le projet de création de l’usine mobile d’enrobés à Roquefort-des-Corbières.” N’ayant donc pas été saisi par les services de l’état, Michel Diaz, directeur du Parc naturel a rencontré madame le maire de Roquefort-des-Corbières et Philippe Calamel, adjoint au maire de la commune de La Palme et vice-Président du Parc naturel.

Et le président du Parc estime que de trop nombreux points ne sont pas assez clairs et explicités dans ce projet, à savoir : le stockage des produits dangereux, le traitement des fumées, les odeurs, la gestion du bruit, le traitement des poussières, l’intégration paysagère et les incidences des 80 camions quotidiens sur la RD 6009 prévus pour le transport du bitume…”

Consultation publique jusqu’au 7 octobre

Nouvelle mobilisation, donc, dans l’Aude après celle de 2018, qui avait fait échouer un projet similaire entre Ferrals-les-Corbières et Lézignan… Pour l’instant, le projet est soumis à consultation du public dans les mairies de Roquefort-des-Corbières et de La Palme, jusqu’au 7 octobre.

Philippe MOURET

(*) Présents à la réunion pour la société Malet, M. Sabatier, responsable du chantier A61, la chargée du projet de centrale, Mme Semmour, responsable environnement et sécurité, pour les ASF M. Garnier responsable A61.

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